samedi 4 avril 2015

Le Génocide Arménien

Disons d'emblée que la Turquie ne reconnait pas du tout l'un des tout premiers génocides du XXème siècle.

La population arménienne est d'environ deux millions cent mille personnes en Turquie à l'aube de la Première Guerre Mondiale. On avait même évoqué, face au poids du nombre qui était si important, une potentielle indépendance de l'Arménie. Les Turcs allaient à partir de ce moment, tricher les vrais chiffres afin de minimiser l'importance des arméniens dans leur population pour les oreilles internationales.
Le sultan de l'empire ottoman Abdülhamid II ne fait pas l'unanimité. Des poches de résistance se créées. Nait le CUP (Comité Union & Progrès) composé essentiellement de progressistes turcs appelés (encore aujourd'hui) "les Jeunes Turcs". Ceux-ci renverseront le sultan en 1908, noyant du même coup les projets d'indépendance de l'Arménie en discussion.

Le massacre d'Adana dès 1909 confirme d'emblée que les Jeunes-Turcs ne sont pas favorables au nationalisme Arménien.

Le sultan renversé, Abdulhamid avait lui aussi orchestré des massacres entre 1894 et 1896 contre le peuple arménien, en tuant quelques 200 000.

Le 1er novembre 1914, l'Empire Ottoman entre en guerre du côté Hitlérien, fatiguée d'être harcelée par les Allemands. Les Turcs sont toutefois extrêmement mal préparés et se présentent sans préparation de logistique, se faisant du coup écraser en janvier 1915. Le ministre de la guerre de l'Empire Ottoman cherche un bouc-émissaire et accuse les Arméniens de comploter avec les Russes. Les soldats arméniens sont les plus fréquents déserteurs de l'armée Turque, ce qui rend le doute plus pesant encore.

Les hauts dirigeants du CUP ordonnent l'extermination des Arméniens dans leur entièreté.

Présenté comme un "transfert de la population arménienne en temps de guerre", les Arméniens sont anéantis d'abord par petits groupes. En février, on désarme peu à peu tous les soldats arméniens et ont leur fait faire des travaux de voirie ou de transport. On élimine en premier les notables et les intellectuels arméniens de Constantinople. Ce sont entre 200 et 600 personnes qui sont arrêtées, puis qui disparaissent.

Les penseurs annihilés, le reste de la population, la plèbe, sera plus facile. De mai à juillet, dans les 7 provinces où habitent près d'un million d'Arméniens, l'Empire Ottoman répond au télégramme disant "Le gouvernement a décidé de détruire tous les Arméniens résidant en Turquie. Il faut mettre fin à leur existence, aussi criminelles que soient les mesures à prendre. Il ne faut tenir compte ni de l'âge, ni du sexe. Les scrupules de conscience n'ont pas leur place ici."

L'éloignement géographique des Arméniens de la frontière Russe, les disculpent complètement d'une possible collaboration avec eux. La vraisemblance d'une collaboration avec l'ennemie est caduque.

Peu importe, le monde a l'attention ailleurs. À la Première Grande Guerre.

On procède toujours de la même manière:
-Perquisitions dans les maisons des gens les plus importants et des religieux.
-Arrestations
-Tortures afin de leur faire avouer des complots ou des caches d'armes
-Déportation et exportation des prisonnier(e)s
-Publication d'un avis de déportation
-Séparation des sexes (les hommes seront exécutés dans et autour des villes, comme si ils s'y étaient battus)
-Les femmes et les enfants sont envoyés dans des foyers musulmans.
-Décimation de la part de ceux qui devaient les mener là où ils l'avaient promis.

Seules quelques milliers de personnes survivent à cette déportation. Environ 870 000 Arméniens convergent vers la Syrie où ils sont redirigés vers la Liban ou la Palestine pour y être installés dans des camps de concentration qui sont de véritables mouroirs. Ils meurent de faim, de soif, de maladies non soignées. En juillet 1916, le tiers des Arméniens, anciennement de Turquie sont exterminés.

Tout ça est plus ou moins caché au peuple Turc puisque survivront quelques 200 000 habitants de Constantinople ou de Smyrne, difficiles à supprimer sans attirer l'attention. Et 290 000 autres que les Russes et la Marine Française sauvent, alertés par les observateurs des États-Unis et du Canada sur place.

Il ne reste que des îlots de survie ici et là. Des femmes rééduquées dans des écoles islamiques, des enfants regroupés dans des orphelinat. Quelques miraculés cachés par des amis complices musulmans.

On parle d'un million et demi de morts. Exterminés. De tous âges.

Dès 1918, les principaux responsables du génocide se sont débarrassés de la plupart des documents compromettants sur le sujet.  Le premier grand conflit mondial réglé, le monde entier se questionne maintenant sur ce qui se déroulait à l'arrière-scène en Turquie.

L'existence d'une "organisation spéciale" chez les Jeunes Turcs, une brigade de la mort rattachée au CUP, les inculpe. Les hauts dirigeants sont condamnés à mort même si ils ne reconnaissent rien.

En août 1920, un comité international regroupant l'Empire britannique, la France, le Japon, l'Italie ainsi que la Belgique, la Grèce, le Hedjaz, la Pologne, le Portugal, la Tchécoslovaquie et l'État Yougoslave (les Slovènes, les Croates et les Serbes) déclare que la Turquie reconnaît maintenant l'indépendance de l'Arménie.

Mais elle ne reconnaîtra jamais le génocide.

Dont les massacres prenaient officiellement part en avril il y a 100 ans.





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