Jeanne est la fille d'un papa propriétaire de brasserie populaire et d'une mère anglaise, danseuse. À leur insu, elle suit des cours de théâtre puis s'inscrit comme auditrice au conservatoire national supérieur d'art dramatique.
À 19 ans, elle participe au festival d'Avignon et joue sur scène aussi bien en français qu'en anglais. Ce qui est rare dans les années 40. Cette photo d'elle, pour une pièce de théâtre rend son père fou de rage qui la pousse vers la porte. À 21 ans, elle épouse le comédien/scénariste et réalisateur Jean-Louis Richard. Le lendemain du mariage, elle accouche de leur fils, Jérôme.
Elle alterne entre le théâtre et le cinéma dans les années 50. Divorce de Richard dès 1951. Elle se fait remarquer dans le rôle d'une prostituée dans une pièce d'André Gide puis elle marque encore l'imagination en prostituée dans une reprise de la pièce Othello. Orson Welles la remarque dans ce rôle une première fois dans les années 50. Elle se lie d'amitié avec Gérard Phillipe et joue avec lui sur scène. Elle sera de la première version filmée de La Reine Margot. On trouve une sensualité à sa voix rauque et à son regard.
C'est en jouant La Chatte Sur un Toit Brûlant que Louis Malle la remarque, Il lui fera une belle place dans son premier film. Il la reprend aussitôt dans son second film, qui fera inutilement scandale. Moreau passe aussitôt pour ce qu'elle est: une héroïne moderne. Elle rencontre François Truffaut au Festival de Cannes et Truffaut tombe sous son charme. Il prépare Jules & Jim et la réserve pour son film. Anaïs Nin est épatée par Moreau et en s'en fera aussitôt une amie personnelle. Moreau sera l'amie de tous pendant la Nouvelle Vague Française. Moreau fréquente le Californie, Henry Miller, Orson Welles, Tenessee Williams, Patricia Highsmith et Peter Brook.
Roger Vadim la fait jouer une modernisation de la Comtesse de Merteuil, délicieux rôle, dans Les Liaisons Dangereuses. Elle obtiendra le prix de la meilleure interprétation pour un film de Peter Brook au Festival de Cannes. Marguerite Duras est si charmée par Mademoiselle Moreau qu'elle en fera aussi une grande amie. Duras lui écrira des chansons.
Les années 60 lui seront merveilleuses. Elle joue pour Antonioni déteste le rôle, mais Mastroianni aussi, il se lient d'amitié tous les deux. Elle joue pour Truffaut, Godard, Losey, Demy, Welles, deux fois. Malle encore, puis encore Malle et avec Bardot cette fois, Truffaut encore. Elle choisit ses maîtres. La chanson "le tourbillon", écrite par Serge Rezvani, justement en pensant à Jeanne Moreau (et Jean-Louis Richard), chanson qu'elle chante avec Rezvani à la guitare dans Jules & Jim de Truffaut deviendra presqu'un hymne national pour la génération de mes parents, une irritante comptine complaisante pour la mienne.
Elle joue pour Bunuel, Richardson (duquel elle tombe amoureuse), Blier, Kazan, Losey encore, Fassbinder, Deville, Angelopoulos, Wenders, Gitaï.
Elle joue Peter Handke au théatre. Elle est une courageuse militante de sujet controversés en France comme le droit de femmes à l'avortement.
Moreau est une femme française libre. D'une brillante indépendance. D'une vive intelligence aussi. En entrevue, quand le propos ne lui semble pas juste, elle réenligne aussîtot le discours. On lui prête un dur caractère, ce qui est faux. Elle est tout simplement vive et intelligente. Et supporte peu les balivernes. Elle rayonne pas seulement en France, mais à l'internationale aussi.
Orson Welles lui suggère fortement de passer à la réalisation. Elle en a le regard inspirant. Elle tourne son premier film en 1976. Puis son second, trois ans plus tard. Elle fait rire sous la direction de Jean-Pierre Mocky et sous la caméra de Laurent Heynnemann. Elle gagne le César de la meilleure actrice pour ce rôle d'ailleurs. Elle brille encore au théâtre jouant Broch ou De Rojas.
Elle fait aussi de la télé pour Renoir, Doillon et plusieurs fois pour Josée Dayan. Celle-ci lui fera jouer Marguerite Duras au cinéma par la suite.
En 1998, Hollywood, lui offre un Oscar pour le rayonnement international que sa carrière aura été.
Hier matin, à 89 ans, la France perd une Femme formidable.
Ses yeux opales se ferment à jamais.
Merci la vie pour Jeanne Moreau.
Adieu, belle Mademoiselle.
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