Karen Ann était une jeune fille sans histoire.
Née d'une fille-mère d'origine irlandaise à Scranton en Pennsylvanie en 1954, elle est aussitôt mise en adoption et prise en charge par un couple du New Jersey: Joseph et Julia Quinlan.
Karen aura une soeur de ses parents adoptifs, Joseph et Julia, en 1956 et un frère un an plus tard.
Élève ni bonne, ni mauvaise, elle n'a pas de difficulté à se faire des amis et à s'intégrer à tous les milieux. C'est une jeune fille populaire qui n'est jamais au centre des controverses et qui fait peu de vagues.
Du moins pour l'instant.
En 1975, comme bien des jeunes filles de son âge, et encore des milliers aujourd'hui, Karen se soumet, peu de temps après avoir fêté ses 21 ans, à un régime extrèmement strict. Elle le fait dans le but d'être en mesure de porter une nouvelle robe qu'elle vient de s'acheter.
Le 14 avril 1975, elle n'a pas ou pratiquement pas mangé depuis deux jours. Elle se rend à l'anniversaire d'un ami dans un bar local. Sur place, elle consomme quelques gins tonics. Elle prend aussi quelques valiums. Peu de temps après, elle s'évanouit. On la ramène à la maison pour l'étendre sur son lit. Quand ses amis viennent revoir si tout se passe bien avec elle, 15 minutes après l'avoir couchée, elle ne respire plus.
Une ambulance est appellée est on lui fait le bouche-à-bouche. Sa peau reprend peu-à-peu de la couleur mais elle ne reprend pas conscience.
Quinlan est admise au Newton Memorial Hospital dans le coma. Elle y reste 9 jours sans être en mesure de réagir à quoi que ce soit avant d'être transférée au St-Clare's Hospital, un plus grand hôpital.
Ayant cessé de respirer plus de 20 minutes, son cerveau a subit des dommages irréversibles. Aucune cause n'a été donnée pour expliquer cet arrêt respiratoire. Elle se trouve dans un profond état d'nconscience et tombe dans un état végétatif permanent. Ses yeux ne bougent plus dans la même direction et les électro-encéphalographie montre un flux d' activité cérébrale extrèment lent et irrégulier.
Sa condition se détériore au cours des mois et elle perd beaucoup de poids. Elle tombe sous la barre des 80 livres. Elle était candidate à ce que l'un de ses poumons se détache carrément. Elle est nourrie par sonde naso-gastrique et on lui place les parois respiratoires sous un respirateur artificiel.
Après plusieurs mois ainsi les parents de Karen perdent espoir et exige de retirer le système respiratoire qui semble être la seule chose qui la maintienne en vie. La direction de l'hôpital, avant de se plier à la demande et afin de ne pas être accusée d'homicide involontaire, demande alors à un juge si il a l'autorisation de lui enlever les respirateur artificiel, au risque de la faire mourir. Un débat s'ensuit. Est-ce moral d'agir ainsi? Végétative, Karen Ann Quilan fait soudainement beaucoup de vagues. L'histoire monopolise énormément l'actualité de l'époque. C'est la cour suprême qui tranchera un an plus tard en faveur du retrait de l'appareil respiratoire. En 1976, il s'agit d'un cas qui fera histoire. L'un des touts premiers dans la catégorie "droit de débrancher ou non". Un débat moral important.
Toutefois Karen étonne tout le monde et respire très bien sans aide. On la nourrit toujours comme auparavant et elle survit ainsi, sans progrès, pendant 9 ans. Elle meurt des complications d'une pneumonie en 1985.
Elle inspire une chanson de The Smiths et un roman de Douglas Coupland (lourdement inspiré de l'oeuvre de The Smiths également).
C'est aujourd'hui, dans la nuit, que Karen Ann Quinlan, 21 ans, tombe dans le coma il y a 37 ans.
Souhaitant être belle dans sa nouvelle robe.
Dans sa nouvelle vie d'adulte qu'elle ne verra jamais.
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