Dans les années d'après-guerre en France, les gens avaient besoin de sources de bonheur. Le cinéma était alors très joyeux et une générale ressource de détente, de positivisme et de plaisir commun.
Les sujets traités l'étaient tout autant.
Comédies musicales, histoires d'amour où tout est bien qui finit bien, poésie sur images et candides amours étant ce qui plaisaient le plus.
Bien assez vite, une nouvelle génération allait en avoir assez de ce cinéma jugé trop "classique". Inspirés de la Nouvelle Cinémathèque Française d'Henri Langlois, où on y présentait des films d'ailleurs comme des Hitchcock, des films allemands du passé Murnau, Lang ou Pabst, du Bergman mais aussi des oeuvres d'un même réalisateur français comme Renoir ou Cocteau et de belles découvertes italiennes, des films noirs en provenance des États-Unis aussi, ces jeunes amateurs de cinéma voyaient bien qu'il pouvait se faire autre chose et que la France ne suivait pas le pas.
Animés par un désir de cinéma qui se voulaient plus libre et bâti de nouvelles règles, sorti dans la rue et incarné par de jeunes acteurs/actrices affranchi d'un modèle social contemporain et complètement indifférent au concept familial, de jeunes "filmivores" allaient se concentrer vers 1952 d'abord comme critique de Cinéma dans la magazine Les Cahiers du Cinéma d'André Bazin.
Jean-Luc Godard, François Truffaut, Jacques Rivette, Eric Rohmer. Claude Chabrol allaient bientôt signer des critiques de films, mais surtout coucher sur papier une vision du cinéma qu'ils ne voyaient pas sur les écrans français de la part des Français, à quelques exceptions près.
En 1954, Truffaut signe une politique des auteurs qui donne une réelle importance aux réalisateurs. Après une semaine de conversation et d'entrevue avec Alfred Hitchcock, L'animé Truffaut départage les cinéastes en deux clans (clans toujours existants de nos jours): les auteurs et les faiseurs.
En 1957, Eric Rohmer devient rédacteur en chef et quand le ministre de la culture André Malraux facilite les moyens de faire une tournage cinématographique, cette jeunesse qui grouille d'impatience prend la caméra et saute dans les rues de France.
Jacques Rivette, 30 ans en 1958, tournera 21 longs métrages, 7 court-métrages et mettra en scène au moins une pièce de théâtre. Il est toujours actif.
François Truffaut, 26 ans en 1958, tournera 26 films et sera aussi acteur dans 12 films, dont 8 des siens. Inspiré d'Hitchock, il fera un caméo dans presque tous ses films. Il meurt trop tôt en 1984.
Jean-Luc Godard, 30 ans en 1958, tournera plus de 100 films et court-métrage, tantôt tout seul, tantôt en équipe, toujours avec rage et une certaine arrogance. Il tourne toujours, gagnant le Prix du Jury l'an dernier à Cannes, partageant le prix avec notre Xavier Dolan. JLG est mon préféré du groupe et à sa mort je le pleurerai.
Claude Chabrol, 28 ans en 1958, tournera 58 films pour le cinéma, 26 films ou épisodes pour la télévision et sera aussi acteur dans 38 autres. Il est aussi l'auteur de 5 courts-métrage. Il décède en 2010.
Eric Rohmer, 38 ans en 1958, tournera 25 verbomoteurs films, 2 téléfilms, 19 documentaires, fera deux mise-en-scènes de théâtre, scénarisera le premier film de Godard et tournera aussi 12 court-métrage et demi (un reste inachevé). Il décède en 2010.
Jean-Claude Brialy est le tout premier comédien entièrement dévoué à 100% à la nouvelle vague. Jean-Pierre Léaud, Bernadette Lafont, Jean-Paul Belmondo, Catherine Deneuve et sa soeur Françoise Dorléac, Jeanne Moreau, Anna Karina, Brigitte Bardot, Alexandra Stewart, Anne Wiazemsky, Stéphane Audran, Claude Jade, Henri Serre, plus tard Isabelle Huppert chez Chabrol dans les années 70 et Sandirne Bonnaire chez Rivette dans les années 80 sont des acteurs et actrices mis en valeur par la nouvelle vague.
Non issus des Cahiers du Cinéma mais tout en fait en communion avec le mouvement de la nouvelle vague seront:
Agnès Varda, Jacques Démy, Jean Rouch, Jean Eustache, Jacques Rozier, Jean-Daniel Pollet, Chris Marker et Alain Resnais seront tous associés au mouvement. Claude Lelouch et Louis Malle voudraient bien y être aussi associés mais le premier est trop idiot et le second trop caractériel et se fait des ennemis chez les têtes aussi fortes que lui comme Godard.
Maurice Pialat ne passe pas au long métrage à temps pour y être intégré mais en sera nettement influencé et Jean-Pierre Melville est vu comme le grand frère de la Nouvelle-vague auquel on s'abreuve de conseils, mais duquel on s'affranchit.
Leur manière impulsive de tourner, écrire, monter, éclairer, mettre en scène, raconter révolutionnera le cinéma. Nous fera le repenser en tout cas.
Le fruit de la rencontre de tous ses jeunes cinéastes s'inscrit dans le contexte historique de l'époque et traduit, jusqu'aux années 80, les mouvements de société français, filmant dans les rues et en extérieur plutôt qu'en studio et avec des éclairages naturels au possible un genre qui donnera naissance aux styles des Bertrand Blier, Benoit Jacquot, André Téchiné, Claude Miller, Phillipe Garrel et autres cinéastes de nos jours.
Ce cinéma rebelle, en quête d'indépendance, souvent oisif, dont les héros n'ont aucunement peur d'enfreindre la loi m'aura beaucoup séduit.
Dans cette semaine consacrée entièrement au cinéma, je commence par un coup de coeur.
Nous serons pendant ce temps occupés cette semaine à l'extérieur du continent à marquer une rupture aux hurlevent, à faire les 440 coups à la plage question de ne plus rester à bout de souffle.
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