Né en Bavière, en Allemagne juive donc, la famille Kissinger fuit le régime Nazi en 1938 à la faveur de New York.
Kissinger s'adapte vite au mode de vie et à la culture d'Amérique mais gardera toujours un gros accent germain. Ceci le rend timide à l'école mais en revanche extrèmement travaillant. Il complète son école secondaire tout en travaillant le soir dans une usine de brosse à rasoir.
Ses études en comptabilité sont interrompues par sa mobilisation à la guerre en 1943. Sa connaissance de l'allemand et sa grande intelligence le rende très utile. Après avoir participé à la bataille de Bulge, il est investi de la mission de dé-nazifier la ville de Krefeld. Une tâche qu'il complète en 8 jours. Il brille tant qu'on le met dans l'équipe qui chassera les saboteurs et les membres de la gestapo dans les Counter Intelligence Corps. Il reçevra l'Étoile de Bronze pour ses efforts de guerre.
À son retour aux États-Unis il poursuit une belle carrière académique à Harvard. D'abord comme étudiant où il obtient un baccalauréat en économie, puis une maitrise et un doctorat en plus d'être consultant pour le Département de Pyschologie alors encore étudiant. Puis membre de la faculté au sein du Département Gouvernemental du Centre des Affaires Internationales. C'est ce passage, et cet intérêt marqué pour les affaires internationales qui le mèneront directement au poste de conseiller national en sécurité pour Richard Nixon en 1968.
Sa politique de "détente" à l'égard de l'URSS est bien accueillie et fonctionnera de 1969 à 1977. En parrallèle, il joue un rôle crucial dans les relations entre la République de Chine et les États-Unis qui signent un accord de non collaboration millitaire en cas de conflit entre la Chine et la Russie. L'implication de Kissinger dans la guerre de la libération du Bangladesh, conflit qui oppose le Pakistan à l'Inde en 1971 et qui donnera naissance au Bangladesh, servira de démonstration aux chinois si un jour il choisissait de se ranger aux États-Unis en cas de conflit majeur mondial. (Les aliés d'alors, l'Iran, la Turquie, la Jordanie le Pakistan, sont ironiquement aujourd'hui les ennemis des États-Unis.) Les liens économiques et culturels établis en 1972 avec la Chine sont une première en 23 ans.
Dès 1968, Nixon avait promis de faire naitre la paix au Vietnam dans l'honneur. Kissinger, coinvaincu par trois visites au Vietnam en 1965 et 1966, avait compris que les "victoires" là-bas étaient en fait des défaites "maquillées en victoires". En retirant graduellement les troupes de combattants des États-Unis, le gouvernement Nixon allait multiplier l'aide à l'armée du Vietnam du Sud et bombarder secrètement le Cambodge, pays voisin, dont les forces communistes menaçaient d'attaquer le sud du Vietnam par l'autre front. Nixon, qui avait promis de ne jamais "envahir" les pays voisins du Vietnam, n'avait rien dit sur les pluies de bombes. Le bombardement du Cambodge a mené à la guerre civile là bas, qui a ensuite donné le pouvoir aux Khmers Rouges dès 1975.
Le fabricant de guerre Henry Kissinger reçoit le prix Nobel de la paix en 1973 pour avoir signé à Paris conjointement avec Le Duc Tho du Vietnam du Nord, un traité de paix dans le cadre de la guerre du Vietnam. Tho aussi gagnait alors le Nobel de la paix mais ce dernier le refusera prétextant (à juste titre) que ce prix était du travestisme et que la paix n'était pas réèlle puisque les États-Unis bombardaient toujours le Cambodge.
Kissinger est très inconfortable avec le traitement des juifs en Union Soviétique mais dira que ce n'est pas du ressort des États-Unis d'intervenir. Il est à couteaux tirés avec Israël que les États-Unis aident sans cesse à coups de milliards . "Ils nous parlent continuellement comme si nous ne les avions jamais aidé" se plaindra-t-il. Pendant la guerre du Yom Kippour en 1973, contre l'avis initial de Kissinger, les États-Unis feront bombarder l'Égypte et la Syrie afin d'aider Israël.
Quand le parti socialiste de Salvador Allende est élu en 1970, les États-Unis sont consternés. Allende est très pro-Cuba et ses politiques qui ne favorisent en rien les États-Unis. Ceci ne plait pas au pays de l'oncle Sam. Nixon donnera le feu vert à la CIA pour organiser des coups militaires, des révoltes populaires, des fausses grèves anti-gouvernement. La CIA opérait ses manoeuvres avec l'approbation d'un comité à la tête duquel Henry Kissinger était le chef. Bien que Kissinger nie avoir été impliqué dans l'assassinat d'Allende le 11 septembre 1973 et l'arrivée d'Augusto Pinochet, il était tout de même le général sur la colline qui regardait ceux qu'il finançait forcer leur entrée au parlement. Le complet architecte.
Il utlisera la même stratégie en Argentine alors que le gouvernement Nixon financera secrètement les juntes opposantes à Jorge Videla qui venait de renverser Isabel Peron avec son armée.
Les années 70 sont très intenses pour Kissinger et en 1975 il appuie les rebelles et le mouvement de résistance nationale de Mozambique dans la guerre civile angolaise en y impliquant à nouveau la CIA.
Entretemps, en août 1974, Richard Nixon devient le premier (et seul) président des États-Unis à être déstitué dans le scandale du Watergate. Henry Kissinger sort de cette triste histoire épargné et reconnu comme "L'homme propre" (Ha!) d'une administration corrompue. Gerald Ford succède à Nixon et conserve l'indispensable Kissinger à ses côtés.
En 1975, Kissinger, Ford et le president indonésien Suharto font équipe dans l'annexation du Timor Oriental.
Il quitte son bureau de la maison blanche en 1976 quand Jimmy Carter prend le pouvoir. Une colombe et un rat ne peuvent co-habiter.
Probablement la figure la plus importante de la politique étrangère des États-Unis, il sera consulté le restant de ses jours, toute administration confondue.
Quand Bush le consulte sur l'issue potentielle de la guerre en Irak en 2006, Kissinger lui répondra ce qu'il a toujours répondu de sa voix de ténor à fort accent de Bavière.
"La victoire contre l'insurrection est toujours la seule stratégie de sortie significative".
Le journaliste Christopher Hitchens l'aura chassé toute sa vie.
Personnage controversé, charismatique, imposant, important, il vient de faire sa sortie définitive à l'âge de 100 ans.
Merveilleusement illégal une bonne partie de sa criminelle de vie.
Henry Kissinger était racine du mal.
C'est l'auteur de la phrase assassine "Les États-Unis n'ont pas d'amis permanents, seulement des intérêts".
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