Oh ce que j'avais faim.
Mais en même temps je me devais d'appeler afin de commander les livres d'école de mon ado pour la rentrée scolaire 2013. J'étais en retard là-dessus.
Bien entendu on m'a mis en attente. Et ce sandwich qui me regardait...
...Et ce ventre qui grommelait...
...et ce sandwich...
...et ce ventre...
...ce sandwich...
Bien entendu j'ai pris une bouchée, bien entendu une voix fluette m'a dit "Bonjour est-ce que je peux vous aider?", bien entendu j'ai répondu la bouche pleine de sandwich "Chtadwajaldjisteuffliv!"
C'était ce genre de journée sur un air de Charlie Chaplin où tout semble légèrement à côté de la plaque qui avait commencé ailleurs, dans la douleur.
Je revenais d'une pêche bredouille. J'étais allé chercher une casquette pour mon neveu. Vous savez ces casquettes trop grandes trop laides à grosse palettes qui fait que je suis un vieux râleur et que ceux qui les portent sont jeunes et cools? Je devais aller lui acheter pour lui offrir en cadeau aux couleurs d'un club de football. Je devais aller la chercher. Comme dans prendre sur le rayon, payer et ramener à la maison. Une opération de quelques minutes à peine.
Mais non.
Ces casquettes idiotes ont des formats. 7 1/4, 7 5/8, 8 3/8. Je ne pouvais même pas compter sur la tête de mon fils qui a une tête comme la mienne, une tête de forceps et un cerveau de génie* qui la rend beaucoup trop grosse pour à peu près toute (même les cheveux). J'ai essayé de rejoindre une première soeur, la mère de ce neveu. Deux # de téléphones, un texto, sans succès. J'ai essayé mon autre soeur. Deux # de téléphones, deux textos, sans succès. J'ai même essayé ma mère, deux # de téléphone, sans succès. Je suis resté debout entre 30 minutes et trop longtemps dans la jungle du centre commercial et là j'ai souffert.
La martyre, le mal-être, le vrai. Pas parce que je ne pouvais pas les rejoindre. Pas même à cause de la casquette. Parce que d'autres tentaient de me rejoindre.
Une radio FM, le 94,3 pour ne pas la nommer sévissait dans le centre commercial. Commençait une chanson que j'aime bien...le beat, la fille de Peterborough, sa manière de dégainer, l'accent du Sud de la Louisiane dans son (a)clap your hands...(a)stompa you' feet. Un petit côté black en agréable jeune femme de 30 ans.
Puis non...je me suis mis à la détester. PARCE QU'ILS EN ONT FAIT UNE VERSION FRANÇAISE! Et il n'y a que cette version qu'on entend ici et là au Québec.
J'étais d'abord humilié parce que je me disais que ça devait être parce qu'on nous prenait pour trop bêtes pour comprendre ce qu'elle racontait en anglais. Puis j'ai compris qu'en procédant ainsi, sans même se soucier de traduire le refrain, on contournait les règles de quotas francophones en produisant cette merde ni tout à fait anglo, à peine franco. Puis a suivi plus grosse cochonnerie sonore encore. Un refrain anglo, une chanteuse médiocre, un refrain volé à Nancy et Ann Wilson et composé dans les années 80 (ou avant), une SUPERMARDE.
Et je ne vous invente rien, a tout de suite suivi une chanson qui me plait bien parce que justement, elle a un parfum des années 80...PLUS MAINTENANT, JE LA DÉTESTE! ILS L'ONT FAIT EN FRANÇAIS!!!
Enfin même pas, ils ne se sont pas badré non plus de traduire le refrain parce que...parce que...je ne sais pas...je ne comprend tout simplement pas cette idée de prendre une oeuvre originale et sous prétexte d'atteindre les idiots quotas francophones exigés à la radio, on trouve acceptable de coller quelques mots en français. Et nous, les graines de courges sous-alimentées, de jouer ces minables morceaux.
C'est d'une lâcheté extrêmement déshonorante.
Probablement parce que j'avais très faim, j'ai eu une très sévère nausée à la quatrième chanson, puis, à la cinquième, c'était Coldplay* qu'on a mis en ondes en retranchant les 13 premières secondes ce qui m'a fait dire à voix haute sans le réaliser tout de suite: "Partez-là au début, bandes de macaques!" puis j'ai vomi. Ce qui a fait rigoler deux jeunes filles tout près.
Bien entendu je vieillis à chaque heure que l'on m'accorde. Bien entendu cette radio ne s'adresse plus à moi. Bien entendu, j'aurai toujours le choix de ne pas fréquenter les stations qui sabotent ainsi les produits qu'elles devraient honorer.
Mais quand ce sont les stations avec ses informes avortons qui vous attaquent...
Je n'aurai plus jamais faim de la radio commerciale de Montréal.
Commerselles.
Ma radio est obèse à force de jouer autant de merde.
*Ou Joe Satriani ou Frances Limon, choisissez votre pirate.
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