mercredi 25 mars 2015

La Nécessité de l'Athéisme

La religion est considérée comme vérité par le commun des mortels, comme fausseté par le sage et comme utile par les décideurs.

La religion n'est pas toujours négative. Elle offre un refuge a bien des gens qui en ont besoin. Juste pour ça, la religion peut être fort nécessaire. Comme un abri quand tonne la pluie. La religion peut être quelque chose d'intime et de très ressourcante. De profond et de très bon.

C'est quand la religion sort de l'espace intime qu'il devient problème.

J'aime les tartes au citron. J'aime le goût du citron. J'aime le jaune lumineux du citron qui rappelle le soleil. J'associe le soleil aux vitamines. Je sais que le citron, le fruit, soigne. J'aime le citron tout seul. J'ai l'impression que quand je mange un citron je bute tous les microbes qui voulaient s'investir en moi. Mêlé avec de la pâte à tarte, avec un peu beaucoup de sucre, et un peu de crème fouettée, j'aime.

C'est personnel.

Je vous le partage, je vous explique pourquoi, ça pourrait être un échange. Ça pourrait se passer sur un patio autour de la piscine, sous un parasol, l'été entre amis, un propos tout ce qu'il y a de plus candide, avec des carafes d'eau sur la table. des carafes d'eau qui justement, contiennent des gousses de citron dedans, donnant à l'eau une couleur jaunée et qui aurait inspiré cette discussion.

La tarte au citron me fait du bien.
Tout comme la religion fait du bien à certains.

ET ÇA DEVRAIT S'ARRÊTER LÀ.

À partir du moment où il y a propagande, les nazis, l'État Islamique, Boko Haram en étaient/sont des spécialistes, il y a menace de dérive. Si c'est si bon, et c'est une maxime que j'applique PARTOUT dans la vie, ne vous inquiétez pas, ça se rendra à nous. Pas besoin d'être convaincu.

Il y a cet homme qui vient ponctuellement cogner à ma porte aux trois ans. Toujours le même. Trapu, le cheveux trop fin. Peut-être dix ans de plus que moi. La première fois, j'avais ma fille naissante dans mes bras, il me dérangeait. Chaque fois que vous vous présentez non annoncé, vous prenez le risque de déranger. Je n'avais pas été bête, mais plutôt prompt.

"Écoutez ne perdez pas votre temps, je ne crois pas en Dieu, mes Dieux se sont ma blonde, mon fils et ma fille" que je lui avait dit avant qu'il ne termine son interminable monologue. Car c'était vraiment un monologue sur le Dieu catholique. Un monologue débité comme un bouclier contre ce que j'aurais pu lui dire pour le couper. Ce que j'ai fait quand même, le couper. Il avait insisté.

Je n'écoutais plus, je le regardais, je me demandais quel homme il avait été il y a 15 ans. Quel enfant il avait aussi été. J'essayais de deviner le revers de fortune qui l'avait motivé à faire le tour des maisons à toute heure du jour pour convaincre les gens des bienfaits de la tarte au citron. Je dis "motivé" mais peut-être avait il été contraint de tremper dans le catholicisme en désespoir de cause.

"Monsieur, vous n'avez pas à me convaincre de quoi que ce soit, je ne perdrai pas le peu de temps que j'ai à faire sur terre à louer des choses immatérielles, regardez ma fille, elle est bien réelle, je me concentre sur ce type de réalité. par sur des fantaisies ou des interprétations. Pour ça je me divertis dans la culture. Et encore là, ce sont bien souvent des propositions d'interprétations, de sensations inspirées de la vie, pas de suppositions ancestrales"

Je perdais mon temps. Lui aussi. Mais lui c'était à l'agenda. Je ne me souviens plus comment ça c'était terminé. Cordialement, mais clair. Clair que nous ne nous entendrions jamais sur le sujet. Je ne crois pas en Dieu et il croit trop. Le rien et le trop. Deux extrêmes.

Il est revenu à tous les trois ans. Comme si j'avais pu avoir une soudaine épiphanie. J'ai été de plus en plus direct chaque fois.

2006
"ne revenez plus, c'est inutile, monsieur, c'est pour vous que je dis ça, ménagez votre énergie et rayez cette adresse de votre parcours. Vous ne nous convaincrez jamais"

2009
"Monsieur, soyez gentil, ne revenez plus cogner chez moi pour ça, merci j'ai une traduction à terminer"

2012
"Monsieur quel est votre artiste musical préféré?"
"Phil Collins, pourquoi?"
"Moi c'est David Bowie, bye!"

La dernière fois j'ai ouvert la porte, l'ai reconnu, il a commencé à parler:
"Bonjour monsieur, j'espère que vous allez bien"

"De moins en moins" que je lui ai dit et en voyant son livret "la parole de Dieu est ton oxygène" je lui ai fermé la porte au nez.

Cet homme est un robot vidé de son cerveau.

Là où il y a harcèlement, il y a malaise. Je ne vous fait pas chier avec mon athéisme, ne me faites pas chier avec vos balivernes.

Il y en encore qui disent que les guerres n'ont pas comme source la religion, Que de blâmer la religion pour les conflits guerriers c'est détourner le regard des proverbiales vraies affaires.

Il y en a aussi qui, comme moi, considèrent la vénération de l'argent comme une religion. Ne dit-on pas que l'argent est le nerf de la guerre?

Une chose est certaine dans la construction du robot que je suis, le mot religion a un large côté péjoratif dans ma vie.

Ça aussi c'est personnel. Vous n'êtes pas obligé d'y adhérer et je ne tenterais jamais de vous convaincre de joindre mes raisonnements. je vous respecte dans vos croyances et s'il vous plait respectez moi dans les miennes.

Tout comme le fait que vous aimiez Tout le Monde en Parle sans réserve n'est pas de mes affaires.
Et le fait que je méprise cette émission ne soit pas de votre intérêt,

Let's agree to disagree.

Percy Bysshe Shelley en 1811, était étudiant à l'Université Oxford. Il publia cette année-là un essai, dans la très religieuse Angleterre, appelé The Necessity of Atheism. Il parlait dans cet essai de la nécessité de ne pas croire que nous vivons tous à courir avec des ciseaux dans les mains et que vénérer cette entité surnaturelle nous rendait nécessairement plus prudent et meilleur Homme. Aussitôt publié l'essai été jugé si choquant que Shelley et un ami qui l'avait aidé dans la rédaction et les questionnements, Thomas Jefferson Hogg, ont tous deux été expulsés de l'Université.
Le père de Shelley s'est interposé et a demandé qu'il soit réaccepté sous condition que Percy réfute tous ce qu'il a dit dans son essai. Mais le jeune étudiant a refusé, ne réfutant que la conception de Dieu dans son ensemble. Deux ans plus tard, afin d'être plus clair encore, il changera d'ailleurs le titre de son livre pour Refutation of Deism.

Bien entendu, ça lui a coûté sa relation avec son père.

Plus que jamais sur cette terre, je crois en la nécessité de l'athéisme.

Perci Bysshe Shelley et Thomas J. Hogg étaient tous deux expulsés d'Oxford aujourd'hui il y a 204 ans.

Aucun commentaire: