"Nous conduisons notre voiture comme nous allons dans la vie"
Je crois que c'est vrai. La preuve c'est que je ne m'intéresse pas du tout aux voitures. Même que, maintenant que la mienne a quitté le confort de la garantie, et que les faiblesses se font sentir à coup de 1000$ de réparations, je pense très sérieusement à ne pas la remplacer quand elle poussera son dernier coup de tuyau d'échappement.
De là, mon attrait pour les villes de New York, Montréal et Londres, des villes piétonnières où on peut tout faire à pied. Et rester en santé le faisant. Sans autre pollution que celle de nos idées.
Si la voiture représente l'ambition, je revendique assez fièrement ne pas en avoir du tout. L'amoureuse préfère toujours que je conduise. Parce qu'elle aime être guidée par son homme. C'est dans sa nature. Je n'aime pas beaucoup être conduit. C'est aussi dans ma nature. Quand je conduis, je le fais avec assurance, avec arrogance même parfois. Comme je vais dans la vie. Je n'utilise pratiquement jamais mon klaxon, même quand je le devrais car je le trouve ridicule. Un petit pouet terriblement aigü. D'une virilité contraire au TABARNAK que j'enverrais parfois en klaxonnant.
Je sacre toutefois peu au volant. Seulement quand l'amoureuse ou mes enfants me forcent à écouter la radio commerciale francophone. J'échappe de temps à autre un "fucking pig" quand je croise un policier tout comme je résiste à l'autorité partout ailleurs. Je suis rebelle sans effort. Mais prudent. Je n'ai roulé qu'une seule fois au-dessus de 140 et c'était le 17 décembre 2009 en direction de Québec, seul au volant, sans le réaliser pleinement. Mon père venait de mourir subitement en jouant au hockey. Je zonais dans ma tête. Et le contrôle de ma pédale m'échappait.
Je bois mais ne conduit jamais sous influence. Sinon sous influence musicale. Prudent tout le temps.
La vie n'ira jamais plus vite que sous l'impulsion qui m'est instinctive.Mes freins sont peu fiables. Comme je peine à me freiner dans mes élans dans la vie "courante" aussi.
J'aime conduire, j'y prends toujours plaisir. J'aime la route. 8 heures entre le point A et le Point B? Aucun problème. J'ai fait trois fois 24 heures de route entre le Québec et la Floride (avec repos, calmez-vous), sincèrement sans efforts. Ce n'est pas la voiture ni le miracle de la mécanique qui me traîne que j'aime, c'est la route.
J'adore les crescendos. Encore plus les chansons qui nous mènent dans toute sortes de directions ou qui pourraient durer, durer, durer. Je conduis souvent ma vie sur plusieurs fronts. J'arrive toujours à bon port et de toutes les manières. Entendre "recalcul" sur mon GPS n'est jamais un drame.
J'ai detesté Patrice Brisebois et Craig Rivet toute leur carrière de joueur de hockey à Montréal. Parce qu'ils accordaient des entrevues en donnant l'impression qu'ils étaient rendus. Oui, ils jouaient dans la LNH mais jouaient nettement en dessous de leur capacités. Martin St-Louis, un joueur de hockey formidable qui n'a plus rien à prouver, donne toujours l'impression que c'est le dernier match de sa vie. Il a sur sa route mené son club à une coupe Stanley et a remporté (une fois? deux fois?) le championnat des compteurs. Il sait qu'il ne sera jamais rendu. Qu'il ne devrait jamais se condidérer comme "rendu". Ne jamais trop vite se satisfaire de soi-même.
L'important n'est jamais la route, ni même le véhicule, c'est le trajet.
Une pub de voiture le rappele dans une mauvaise traduction.
En anglais on parle de journey.
En français on a platement traduit par peu importe la route.
Trahison de sens.
Journey=parcours
En amour ce n'est pas de conquérir le/la partenaire de nos rêves qui soit important, c'est la durée de la suite, une fois que vous l'aurez séduit/e.
Je n'ai pas d'ambitions parce que jamais je ne veux être rendu quelque part.
Parce que ce quelquepart on le connait tous, c'est la mort.
Et moi, c'est toujours le trajet et tout ce que j'y croiserai (et qui fera de moi un meilleur homme) qui m'intéressera.
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