À Homs il n'y a pas de dimanche. Pas de jour de repos. À peine des nuits, les yeux grands ouverts. Chez les distributeurs de noirceur: Bachar al-Assad, qui est en train de réussir là où les autres ont échoué.
En Égypte, les citoyens se sont relayé les informations pour formenter la révolution sur les réseaux sociaux. Ceci a précipité la chute du tyran qui gouvernait leur pays. Quand Khadafi a lancé des chars d'assaut au coeur de Benghazi, toutes les caméras avaient réussi à le filmer. La presse internationale a servie de témoins, de courroie de transmission, pour alimenter le mépris du monde entier (moins quelques croches sociétés) à son égard et la chute éventuelle du dictateur.
Bachar al-Assad le sait trop bien. Si il tire aveuglément sur la ville de Homs, où sont prisonniers non seulement d'innocents civils mais aussi beaucoup de journalistes, c'est qu'il peut faire une pierre deux coups. Il peut tuer "par erreur" des journalistes encombrants dans le traitement de son image, faire passer le message qu'il ne faudrait pas trainer par là, et en bonus, installer chez les citoyens une frayeur extrême qui obligera la domination mentale et physique dans son peuple.
J'ai dis que beaucoup de journalistes sont prisonniers de la ville de Homs. C'est de moins en moins vrai. De toute façon dans toutes les guerres la vérité est toujours la première victime. Le Canada vient de fermer son ambassade en Syrie et la plupart des journalistes étrangers qui étaient sur place, ont fui. Ou se cachent.
Se font pour le moins discrets. Si ils voudraient attirer l'attention du monde entier sur la situation là-bas, ils ne voudraient surtout pas attirer l'attention du sadique Al-Assad. La journaliste des États-Unis et spécialiste du monde arabe Marie Colvin et le photographe français Rémi Ochlik y ont laissé leurs vies récemment. Rien n'indique encore que al-Assad ne tentera pas d'effacer Homs complètement des cartes de la Syrie et d'en faire un terrain vague.
Damas a cessé d'accorder des visas au journalistes étrangers il y plusieurs semaines déjà.
La stratégie d'al-Assad est d'installer un opaque mur anticommunication qui fera en sorte que les infos ne sortent pas de son pays de soumis et d'insoumis. Pour que ce qui se passe dans le vestiaire syrien, reste dans le vestiaire syrien.
Javier Espinosa est un journaliste du journal espagnol El Mundo. Il a tenté de fuir pendant la nuit accompagné d'un groupe de civils qui avait des enfants. Ces enfants, trop jeunes pour être raisonnés, avaient peur et pleuraient en implorant leur mère, ce qui a attiré l'attention des tireurs qui ont aussitôt tiré aveuglément dans le noir faisant une demie douzaine de victimes sur le coup. Après s'être caché une heure dans le bois avec les survivants, il a frayé son chemin en passant à 200 mètres des soldats d'al-Assad pour se réfugier dans une maison abandonnée. De jour. Les gens de font qu'attendre, cachés. Les rafales de balles se font par 300 coups de fusil en moyenne dans un même secteur pendant 10 à 15 minutes. La nuit, c'est l'heure des déplacements. Aux plus chanceux, la survie. So far so good pour Espinosa qui rapporte toujours les faits du coeur de la tranchée. "Nous préférons rester ici et en mourir que de continuer à vivre comme nous le faisions avant" prétendent les résidents de Homs.
Tragique vous dites? Espinosa a réussi à se faufiler au Liban depuis.
Paul Wood, journaliste britannique de la BBC est aussi dans l'épicentre de la révolte. Il fait un travail remarquable afin de rapporter des témoignages et des images des massacres sur place. L'entrée légale en Syrie est devenue impossible. Et avec le déchaînement de feu contre les villages contrôlés tant bien que mal par les rebelles, les reportages clandestins sont devenus suicidaires. Damas a menacé de traduire en justice tout journaliste étranger qui se sera infiltré sur son territoire. On a quelques fois l'impression que la vie de Paul Wood se terminera quand le sable d'un sablier syrien sera égrainé.
Ou quand il n'y aura plus de poudre dans la poudrière...
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