La température s'est mise belle pour ne pas indisposer les manifestants.
Augmentation des frais de scolarité, fermeture de la compagnie Aveos, gaz de schiste, pose imposée de compteur$ "intelligent$" en or pour mieux voler le citoyen de la part d'Hydro-Québec, Rio Tinto Alcan, même le Premier Ministre s'est fait arrangué en plein souper en famille au restaurant un soir. Tout le monde s'y met.
L'association de mon université a vôté sur la (potentielle et nommée à tort) "grève" des cours la semaine dernière. 3356 étudiants de la Faculté de l'Éducation Permanente de l'U de M ont pris part au scrutin sur une possibilité de 6565 inscrits au trimestre d'hiver 2012. Ceci veut donc dire que 51,12% des étudiants on pris part au vote. Un chorum de justesse. 1735 personnes ont voté pour la non suspension des cours pour les deux prochaines semaines. 1621 ont voté pour profiter du beau temps pour manifester. 51,70% CONTRE le levée des cours, 48,30 EN FAVEUR d'un congé de deux semaines repoussant la session d'hiver des deux mêmes semaines. Pour en avoir discuté avec plusieurs étudiants en classe, c'est assurément les deux semaines qui étireraient la session qui ont fait la différence. Plusieurs étudiants (dont moi) ont des sessions d'été dont les semaines chevaucheront alors la session d'hiver comme ce fût le cas lors de la dernière grève, celle des chargés de cours. D'autres ont peut-être aussi des engagements avec des employeurs à la fin de la session d'hiver qu'il ne pourront pas tenir si la session se prolongeait.
Avec une marge si sérrée je m'attendais à une semaine assez intense à l'école où, tout comme à l'Université de Trois-Rivières, des étudiants ayant voté pour la levée des cours forceraient la main de ceux qui se présentent aux cours en bloquant l'accès aux classes. Je m'attendais à une tension certaine dans les environs de l'Université. Et bien non.
Calme plat.
La tension, c'est sur la route que je l'ai croisée. Tout d'abord sur le plateau Mont-Royal, bien que je sois tout à fait d'accord avec l'idée, depuis que le maire Ferrandez a changé la direction de certaines rues, avec les minables constructions et tout et tout, le traffic est tout simplement infernal. Je dois quitter deux heures avant mon cours pour arriver 10 minutes avant que la classe ne commencent à 19h00 trois soirs par semaine. Un trajet qui devrait me prendre moins d'une demie-heure. Je peux composer avec ça parce que je suis relativement anti-char, que je crois que l'île de Montréal devrait être complètement sans voiture et que de commencer par le plateau n'est pas une vilaine idée. De plus, ma voiture a la meilleure musique en ville puisque gérée par DJ MwâMêm et baigner dans l'univers sonore de mon char est toujours un charme. Je vois toutefois des gestes d'impatience chez les gens autour de moi.
Non, là où la tension s'est manifestée pour vrai c'est sur la rue St-Joseph. Que je suis maintenant forcé d'emprunter parce que la magnifique rue Laurier n'est plus que dans une seule direction. Pas la mienne. Il y a un parc qui fait le coin St-Joseph/rue St-Laurent. Sur le terrain de ce petit parc, une large pancarte blanche qui souligne la position cléricale face à l'avortement. Je suis toujours trop mal placé pour tout lire ce qui y est écrit mais ce qu'on distingue clairement c'est le "Prions pour la fin de l'avortement". Autour des cette pancarte sur le terrain et face au traffic des gens, âgés pour la plupart, des femmes et beaucoup d'hommes qui REsoulignent le message de l'église. Un d'eux a perpétuellement la tête penchée avec sa pancarte "prions pour les enfants tués". Chaque fois que je les ai croisé j'ai eu envie d'argumenter avec eux. Ne serais-ce que pour leur demander si il n'avait franchement pas mieux à faire. Ou encore comment faisaient ils pour comptabiliser les "bébés sauvés" depuis 40 jours dont ils tiennent le décompte qui augmentent toujours et qui est affiché sur un bout de carton. Par les naissances depuis 40 jours? De considérer chaque naissance comme une potentielle morte n'est-ce pas aussi bête que de considérer chaque trajet de voiture comme un accident duquel on a survécu?
Mais voilà l'autre jour, à l'exact même endroit, j'ai été étonné d'y voir une contre-manifestation. Un groupe, encore plus nombreux qu'à l'habitude, pratiquement juste des femmes, dont plusieurs très enceintes. Avec des affiches disant sommairement "PRO-CHOIX". Un homme déguisé en moine aussi qui faisait dans la dérision.
Ça m'a fait rire. Je réalisais que je circulais trois soirs par semaine en terrain de guerre. En terrain miné. Sur le même monticule de gazon où trône une grosse pancarte blanche, le duel que je croyais rencontrer à mon université je le croisais sur le boulevard St-Joseph. Et ce soir-là (mardi) il y avait les deux factions: les "pros" et les "anti". Probablement à cause de ma position sur le sujet je trouvais le groupe des pro-choix plus sympathique mais il y avait une troisième composante. Ça m'a pris du temps à comprendre mais le traffic était particulièrement lent par ce jour de lourd soleil et c'est le carré rouge de solidarité étudiante qui m'a fait allumer.
Il y avait les pro-choix, les pro-vies et les étudiants. Et tout le monde gueulait. Et je comprenais tout d'un coup que même le sujet de la hausse des frais de scolarité n'était plus à l'ordre du jour.
Il y avait 4 sous-groupe!
Les pros-choix, les pros-vies, les étudiants qui manifestent contre la hausse des frais de scolarité qui sont pro-choix et les étudiants qui manifestent contre la hausse des frais de scolarité qui sont pros-vies.
Les confrères d'hier étaient les ennemis d'aujourd'hui.
C'est souvent comme ça les prises de position.
Parlez-en à Sartre et Camus, Jung et Freud, Lennon et McCartney ou Che Guevarra et Castro. Frères hier, Judas aujourd'hui.
Moi je rigolais dans la voiture et me demandais si ça allait tourner à l'émeute car le gazon de l'église était très agité, certains étaient dans la rue et j'ai eu l'impression qu'on regardait une bagarre quelque part, mais après coup je me suis dit que ce ne devait qu'être un discours qui se donnaient et des auditeurs attentifs.
Moi j'étais attentif à ma conduite aurtomobile et j'ai suivi le traffic laissant la potentielle émeute derrière.
À l'école, le calme plat ce soir-là. Comme le soir d'avant. Comme le soir d'après.
Puis le jeudi 22.
200 000 dans l'ordre et la discipline.
Plus intelligente que ces crétins qui nous dirigent.
Bravo peuple. Un jour leur rectum sera peut-être aussi abîmé que le vôtre.
Ce n'est qu'un début...
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