vendredi 7 mars 2025

Aimés Jusqu'à en Être Méprisés

Ou le syndrome Nickelback.

Dans les jeunes années 2000, l'internet désormais domine. Nos enfants sont nés respectivement en 1999 et en 2003 et n'ont pas connu un monde sans internet. La formation musicale Nickelback connaissait un grand succès. Entre 1995 et nos jours, ils ont vendu plus de 50 millions d'albums partout dans le monde. Ça leur a fait oublier qu'ils s'étaient connus en travaillant au Starbucks, redonnant le 5 sous au client qui payait son café 95 cents avec 1$, disant toute la journée "Here's your Nickel back". 

La surexposition de leur musique, la critique de la formule plutôt peu originale, l'essor des réseaux sociaux où dans certains sketchs on pouvait dire que "...son chum est si plate, il est fan de Nickelback!", le snobisme de certains critiques, le relai que l'idée d'être plate correspondait à être fan de Nickelback a fait son chemin et autour de 2008, il devenait reconnu que Nickelback était sujet de moqueries.

Ce qui reste ridicule, ils ont vachement réussi. Je ne suis toutefois pas fan du tout. Parce que oui, je ne trouve pas si distinct comme son et surtout parce que ce type de voix ne me charme aucunement. 

Ces vagues de "revirements d'affection" sont fréquents. J'en ai recensé 6 autres sur 6 décennies passées dans le monde de la musique. Avec le contexte qui a semblé mené vers la moquerie. 

Dans les années 60 Jerry Lee Lewis était sur une lancée si extraordinaire qu'il concurrençait tout à fait Elvis Presley. Jusqu'à ce qu'il choisisse de marier sa propre cousine de 13 ans. Bien entendu, ce fût publiquement inacceptable et à peu près tout le monde l'a laissé tomber. J'en ai plusieurs fois jasé. Il a dû se réinventer, mais le mal était fait. 

Dans les années 70: The Bee Gees. En fait, ce n'était pas vraiment dans les années 70, probablement plus dans les années 80, car fin 1979, ils sont encore pas mal populaires. Rois du disco dès 1975, le trio de frères australiens avait été plus folk/pop, sophistopop auparavant. Mais avec la mort rapide du disco, arrivera aussi la chute de ses rois. L'idée de faire un film de fiction musical autour du mythique Sargeant Pepper's Lonely Heart Club Band n'était pas l'idée du siècle non plus. Ça fait oublier injustement leur ère pré-disco. 

Dans les années 80: Milli Vanilli. Ça c'est plutôt tragique. les mannequins allemands Fab Morvan et Rob Pilatus sont tous deux recrutés par le créateur de Boney M. Frank Farian pour feindre d'être les chanteurs d'un duo musical qui était en fait chanté par Brad Howell, John Davis, Charles Shaw, Jodie & Linda Rocco en studio. Mais ceux-là étaient moins "photogéniques". Ça a fini par se savoir que les deux mannequins ne faisaient que du lip-synch quand un disque a sauté en direct, en spectacle. On leur a (étrangement) retiré les Grammys qu'ils avaient gagné (!?! ça restait musicalement bon ou pas ?)  et la carrière du band est morte presqu'aussitôt. Hypocrisie fatale pour Rob Pilatus qui s'enlève la vie sous la pression des moqueries. Dans la jeune trentaine. Ironiquement, de nos jours, les spectacles ont beaucoup BEAUCOUP de pré-enregistré.

                                                                                                                 Dans les années 90: Hootie & The Blowfish. Voilà un autre cas où je n'ai jamais été capable de trouver intéressante cette voix. Mais leur premier album a vendu près de 15 millions de fois en 1994. Leur seul premier album. Ils en ont 6 entre 1994 et 2019. Ils ont été dans le trouble quand ils ont perdu en cour une poursuite de Bob Dylan qui les accusait, à juste titre, d'avoir copié la mélodie et les accords de Tangled Up in Blue sur Only Wanna Be With You. Mais quand on vend autant, ce n'est pas si grave de payer les droits ou de se faire dire qu'on est un groupe de "mon oncle".  On rit encore jusqu'à la banque.    

Dans les années 2000: U2. Voilà un groupe que je n'arriverai jamais à détester. Ils ont grandi avec moi. Mais Bono en fait beaucoup, je sais. Souvent trop. Et c'est ce qui a agacé. Ses multiples engagements sociaux parfois très naïfs à travers le monde. qui ont donné naissance, peut-être au terme triché "woke". Quand U2 impose son dernier album sur un nouveau Iphone, non supprimable au début, la grogne monte. Ils devront changer l'application d'Apple pour qu'on puisse l'effacer. Bono en prend l'entière responsabilité. Mais U2, pour moi, reste indélébilement gravé dans mon coeur. Principalement entre 1980 et 1993.

Dans les années 2010: Coldplay. On les accusera de faire de la musique sans audace (ce qui est faux l'album de 2019 est leur meilleur selon moi pour le contraire de cette affirmation, mais aussi le moins vendu). De la musique inoffensive construite pour plaire au plus grand nombre, ce qui est d'une hypocrisie titanesque. La surexposition de leur matériel a aussi joué une part d'écoeurantite. Comme avec Bono, les paroles du chanteur Chris Martin semblent irriter les gens. Ils sont victimes d'un snobisme passablement lamentable et une certaine part de misogynie s'y cache selon moi, leur public restant très féminin.

J'ai des listes de lecture de Jerry Lee Lewis, U2 et Coldplay.

Fuck you all, haters.

Aucun commentaire: