Et pourtant, en revenant d'être allé porté ma fille à pied à son école je broyais du noir.
Un proche disparu trop vite la veille, mais autre chose aussi.
C'est que voyez vous, leur enseignante, qui nous avait tous reçu et charmé par son approche, sa rigueur, sa créativité et ses compétences générales, celle duquel on disait déjà beaucoup de bien depuis 5 ans et qui était enfin l'enseignante de ma fille cette année; cette jeune femme en pleine lune de miel avec les élèves masculins comme féminins, avec les parents aussi, rassurés que leurs enfants soient entre d'excellentes mains, cette jeune femme donc, a aussi charmé d'autres gens de la commission scolaire et a quitté le bateau après trois semaines de navigation. La (sale) commission scolaire a choisi ce (terrible) moment pour lui offrir un poste dans leur rang, une promotion en soi, à l'éducation aux adultes et à l'intégration de nouveaux professeurs (she was that good).
Toutefois derrière, elle laissait des élèves en larmes (ma fille en lambeaux, j'ai cru sur le coup que son enseignante était morte!) et un train menaçant maintenant de dérailler. L'école se devait de réagir rapidement car l'enseignante, en larmes elle aussi devant cette situation impossible dont elle était à la fois la gagnante et la victime, quittait 4 jours après l'annonce de son nouveau poste.
Cette école, dont l'instabilité est légendaire déjà, a donc opté pour remplacer la première enseignante par une jeune autre...enceinte...
(...)
Enceinte...
Enceinte
ENCEINTE TABARNAK!
Il a été confirmé qu'en mars, cette jeune femme quittera elle aussi cette classe de cinquième année pour laisser quelqu'un d'autre reprendre les rênes de la classe de ma fille.
Analogie toute simple: Une équipe de hockey dont on change l'instructeur-chef trois fois dans l'année ne fera PAS les séries éliminatoires.
Cette classe est larguée par son école.
Nos séries éliminatoires à nous c'est l'école secondaire qui exige pour l'admission dans deux ans, les bulletins de 5ème année et de 6ème année. Entendons nous tout de suite, qu'il s'agit de deux années scolaires très importantes. Cette jeune nouvelle enseignante a commencé avec un test en Univers Social où elle a corrigé les fautes d'orthographe. Je suis nettement en faveur de la correction des fautes d'orthographes, de les souligner dans un test d'Univers Social, OUI, mais d'enlever des points alors qu'on a la bonne réponse avec des mots difficiles c'est, selon la propre charte de leur commission scolaire, illégal. En Français c'est une faute, pas en Univers Social. 5 de ses réponses jugées mauvaises étaient les bonnes. Dans chacune de ses réponses elle avait oublié une lettre pas évidente. Un "t" dans Ottawa, un "g" dans Washington, deux "c" cachés au même endroit sur les mots Arctique et Antarctique et elle a été créative en ajoutant un "H" en ouverture du mot Ungava. Ses 5 points perdus, au final, changeant sa note de 10%. C'est pas rien 10%.
J'en avais parlé à l'enseignante qui a répondu en politicienne et en jeune femme atterrie trop vite. Elle s'était défendu en disant que c'était l'enseignante d'avant qui avait fait cette correction.
Bon.
Je ne joue pas la game des parents divorcés. J'en ai même rien à cirer.
Dur , très dur de sympathiser avec les commissions scolaires (ou les enseignants) de nos jours...
J'avais aussi laissé un message dans la boîte vocale de la directrice afin de lui discuter éventuellement d'une révision de cette note. J'étais resté poli et bien posé au téléphone mais l'irlando-amérindien en moi sentait son sang bouillir.
Je marchais donc sur le chemin du retour à la maison, par un matin gris d'automne, avec ce grief en tête quand une voiture de police est passé à plus de 100 Km/h à mes côtés en direction de l'école. Puis une autre, et une autre encore.
"What The Fuck?" ai-je dis à voix haute. Police pas police, c'est une zone de 30 km/h et ma fille venait tout juste de traverser la rue. Fallait se calmer le cul.
J'ai eu le réflexe de revenir sur mes pas.
Mon pas agité m'a mené là où la police s'était arrêtée. Dans une rue tout juste devant l'école de Punkee. Il y avait beaucoup de fumée. Des badauds. Moi. Une voiture en feu et...et...une forme au volant de la voiture....fuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuck...
Je n'ai pas voulu voir. Mes yeux se sont posés sur la fumée qui fonçait sur l'école de Punkee. L'école a fait entrer les élèves à l'intérieur. Une grosse odeur de térébenthine, d'essence, un périmètre de sécurité qui m'a repoussé jusque chez moi, une image de cadavre trop raide, trop maigre, trop à la merci des flammes, trop en feu.
Ma mémoire a soudainement souhaité du brouillard.
Pas le même qui peuplait la tête de cet homme.
Son matin à lui n'était pas gris, il avait été noir.
Noir à ne plus rien y voir.
Il avait toutefois probablement vu ce matin-là, la plus cauchemardesque bande-annonce du film du reste de sa vie.
(Rajout: sa remplaçante (la rousse de la saison 5...) Oh my fucking God! un autre cauchemar!)
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