Paul rêvait sérieusement depuis un bon huit jours de faire ce qu'il voulait faire.
Il avait enfin trouvé sa cause.
Il avait son billet de saison pour les matchs de soccer de l'impact.
Comment expliquer cette frénésie? cette envie? Il sentait à chaque match cette urgence, cette montée d'adrénaline, cette fièvre, car il s'agissait assurément d'une fièvre le gagner. Et ça n'avait rien à voir avec les ultras. Pas plus que ça avait à voir avec l'allure du match.
La foule.
C'était ces 41 040 yeux autour de lui. Et les quelques 100 autres sur le terrain. Il se consolait en se disant que c'était un mal être dont souffrait des milliers de femmes dans le monde. Sur Youtube, Dailymotion, le net. Le monde du show business étonnait beaucoup à ce niveau. Paul savait que bien des femmes étaient aussi coupables que lui de cette pulsion. Paul aimait son corps. L'aimerait-il toute sa vie? 20 ans encore? 10? peut-être même qu'en se buvant de la bière comme il le faisait à chaque match de l'impact, son corps le trahirait beaucoup plus tôt qu'il le croyait. Pour aujourd'hui, il avait misé sur le scotch. Pour se donner de la contenance. Du courage. Paul était saoûl raide.
Il ne tarda pas à mettre son plan à execution. Ce n'était pas encore la mi-temps qu'il laissa tomber ses souliers. Puis il retira son t-shirt -la météo s'y prêtait- baissa son pantalon sous lequel il avait pris soin de ne pas porter de sous-vêtements afin de sauver du temps et gagna les escaliers afin de dévaller flambant nu, gardant que deux bas, jusqu'au terrain.
Une fois le terrain atteint, il avait la tête parfaitement gonflée à bloc. L'adrénaline le guidant, il couru d'un bout à l'autre du terrain le zizi au vent. La sécurité mis du temps à comprendre ce qui se déroulait. Ce sont les cris et l'agitation de la foule dans un temps mort qui allumèrent la mêche. Paul eu le temps de prendre son téléphone et d'appeler un ami "T'écoute tu le match à la télé Mike?" eut-il le temps de dire, énervé. Dans son dos était inscrit "Aidez les prisonniers de Greenpeace en Russie" en français et en anglais. Les agents de sécurité l'ont poursuivi puis plaqué au sol. Paul eût tout juste le temps de lever le bras en guise de victoire.
Paul allait passer les 4 prochains jours en prison, avoir un casier judiciaire en plus de payer une amende salée.
*
Xénia, G. et P. se rendirent à Québec. En fait Xénia et P. se rendirent à Québec car G. était déjà elle-même originaire de la région. Ils se rendirent toute trois au parlement de Québec. Juste à temps pour la session parlementaire. Elles avaient réservées leurs places dans les gradins et elles allaient attendre le bon moment, donné par Xénia pour intervenir. Sur leurs poitrines, leurs ventres, leurs hanches, au crayon feutre, l'inscription "CRUCIFIX DÉCALISSE". G. avait sur son corps les mots "PATRIMOINE AU MUSÉE".
Au signal de Xénia, les trois filles enlevèrent leurs t-shirts et foncèrent seins nus vers le plancher en scandant "CRUCIFIX DÉCALISSE! CRUCIFIX DÉCALISSE!" sans arrêt. Elles ne se rendirent pas tellement loin quand des gardes de sécurité leur ont bloqué l'accès au plancher et les ont promptement expulsées. Les caméramans de l'assemblée n'en demandait pas tant. Surtout que la petite Xénia n'était pas piquée des vers. G. et P. bah! vous savez...mais Xénia? joli brin de femme pour caméramans désabusés. On n'était pas habitué aux belles jeunes femmes à l'assemblée, mais là d'en voir une, et les seins nus, bientôt menottée, c'était rêver en plein jour. Les caméramans n'ont rien manqué de leur cris dans le désert, ni de leurs seins, filmèrent leur arrestations et leurs cris étouffés et vendirent à prix d'or ces images aux différentes stations télé du Québec de fin de soirée.
G. retourna à l'université le lendemain et les trois jours suivants.
P. retourna travailler au guichet du cinéma qui l'engageait pour les 4 jours suivants.
Xénia accorda des entrevues à La Presse, au Journal de Montréal et au Devoir le lendemain, à TVA, CBC et Radio-Canada et L'Agence QMI le surlendemain, au magazine la semaine le jour suivant en plus d'être interviewée à la radio de Radio-Canada ainsi qu'à la radio de la CBC et à deux autres stations anglophones, radio et télé, de Montréal.
Le 4ème jour, elle se reposa en étant l'invité de deux émissions radio de Radio-Canada. Ce jour-là elle reçut un appel d'une émission télé dominicale où on fait semblant de connaître le vin, où on plogue tout ce qu'on pourrait ploguer, où on essaie de tous penser la même chose et où le public rit où se comporte de manière coordonée et scénarisée. La nouvelle église.
X. a accepté l'invitation car celle-ci est vue par des millions de moutons le dimanche soir.
Elle et ses deux amies avaient une nouvelle cause à ploguer.
Ou une carrière de mannequin à mettre sur les rails.
Cette fois, elle serait complètement habillées.
Elles seraient aussi payées pour leur intervention.
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