Son père bénéficie des réformes de Catherine II et de ses successeurs qui donnent aux Juifs des terres pour les cultiver et leur permettent d'employer des chrétiens pour travailler. Le père est un homme doué pour le travail des champs mais illettré, c'est pourquoi son fils doit faire des études pour l'aider à faire la comptabilité, un domaine dans lequel Lev va exceller.
Leon (variante de Lev) se distingue par ses brillants résultats pendant ses études à Odessa. Il évolue dans un cercle de propagande révolutionnaire de Nikolaïev. Il ne tardera pas à abandonner ses études, renonçant à devenir un mathématicien, sous l’influence d’un groupe populiste. Il a 17 ans quand il est tenté par les idées populistes, qui voient dans la paysannerie russe le germe de la révolution future, il adhère aux positions politiques sociales-démocrates. Il prend part à la création d'un syndicat ouvrier du sud de la Russie. En 1898, la police procède à des arrestations de masse durant lesquelles il est arrêté et envoyé en prison. C'est là qu'il étudie les nombreux textes religieux à sa disposition à la bibliothèque de la prison, dont un certain nombre porte sur la franc-maçonnerie. Il s'initie également à la théorie marxiste, probablement influencé par celle qu'il fréquente amoureusement à cette époque, la jeune marxiste Alexandra Lvovna Sokolovskaïa, l'une des anciennes dirigeantes du syndicat. Il la marie en prison en 1900 afin d'éviter d'être déporté en Sibérie. Ils auront deux filles. Il réussit à s'évader en 1902, sans sa femme et ses filles. Le passeport falsifié qu'il porte est au nom de Troktski, d'après le nom d'un gardien de la prison d'Odessa, qu'il choisit peut-être pour dissimuler ses origines juives, et qu'il gardera comme pseudonyme toute sa vie, un K généralement sacrifié. Sous cette fausse identité, il émigre alors vers l'Angleterre.
Lénine le fait entrer dans le comité de rédaction du journal Iskra afin d'être le rédacteur tampon entre les anciens et les jeunes (comme Lénine).
Durant l'été 1903, le Parti ouvrier social-démocrate de Russie est scindé en 2: bolchéviques et menchéviques, Trotski soutient d'abord ardemment Lénine mais ne joint pas les bolchéviques. Pour lui, la faiblesse de la bourgeoisie russe ne lui permettrait pas d'instaurer le capitalisme, et c'est la classe ouvrière qui devrait prendre en main la destinée du pays pour passer directement du féodalisme au socialisme, sans passer par le capitalisme. Trotski garde ses distances de Lénine qu'il juge sévère et trop autoritaire dans ses manières. Il sera relativement isolé pendant 13 ans.
En 1905, il est rentré en Russie illégalement. Il est à nouveau arrêté et condamné à la déportation à perpétuité en Sibérie et déchu de ses droits civiques. Cependant, Trotski s'évade durant le voyage et entame alors son second exil.
Il fonde le journal Pravda en Autriche et se pose en défenseur de l'unité de l'ensemble des sociaux-démocrates, toutes tendances confondues, y compris les plus radicales. Cela lui vaut de vives tensions avec Lénine. Toutefois la Première Guerre Mondiale réunit les deux penseurs Soviétiques sur la dénonciation commune que la guerre a un côté impérialiste qu'il faut dénoncer. Arrêté à nouveau, puis expulsé de France en septembre 1916, il est conduit en Espagne. Là, il est arrêté par la police espagnole et embarqué de force avec sa famille pour les États-Unis. Installé à New York à partir de janvier 1917, il contribue au journal Novy Mir. Après la révolution de Février 1917, Trotski retourne en Russie.
Il devient président du Comité militaire révolutionnaire en octobre, devenant l'un des principaux dirigeants bolcheviks de la révolution d'Octobre. Cette fois, il est du côté de Lénine. Les troupes de Trotski anéantiront les makhnovistes. Il devient ensuite commissaire à la guerre de 1918 à 1925, durant la guerre civile. Il organise les opérations militaires et intervient sur tous les fronts à bord de son train blindé. En parallèle, il fait partie du Politburo de 1919 à 1927.
Quand la santé de Lénine péréclite, une lutte interne s'orchestre pour la relève du pouvoir. Trotski se voit comme le successeur légitime de Lénine, mais Staline ne le voit pas ainsi. Ce dernier est habile en réseautage tandis que Trotski néglige de se faire un réseau d'allié au sein du parti. Trotski et Lénine sont contre une bureaucratie que Staline met en valeur. Quand Lénine meurt, la bureaucratie stalinienne s'insère dans le parti.
Trotski magouille gauchement une opposition à Staline qui lui vaut d'être exclu du parti en 1927 et d'être déporté. Staline finit par le faire expulser d'Union soviétique deux ans plus tard, pendant que la répression s'abat sur ses partisans. Durant cet exil, Trotski écrit de nombreux ouvrages et continue à militer pour le communisme et la révolution internationale. Il crée en 1930 l'opposition de gauche internationale.
Selon Trotski, la bureaucratie russe est une couche sociale parasitaire qui étouffe le pays en prélevant une part des richesses et dont Staline est le représentant politique et le défenseur. Il passe de Constantinople à la France en passant par la Turquie. Indésirable partout, il se réfugie en Norvège. Les purges staliniennes le ménagent étonnamment. Il se sauve quand même au Mexique.
Il s'installe avec son épouse chez le couple de peintres Diego Rivera et Frida Kahlo dans leur Maison bleue. Il a une liaison passionnée avec Frida Kahlo, âgée de 29 ans, qui lui dédiera un tableau. Quand la liaison fait surface, Trotski se brouillera avec Rivera, bien entendu.
Les travaux de Trotski quant à l'organisation de l'opposition de gauche débouchent sur la création de la IVe Internationale en 1938 avec 25 délégués représentant 11 pays.
Deux militants américains qui lui servaient de gardes du corps et de secrétaires n'ont pu empêcher Ramon Mercader d'asséner de violent coups de piolets à l'arrière du crâne de Trotski en 1940. Sachant que des agents de Staline tenterait de l'assassiner, il aurait vu sa femme dans le jardin et aurait écrit La vie est belle.
Il meurt assassiné aujourd'hui, il y a 73 ans.
Les nombreux mouvements membres de la Quatrième Internationale se réclament toujours de la pensée de Léon Trotski, bien que leurs positions politiques soient loin d'être homogènes, l'héritage de Trotski étant revendiqué de manière contradictoire.
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