Je l'ai surconsommé, le surconsomme toujours, l'ai étudié, en fût universitairement et école privé diplômé, y ai travaillé, en fût récompensé, puis en suis sorti. Mais le cinéma n'est jamais sorti de ma personne.
Je vous parles d'un film dont j'ai aimé la cinématographie, l'histoire, l'audace, le thème, la distribution, le rythme du montage, le ton, la réalisation, la musique, bref je vous parles d'un film dont j'ai aimé pas mal tous les choix. Et un film, que j'ai aussi souvent dans ma collection privée, chez moi.SPRING BREAKERS d'Harmony Korine.
J'avais beaucoup aimé Gummo. Au point de l'acheter en DVD. Cette chronique du Sud des États-Unis me semble assez unique. Dure, imparfaite et un portrait sordide du Sud des États-Unis. Mais comme j'ai aussi dans ma collection son 5e film, qui est davantage en lien avec la période actuelle, celle des semaines de relâches j'ai choisi celui-là. Semaine qui est en une de relâche aussi pour nous car depuis la nuit passée, nous sommes en République Dominicaine jusqu'à mardi prochain. Les textes que vous aurez d'ici là seront moins liés à l'actualité. Je ne parlerai donc pas du pétard à mèche que sont les taxes douanières avant la mi-mars. Avant que l'incendie ne soit bien entamé.
Harmony Korine faisait du skateboard dans ses semaines de relâches plus jeune. Il a donc pensé un film qui compenserait pour ce qu'il aurait manqué. Une semaine de débauche, d'intoxication, d'hédonisme absolu, de sexe, drogue & rock'n roll et d'excès entre jeunes d'un peu partout aux États-Unis, là où il y a des plages, en Floride. État que l'on sait désormais extraordinairement toxique. Ce film en jasera aussi.
Faith, Candy, Britt & Cotty sont 4 jeunes femmes plus ou moins naïves qui ont amassé seulement 325$ pour leur semaine en Floride. Le désespoir étant la mère des vices, et avec un flair pour les affaires criminelles, elles feront des pactes avec le diable pour s'en sortir. Ces jeunes filles qui se pensent "spring breakers party animals" seront bien petites bêtes, avec insistance sur le dernier mot, mais avec quelques mauvais choix, aussi encagées. Selena Gomez et Vanessa Hudgens sont, en 2012, toutes deux issues du vedettariat plus orienté vers les enfants et les pré-adolescents. Ici, les actrices ont fait le choix de rompre avec cette image et de jouer les jeunes femmes osées. Gomez, Hudgens, Ashley Benson et Rachelle Korine, concubine d'Harmony, passe 75% du film, en bikini ou en culottes très courtes. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'Emma Roberts a quitté le projet, inconfortable avec tout ça, et que la conjointe de Korine y a été intégré. La caméra que Korine fait tourner à Benoit Debie est tout à fait intrusive. Les 40 premières minutes du film est une plongée dans le coeur des festivités excessives, partys déséquilibrés de ces semaines folles. Elles font la rencontre d'un rappeur blanc, 10% rappeur, 90% gangster, qui se la joue black et qui verse dans les activités criminelles et le "dépannage" de jeunes filles désorientées. James Franco est assez formidable dans ce rôle. Elles cadrent dans le profil dont il a besoin. Et vice-versa. On voudrait que son personnage ait son propre film. Comment en est-il arrivé là ?Nymphettes improvisées, non naturelles criminelles, Gomez, Hudgens, Benson & Rachelle crèvent l'écran. La caméra qui semble parfois être celle d'un Iphone, ne manque pas de style. Korine applique un montage intéressant, une courbe narrative crédible, présente un distribution solide, impose des phrases répétées dans la piste de son, agrémentée de musique très bien choisie, on croit en la dérape. It's sick. Malade. Dans tous les sens du terme. On arrive aussi à rire. Dans le délire.Faith porte bien son nom étant issu d'un milieu très pieux et abandonnera les trois autres plus rapidement. Mais ce film est justement sur le thème de ce à quoi on s'abandonne. Auto-indulgent, sombre, provocateur.
Le cinéma, la vie sont des questions de choix.
Ici, on ne parlera que de ça. Et de conscience abandonnée au bord du chemin.Très Nord-Américain.
Très maintenant, en Floride.
Horrible, horrible Floride.
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