Lire c'est accepter de plonger dans la tête, dans le monde des autres, c'est apprendre, découvrir, c'est s'ouvrir les sens, c'est confronter ses idées préconçues, c'est découvrir des univers, plonger dans des mondes, c'est choisir de respirer sur le rythme de quelqu'un d'autre.
Et respirer, c'est vivre.
LADY CHATTERLEY'S LOVER de D.H.LAWRENCE.
David Herbert Lawrence était un écrivain, poète et essayiste anglais des années 10-20. Son oeuvre était considérée modernsiste, bien avant son époque, se concentrant sur l'aliénation sociale et l'industrialisation encourageant dans ses oeuvres la sexualité, la vitalité et l'instinct. Au moins 4 de ses romans ont été censurés de par leur explicisme sexuel et leur langage cru.
Ses opinions et ses expressions artistiques (il était peintre aussi) lui ont valu une répuation controversée dans les années 10-20 du 20ème siècle. Il encaissait la percussion sociale ponctuellement, et bien souvent, on le condamnait sans jamais l'avoir lu. Il s'était alors imposé lui-même un exil de longue durée, dès 1919, trouvant l'Angleterre trop rigide, prude et injuste et vivant la majeure partie de sa vie en Australie, en Italie, au Sri Lanka, aux États-Unis, au Mexique et dans le Sud de la France. On le considèrera tour à tour sans goût, avant-gardiste, pornographe, n'ayant connu du succès que par la curiosité érotique. Le noble écrivain E.M.Forster l'avait en grande estime.
En 1928, Lawrence publie son avant-dernier roman de son vivant. L'histoire d'une jeune femme dont le mari baron, bel homme, se blesse à la guerre et en revient paralysé. Elle débute alors une affaire avec le garde-chasse. La différence entre les rangs sociaux occupent une bonne partie du roman. Lady Chatterley conclura qu'elle n'arrivera pas à tomber en amour exclusivement avec l'esprit de son mari, le désir et la physicalité doit aussi s'y trouver. Et c'est ailleurs qu'elle le trouve.
Le livre a été refusé sans que de larges passages soient coupés par Alfred A.Knopf, aux États-Unis. Toujours un peu en retard dans les moeurs. Mais en Italie, on publie intégralement dès 1929. Et l'édition devient sensationnellement intérressante pour le monde entier puisqu'interdite. Elle sera réacceptée autour de 1946, mais encore, avec des altérations de maisons d'éditions. Dès 1959, une brigade des moeurs en Amérique ramène le livre parmi les interdits et ça le rendra encore plus convoité. On lui reproche l'abus des mots "fuck" et "cunt". Un procès sur sa moralité sera même tenu, mais de nombreux témoins dont les auteur(e)s, académiciens, critiques et socialistes, Forster, Helen Gardner, Richard Hoggart, Raymond Williams et Norman St-John-Stevas ne réussissent à faciliter son acquittement.Le livre lui a été inspiré de son enfance et de celle de son épouse Frieda à Nottinghamshire, ainsi que par l'affaire entre la mondaine Lady Ottoline Morrell et le jeune homme qui vient entretenir les statues de leur riche demeure. Le roman s'est appelé un temps John Thomas & Lady Jane, qui étaient deux termes secrets pour parler respectivement du sexe masculin et du sexe féminin.
Lawrence aurait lu Maurice de E.M.Forster, racontant à peu près la même trame, mais entre deux hommes homosexuels, et publié ensuite de manière poshtume, en 1971. Y empruntant la trame narrative de base.
De nos jours, il n'y a pas de quoi s'affoler de ce qu'ils s'affolaient. `
Lawrence décède de la tuberculose deux ans plus tard, à 44 ans.
Ce livre audacieux, adapté en film (érotique entre autre) a 95 ans, cette année.
Faire l'amour, ça s'appelle parfois la petite mort. C'est aussi vivre.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire