Quiconque n'a pas été initié au cinéma des frères Coen, et qui AIME le cinéma des États-Unis, doit à tout prix un jour y tremper son regard.
Le leur, leur regard, est à la fois incisif, sombre et fataliste, drôle à s'en donner des crampes, original et intelligent. Leurs héros sont presqu'unanimement des gens déçus d'une quelconque façon ou qui le deviendront. Des anti-héros en quelque sorte. Mais des personnages 100% humains. Drôles et tragiques à la fois.
Leur cinématographie est inspirée des plus grands, mais aussi de la photographie, de la musique et de la littérature. La direction photo de leurs films, qu'elle soit de Barry Sonnenfeld, Roger Deakins, Emmanuel Lubezki ou Bruno Delbonnel a toujours cette touche atmosphérique se rapprochant de la magie.
Le cinéma doit reproduire l'effet de la magie.
Les frères Coen visent si juste que j'ai acheté, au cours du temps sans complètement le réaliser, 6 de leurs films. Ceux de 1984, 1991, 1998, 2000, 2007 et 2013.
J'ai aussi vu 12 de leurs 17 films ainsi que leur segment du collectif Paris, Je T'aime. J'ai vu en partie Raising Arizona et The Hudsucker Proxy, mais compte bien les voir pour de bon un jour.
Voici 10 de mes films favoris des deux frères du Minnesota*.
Et un guide involontaire pour celui ou celle qui voudrait s'initier a leur remarquable talent.
The Man Who Wasn't There (2001)
L'idée de cette histoire de barbier a été inspiré aux frères Coen par un simple poster montrant différentes coupes de cheveux des années 40. Ils ont donc choisi de situer leur histoire dans cette époque. Ed est un barbier dont la femme alcoolique le rend cocu. Malgré le tempérament fort posé d'Ed, il règle le cas de celui qui le rendait cocu. C'est toutefois sa femme qui sera emprisonnée et qui le rendra maintenant veuf. Ed sé découvre une passion pour la jeune fille d'une ami, qu'il juge talentueuse au piano. Cette relation le mènera à son tour, face à la justice. Billi Bob Thornton est taciturne à souhait et joue à merveille un personnage tout en retenue. Une jeune Scarlett Johansson est aussi époustouflante au piano. La cinématographie de Roger Deakins est splendide. Avec aussi James Gandolfini, Richard Jenkins, Jon Polito et Tony Shaloub.
Miller's Crossing (1990)
Situé pendant la prohibition aux États-Unis, l'histoire d'un homme jouant deux gang rivales les unes contre les autres a été une difficile épreuve pour les frères Coen qui ont eu tant de difficultés à écrire le film qu'il ont pris trois semaines pour en écrire un autre qui sera encore plus fameux. Le titre en français est une aberration.
Avec Gabriel Byrne, John Turturro, Albert Finney, Jon Polito, J.E.Freeman et Marcia Gay Harden.
Blood Simple (1984)
Tout premier effort du tandem de frères, Joel y trouvera même la femme de sa vie. Ce film noir, où chacun tente de fourrer son prochain, jette la base de tout ce que sera le cinéma des frères Coen c'est-à-dire hommeries, brutale violence et stupéfiant humour en mesures égales. Déjà Joel & Ethan démontrent une sensibilité visuelle hors pair et une esprit tordu délirant. Avec Frances MacDormand, John Getz, Dan Hedaya et M.Emmet Walsh.
No Country For Old Men (2007)
Intense et tendu deux heures où tout le monde cherche la tête de l'autre pour y faire un mauvais parti. Adapté du roman du même nom de Cormac McCarthy, la violence y est d'abord crue, mais aussi nettement suggérée, ce qui rend stimule l'imagination du spectateur de manière admirable. Avec Javier Bardem, Josh Brolin, Kelly MacDonald, Tommy Lee Jones et Woody Harrelson.
Burn After Reading (2008)
Comédie complètement cul par dessus-tête, troisième de leur trilogie des idiots, ce film raconte l'histoire d'un duo d'employé d'un centre de Gym, convaincus d'avoir trouvé des documents secrets d'une importance monayable, alors qu'il ne s'agit que des mémoires d'un analyste de la CIA, tête brûlée récemment limogée et nourrie par la rage de vengeance, pendant que sa femme le cocufie avec un coureur de jupon. Sauvagement comique tout en négociant la violence avec un humour crapaud. Casting fantastique. Avec Frances MacDormand, Brad Pitt, John Malkovich, Tilda Swinton, George Clooney, Richard Jenkins et J.K.Simmons.
Barton Fink (1991)
Film parenthèse écrit pendant le tournage de Miller's Crossing, il s'agira aussi de l'un de leur plus brillant, ce que le Festival de Cannes leur reconnaîtra. Un scénariste s'établit dans un hôtel presque fantôme en 1941 afin de créer, constamment trimbalé entre la fiction et la réalité, l'inspiration et
l'immobilisme intellectuel. Avec John Turturro, John Goodman, Steve Buscemi, Tony Shaloub et Judy Davis.
O Brother, Where Art Thou? (2000)
Tourné en magnifique sépia par Roger Deakins, cette comédie délirante est à faire pleurer de rire. Trois évadés de prison tentent de "trouver une trésor" et refaire leur vie, toutefois on comprend rapidement qu'un tel trésor est une invention de son imagination. Suivant la courbe narrative de L'Odyssée d'Homère, les scénaristes s'y sont donné à coeur joie dans un film qui rappelle beaucoup le talent comique des frères Marx, tout en faisant des clin d'oeil à l'art photographique d'Eudora Welty et en restant lié à l'histoire du Sud des États-Unis dans les années 30. Fantastique film avec George Clooney, John Turturro, Tim Blake Nelson, Holly Hunter, John Goodman et Charles Durning. Première partie de la trilogie des idiots**.
Fargo (1996)
Inspiré très librement des d'une réelle histoire d'horreur survenue au Connecticut 10 ans plus tôt, les frères Coen goûtent aux Oscars pour la première fois avec cette histoire de mari voulant supprimer sa femme et aux prises avec des tueurs à gages sans dessins. Fabuleux décor hivernal du Minnesota tourné sous l'oeil de Roger Deakins, le film met en vedette Frances MacDormand (enceinte jusqu'aux oreilles), William H. Macy. Steve Buscemi, Harve Presnell et Peter Stormare. Délirant.
The Big Lebowski (1998)
L'histoire du "dude" Lebowski, confondu avec un Lebowski plus important est un hommage comique à l'univers de l'auteur Raymond Chandler qui plante ses personnages dans des histoires mystérieuses où le résultat final n'est jamais plus important que le voyage pour s'y rendre. Drôle à s'en dévisser les côtes. Avec Jeff Bridges, Julianne Moore, John Goodman, John Turturro, Steve Buscemi, Phillip Seymour Hoffman, Daviud Huddleston & Tara Reid.
Inside Llewyn Davis (2013)
Mélancolique, nostalgique et fameusement ancré dans la scène folk New Yorkaise de 1961 qui a fait naître et mourir les Bob Dylan, Joan Baez, Dave Van Ronk et autres Pete Seeger, cette histoire d'artiste refusant les compromis, sans domicile fixe et sans le sou, quitte à y laisser sa peau est délicieusement tournée par Bruno Delponnel, dans un bleu froid comme l'hiver et la misère. La trame sonore est un élément important du film, elle est signée T-Bone Burnett. La musique est un élément indispensable des films des Coen et ce film est une véritable lettre d'amour à une époque riche en musique et en histoires souterraine. Une merveille de film. Avec Oscar Issac, Carey Mulligan, John Goodman, F.Murray Abraham, Garrett Hedlund et Justin Timberlake.
Faites vous plaisir et tapez vous un seul de leur brillant film.
Les boys valent leur pesant d'or.
Leur prochain effort devrait être disponible le lendemain de ma fête en février 2016.
*Dylan, Carew, Prince, Windfield, Gilliam, Schulz, Juno...cet État est une pépinière de talents qui m'intéressent.
**L'autre étant Intolerable Cruelty.
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