(À Nadon, à la mémoire de Julie T., et à tout ceux et surtout celles qui se battent encore)
L'amoureuse:
2010:
"Ouin, il faudra un jour penser à couper cet arbre en arrière qui devient de plus en plus laid, année après année."
2011:
"Cet arbre est contaminé. Même si on l'asperge, les feuilles sont bouffées par je ne sais trop quoi, c'est laid, faudra couper"
2012:
"Ouin, cet arbre n'a plus sa place dans la cour arrière"
"...KOSSÉ T'AS FAITES?! L'ARBRE 'EST PLUS LÀ?! ÇA FAIT BEN VIDE!"
Aaah! les femmes...can't live them, can't live without them.
*
Monkee, qui hormone dans ses 14 ans, vit sa toute première relation amoureuse. C'est la lune de miel et il me demande conseil. Il est extraordinairement touchant. J'ai pris un coup de vieux. Mon bébé est grand maintenant.
Avant de faire un choix, comme il y avait trois filles qui le courtisaient et qu'il ménageait la pomme et le chou laissant croire des choses à l'une et à l'autre, je lui ai parlé de mon expérience de secondaire 3 en 1985. Je lui disais de ne pas courir deux lièvres à la fois comme je l'avais fait cette année-là.
Je sortais alors pendant l'été avec une adorable jeune femme aux yeux verts, une jeune fille brillante avec laquelle j'avais été voir Platinum Blonde et donc on voit le bras, le poing bien levé, un peu de son visage, et trop peu de ses jolis yeux dans le clip de Hungry Eyes (si on fait un pause à 1:15.)
Quand l'école avait recommencé en septembre, nous nous étions moins vus car elle fréquentait une autre école. J'étais moi-même nouveau et était devenu du même coup un intérêt certain pour beaucoup (trop) de filles de cette nouvelle école. Ça m'avait monté à la tête et j'avais quitté la fille de l'été pour une fille de ma classe que j'allais cotoyer tous les jours. Une erreur ignoble car la seconde allait être une princesse insupportable tandis que la première, je l'aurai regretté une bonne partie de ma vie d'ado. C'est une honte que j'avais même trainé, adulte. Je mettais donc mon fils en garde contre un ego qui voudrait se gonfler jusqu'au cerveau. Contre l'innocence aux mains pleines.
Il a alors voulu la trouver sur internet, aujourd'hui, cette fille de 1985 regrettée dont je lui parlais. On trouve tout sur le net. Même (surtout?) des choses qu'on ne veut pas trouver. En tapant son nom sur google images je suis tombé sur...
La course pour la vie...
Une trentaine de photos de La Course Pour La Vie. Seulement deux mettant en vedette la fille avec laquelle j'avais eu une idylle, l'été de 1985. Elle portait le gilet rose de celle qui est atteinte du cancer du sein. Vers la fin, beaucoup trop de photos de son amoureux qui courait pour sa blonde. Et franchement pas assez d'elle. Ça m'a laissé croire que l'affreuse maladie avait peut-être eu le meilleur sur elle.
Cette jeune femme a 42 ans. Avait?...
Bien entendu j'en suis devenu tout bouleversé. Mon fils aussi. On a parlé de l'importance de la vie et de vivre chaque moment comme si c'était le dernier parce que la vie parfois était la pire des salopes. Sans raison valables. De manière absurde. Absurde comme cette affiche géante sur le centre commercial de Nairobi qui titre Shopping without DRAMA alors que des terroristes islamistes tuent et tiennent en otage à l'intérieur au nom d'un incompréhensible mouvement.
*
Quand j'ai extirpé du sol cet arbre derrière chez nous sur le terrain, inexplicablement, un fruit difforme en était tombé et avait roulé tout près de la piscine. Vous l'avez en photo plus haut. Cet arbre n'était pas un arbre fruitier. Cet arbre était rongé par une sorte de maladie qui nous as forcé à le déraciner. Tout ça était totalement absurde parce que quatre ans avant, il était le plus radieux des arbres, à son plus beau autour de l'anniversaire de l'amoureuse en juin. Je me suis demandé si ce n'était pas ce fruit laid, pourri, piqué par je ne sais qui et noirci par je ne sais quoi, inexplicable, qui avait assassiné notre arbre. Un fruit intrus, qui n'avait rien à voir avec cet arbre. Un fruit inexplicable.
Hier, à Québec sur les Plaines d'Abraham, à Montréal, à Sherbooke, ailleurs peut-être, se tenait la course à la vie dont les fonds seront remis à ceux qui font de la Recherche sur les solutions pour vaincre le cancer du sein. Personne n'est obligé de courir, on peut aussi marcher la distance. Ils sont d'ailleurs souvent plus nombreux à le faire. Et dans cette marche il n'y a pas de compétition, pas de gagnant, pas de médailles.
Les médailles on les réserve à ceux et celles qui trouveront un jour un remède contre cette horreur qui fauche inutilement.
Il y a de ces fruits absurdes dont on se passerait.
Et qu'on voudrait déraciner sans compromis.
Que cette injustice un jour, finisse.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire