(Au docteure L. dont j'admire le courage et qui fête son anniversaire aujourd'hui. XXX)
Début mars, les omnipraticiens ont réchignés contre les auteurs de la série Trauma parce que l'un des personnages, médecin spécialiste, a dit à un autre personnage, médecin généraliste:
- On ne soigne pas des rhumes quand on peut réparer des organes, à moins d’être une ratée.
et encore:
- Sophie veut devenir médecin de famille, pourquoi pas faire des ménages?
En somme les répliques de la médecin spécialiste à la médecin de famille étaient méprisantes pour la médecin de famille. Les omnipraticiens accusent l'émission Trauma de Fabienne Larouche de véhiculer des préjugés «futiles et ignares» sur la médecine familiale.
PLEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEASE!
Laissez-moi vous parler de ma réalité propre de très-rare-usager-des-hôpitaux-dans-le-450-mais-qui-paiera-quand-même-40%-de-son-salaire-brut-pour-que-vous-puissiez-quand-même-attendre-8-heures-aux-urgences. Je ne fréquente pas souvents les hôpitaux mais je fréquente mes amis. Pas un, pas deux mais trois de mes amis sont passé d'étudiant en médecine à stagiaire (obligatoire) à médecin de famille. Pas un , pas deux mais les trois ont dû subir le mépris de leurs collègues quand à leur choix de carrière. Les trois ne se connaissent même pas et ont travaillé dans des régions différentes. Et le mépris qu'ils ont subi était tout aussi subtil que celui exposé dans la fiction qu'est Trauma. Quand une amie a clairement indiqué qu'après son stage aux urgences, elle projetait de se concentrer sur son futur travail de médecin de famille, on a tout fait pour la dissuader. Quand on s'est rendu compte qu'elle ne changerait pas d'idée, on l'a méprisé en passant des commentaires à voix haute sur ses "incapacités". On l'a psychologiquement taxée sur son métier. Un autre ami s'est fait dire "qu'il n'était pas tout à fait un médecin mais un orienteur". La troisième s'est fait demander ce qu'elle trouvait de valorisant dans son métier.
Pas par des usagers du système de santé. PAR DES COLLÈGUES.
Je m'attends à un peu de réalisme dans mes séries télés, mais pas QUE du réalisme. De l'extraordinaire aussi. Je crois que la bonne fiction est faite du mélange des deux. La trame narrative "mépris d'un département par rapport à un autre" existe non seulement dans les hôpitaux mais probablement dans toutes les sphères sociales, que ce soit les avocats, les policiers, les fonctionnaires, les politiciens, les équipes sportives, les troupes artistiques, les bureaux, les enseignants et quoi encore qui sont autant de familles qu'il existe de chicanes de familles dans le monde. Je connais peu les hôpitaux mais les échos que j'en entends de mes amis sont très près de ce que je lis (je ne suis pas la série je ne peux me prononcer sur autre chose). Mais ça? le mépris à l'égard du médecin de famille? très très très vrai. Il n'y a rien de plus vrai.
Les hauts cris de la fédération des omnipraticiens ridiculisent davantage le jugement des gens qui exercent leur profession que les performances (souvent ordinaires) des comédiens de la série (du moins dans les bandes-annonces).
Le vrai mal de cette série (selon ce qu'on me dit je ne l'écoute pas je le répète) est de ne pas accorder suffisament de place aux employés de soutien comme le personnel infirmier et le personnel de soutien qui sont souvent les vrais héros.
Il est plutôt drôle de voir que le miroir dans lequel se voient certains médecins soient si maquillé qu'il ne sache plus en reconnaître le visage original. D'ailleurs les deux répliques qui donnent des cauchemars à la Fédération des omnipraticiens sont livrées d'une femme à une autre. Pourquoi n'ont-ils pas choisi l'angle de critique "qu'il est discriminatoire de continuellement montrer des femmes se bitcher entre elles, voire cliché et sujet à générer des préjugés?". Ça aurait été aussi valide. On peut disgrésser beaucoup sur les préjugés.
Les médecins sont-ils tous comme ceux montrés dans la série Trauma?
Non! surtout pas. Mais les ours n'ont pas tous des chapeaux et des cravates parce que Yogi les portaient.
C'est-de-la-fiction.
Et ce bout décrié, est tiré du VRAI. Ce qui rend tout ça plus absurde encore.
Vite du prozac pour nos omnipraticiens.
Vous avez fait la plus belle pub à une série qui n'en valait peut-être même pas le souffle avec lequel vous vous êtes exprimé.
On s’insurge contre la désinformation dans une oeuvre de fiction...
PLEEEEEEEEEEEEEEEEEASE...
C'est le jugement du télespectateur que les omnipraticiens méprisent ici.
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