Ils étaient 300 000 en 2012.
NOUS étions 300 000. Bien que ma faculté avait voté contre l'arrêt des cours, je me mêlais aux manifestants de la grève étudiante, je sympathisais à la cause, je secondais les raisons qui allaient mettre le gouvernement Charest à genoux.
Je n'étais pas le seul. La menace aux étudiants présents et futurs était directe. Ce gouvernement à tête chercheuse de pia$$eS visait lâchement les plus démunis: les étudiants. On sait que la génération d'après est celle à qui on refilera la facture, peu importe ce qui arrivera. On voulait, du côté de Charest, devancer les coups, et c'est ce qui au bout du compte aura fait couler ses arrogants larrons. Pas seulement les manifestations étudiantes qui en étaient le premier jab, mais cette loi abjecte anti-manifestation digne des pires république de bananes qui a dû faire jouir Pierre Eliot Trudeau dans sa tombe, qui à elle seule à réussi à polariser toutes les générations et à passer le K.O. final à ces dictateurs de papier.
Les marionnettes visées par ce même gouvernement comprend plus de citoyens encore. Ce sont 85% de la population qui sont touchés par les compressions d'austérité du gouvernement. DONT les étudiants, mais cette fois, le gouvernement a été plus prudent, il n'a jamais complètement visé clairement ceux-ci dans ses projets d'étouffement social. Les étudiants, probablement manipulés en douce par de la sauce syndicale, ont prévenu les coups, ils ne sont pas complètement dupes, ils savent bien qu'ils ne sont surtout pas le 15% pour lequel le gouvernement travaille, ont choisi de manifester contre l'austérité. Certaines écoles ont voté pour 10 jours de grève, d'autres pour 15.
Si les obsédés de la cenne sont les mêmes Libéraux, les étudiants peinent cette fois à parler à l'unisson.
Hier marquait le coup d'envoi d'un mouvement de contestation populaire qui risque de prendre de l'ampleur dans les prochaines semaines.
Ou pas.
Il est devenu beaucoup plus difficile pour les associations étudiantes de rassembler des gens désireux de prendre la rue. Ils étaient à peine une centaine hier. Et c'est tout à fait compréhensible. Les étudiants ne veulent pas ses pénaliser, à la fois en manquant de précieuses classes qui va les guider vers un marché du travail de plus en plus sclérosé, et à la fois parce que, conscients de partir dans la vie avec une facture universitaire à rembourser, si il faut en plus y rajouter un bien inutile casier judiciaire, une (des) amende(s) et quelques nuitées en tôle, disons que ce n'est pas nécessaire de se compliquer un départ dans la vie qui ne promet déjà rien de facile.
Quand j'ai gradué de l'université une première fois en 1994, TOUS les professeurs nous promettaient la même chose: le chômage. Nous n'avions pas tous de formation en informatique, les ordinateurs étaient encore relativement neufs dans les universités et ce seul facteur allait nous rendre archi vulnérables pour le monde à venir. Notre minuscule poids démographique était aussi quelque chose qui allait rendre nos déconfitures professionnelles relativement discrètes.
De nos jours, les moyens de communication sont bien rodés et devraient faciliter les moyens de propagande, Mais ces mêmes moyens de communication accélèrent aussi les dérives. Il y a plusieurs étudiants qui ne cachent pas du tout leur envie de sacrifier une session complète afin la rendre plus festive, tout simplement. Pour le plaisir d'exulter face à l'autorité. Un peu dans le même esprit que la marche contre la brutalité policière, avec en tête l'idée de justement, se faire arrêter afin d'essayer de donner du poids à leur démarche.
Il est plus brouillon cette année d'essayer de suivre les raisonnements de regroupement comme l'ASSE. Même les étudiants eux-même s'y perdent. À trop vouloir donner de voix, on entend plus rien. Les graffitis sur les murs disent une chose et leur contraire. La résistance est à même les élèves. On parle de centaines et non de milliers cette fois.
Ça a coûté cher au sens propre comme figuré à certains étudiants en 2012 aussi. Plusieurs ont perdu leur session. Plusieurs n'ont jamais été remboursé. Des anciens carrés verts offrent des trousses aux étudiants qui souhaiteraient réclamer des injonctions pour conserver le droit d'assister à leurs cours. Ils ne veulent pas de la répétition de 2012. Il est difficile d'imaginer aujourd'hui plus puni que celui qui fera la grève. Et facile de comprendre pourquoi on ne voudrait pas la faire.
Hier, ce sont 20 petites minutes, à peine le temps d'attente entre deux passages d'autobus, qu'a duré cette manifestation qui avait été déclarée illégale dès le départ. Ils n'avaient pas remis leur itinéraire aux policiers. Chose toujours un peu ridicule. Si tu veux faire chier quelqu'un , tu ne lui facilite pas la tâche.
Avec beaucoup plus de succès hier, et d'expérience (et de sécurité sur place), les cols blancs ont aussi manifesté sur le parvis de l'hôtel-de-ville. Leur cible à eux c'est Coderre. Pas de conneries là-bas.
Chez les étudiants, deux personnes ont été arrêtées pour voies de faits sur les policiers et 24 autres ont trop résisté et seront soulagés de quelques centaines de piasses.
Les coffres du service de police de Montréal pourraient se remplir plus vite que prévu...
Un vote afin de reconduire la grève aura lieu le 7 avril prochain.
Reconduire,
ou pas.
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