Me voilà, brûlant de passion, comme du vin fûmant. Pas une passion simplement charnelle mais un total appétit de toi, une envie dévorante.
J'ai lu dans les journaux sur le suicide et le meurtre et je les comprends complètement. Je me sens assassin, suicidaire. Je trouve honteux de ne rien faire, de tuer le temps d'un autre, de le prendre avec philosophie, d'être sensible. Où est passé l'époque où les hommes se battaient, tuaient pour la main d'une femme, un regard, etc? (un gramophone joue en ce moment ce terrible aria dans Madame Butterfly).
Je t'entends encore chanter dans la cuisine—une sorte de plainte cubaine monotone et sans harmonie. Je sais que tu es heureuse dans la cuisine et que le plat que tu as préparé est le meilleur que nous n'ayions jamais mangé ensemble. Je sais que tu t.es brûlée sans te plaindre. Je ressens la plus grande paix intérieure et le pluis simple joie assis avec toi dans la salle à manger à te voir remuer ta robe comme la déèsse Indra émaillée de ses 1000 yeux.
Anais, je croyais t'aimer avant; ce n'est rien à côté de la certitude actuelle. Est-ce que tout ceci n'étiat merveilleux parce que bref et volé? Étions nous comédiens l'un pour l'autre? Étais moins moi pour moi et toi plus ou moins toi? Est-ce de la folie de croire que ceci pourrait continuer? Quand devrions nous alors beige et plate? Je t'ai beaucoup étudiée afin de découvrir des défauts, des points faibles, la zone de danger. Je n'ai rien trouvé. Rien. Ceci veut dire que je suis en amour. Aveugle, aveugle. Aveuglé pour toujours! (Si tu entendais le gramophone maintenant).
Toute la matinée j'étais dans mes notes, feuilletant ma collection de disques, me demandant par où commencer, ne voyant pas un prochain livre à venir mais une vie de livres.
Mais je n'ai rien commencé. Mes murs sont parfaitements vides. J'avais tout enlevé avant de te rencontrer. C'était comme si je m'étais préparé à tout quitter pour toi. Les murs sont marqués, là où nos têtes se sont appuyées. Sous le bruit du tonnerre et parmi les éclairs je suis étendu sur le lit et je rêve furieusement. Nous sommes à Seville, puis à Fez et enfin à Capri et en Havane. Nous sommes ne constante odyssée. Mais il y a toujours une machine et les livres et ton corps près du mien et ce regard de ta part qui ne change jamais. Les gens disent que nous serons misérables et que nous regrettreront tout ça, mais nous sommes heureux, nous rions toujours, nous chantons. Nous parlons espagnol, français, arabe et turc. Nous sommes acceptés partout et on nous accueille avec des hordes de fleurs.
Je parle d'un rêve de fou furieux mais c'est celui d'une folie que je veux réaliser. La vie et la littérature combinés, savoure la dynamique, toi avec ton âme camaléonique qui me nourrit de 1000 amours, moi avec mon style méphistophélique, toujours ancrés l'un pour l'autre peu importe la tempête, confortablement chez soi peu importe l'endroit où nous sommes. Les matins, reprenant là où nous avions laissés. Résurection après résurection. Toi t'affirmant davantage, obtenant la vie riche et variée que tu te souhaites; au point de me désirer, au point d'avoir besoin de moi. Ta voix devenant plus rauque, profonde, tes yeux plus sombres, ton sang plus épais, ton corps plus plein. Une servilité voluptueuse, une tyrannique nécessité. Plus cruelle maintenant que jamais. Consciemment cruelle. Volontaire.
Le délice insatiable de l'expérience.
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