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Par moi and only mwa)
Désolé pour la France, autant au Québec que par chez vous, on a très longtemps privilégié le 45 tours ou le single avant la galette complète, Le contenu sera donc très majoritairement anglophone, à 2 albums près. De mon pays qui n'a pas souhaité le devenir, 2 fois déjà.
Un premier album, c'est souvent la somme de plusieurs années de travail, de refrains inconscients qu'on fredonne sous la douche de la pré-adolescence à l'âge adulte, des airs qu'on gratte sur une guitare ou au piano sans arrêts, sans la pression d'une compagnie de disque qui vous pousse dans le cul pour des hits. C'est fraicheur nouvelle quand ça arrive, et ça peut être trompeur si on arrive jamais par la suite, à faire mieux. C'est le cas de quelques-uns, ici.
Par ordre de lancement public:
Elvis Presley d'Elvis Presley (1956)
Dès les deux premiers proposés je triche un peu car la plupart des morceaux sont alors déjà joués à la radio depuis quelques temps ou en spectacle et les gens les connaissent déjà. On pense faire plus d'argent à l'unité que rassemblés. Mais quand on comprend que plus de morceaux implique plus de sous à demander aux consommateurs, ça prendra un certain temps, mais on réunira sur une même galette et on vendra plus cher pour faire plus d'heureux, plus longtemps. Sur le premier effort officiel, en 33 tours, on retrouve d'Elvis pas moins que Blue Suede Shoes, My Baby Left Me, Shake Rattle & Roll et Heartbreak Hotel. Le king devient le premier icône démesurée de la business. Il invente la business.
Please, Please Me des Beatles (1963)
Même chose pour les 4 gars de Liverpool, la chanson titre, Love Me Do, P.S.I Love You, Do You Want To Know a Secret, I Saw Her Standing There, Twist & Shout n'ont plus besoin de présentation, ils cartonnent déjà partout dans le monde, sur scène et à la radio et à l'internationale. 10 ans après la sortie de cet album, une fois le groupe séparé, l'album sera encore d'une fraicheur sans précédent, les 4 garçons dans le vent séduisant de 7 à 77 ans, à la télévision, dans les magasines, partout sur terre.
The Doors de The Doors (4 janvier, 1967)
La guerre du Vietnam met sur le terrain, du côté des États-Unis, des jeunes hommes dont la moyenne d'âge est de 19 ans. Ceci veut dire qu'il y en aurait autant plus jeunes qu'il y en aurait plus vieux. C'est horrible. Toute guerre l'est. Celle-là sera un mouroir pour la jeunesse Étatsunienne qui se trouve quelques idoles à écouter là-bas. Oliver Stone sera parmi ces jeunes. Il en fera
trois films sur le
traumatisme qu'aura été cette guerre. Leur trame sonore pour se divertir ? Le premier album de The Doors. Que Coppola utilise aussi pour
Apocalypse Now.
That was the end, yes.
The end of the american dream. Stone a tant les Doors dans la peau qu'il fera aussi
le film fictif de son impression du band. Un premier album extraordinaire.
The Velvet Underground & Nico de The Velvet Underground & Nico (12 mars, 1967)
Lou a eu le temps de travailler pour une maison de disque et d'écrire des morceaux de musique de tous les styles pour d'autres. Il continuera de le faire, mais avec John Cale, Sterling Morrison, Maureen Tucker et Andy Warhol leur impose la mannequin allemand Nico. Le temps de ce seul album. Mais quel album ! La rumeur veut que tout ceux et celles qui ont entendu ce disque en 1967 ce sont aussi parti un band. Qui passe de l'expérimental à tout ce qu'il y a de plus traditionnel. Mythique.
Are You Experienced? de The Jimi Hendrix Experience (12 mai, 1967)
L'année 1967 est pleine de découvertes. Mon père a 20 ans. Ma mère, 19. Les boomers sont verts de jeunesse. Le gaucher guitariste né à Vancouver nous présente son talent avec Noel Redding à la base et guitare rythmique et Mitch Mitchelle aux percussions. La forme originale et presque jazzée du Cherokeee Irlandais offre un doigté aux cordes rarement égalé. Brillant guitariste et fabuleux arrangeur dans moins de 5 ans il sera déjà mort. Mais quel premier album contenant Purple Haze, Foxey Lady, Hey Joe, The Wind Cries Mary, Fire et la chanson titre.
The Piper At The Gates of Dawn de Pink Floyd (5 août, 1967)
4ème album marquant de nouveaux venus dans cette seule année de l'amour, année de l'Expo (de Montréal). Le groupe de Sid Barrett donne vie au psychédélisme et donne un son au mouvement. Dans la chambre d'écho des studios Abbey Road, entre autres. Même la pochette tentera de reproduire l'effet du LSD dans le regard. Seul véritable album où Sid est à 80% allumé. Il ne fera que détériorer par la suite. Plusieur magazines, dont ceux axés sur les drogues, parlent d'un album indispensable. Coloré, parfois enfantin, définitivement british, acidement pop et aérien. Sid n'en reviendra pas. À quelqu'un qui disait nommez moi un band sans mauvaises chansons, j'ai répondu Pink Floyd. Je le pense encore.
Led Zeppelin I de Led Zeppelin (1969)
Jimmy Page s'est entouré du producteur John Paul Jones et du jeune Bobby Plant qui lui, importe son ami Bonzo Bonham. Ensemble, ils sont lourds. Voilà pourquoi Keith Moon dira d'eux qu'ils ont comme un ballon gonflable de plomb quand ils jouent ensemble. On emprunte partout, on refait, souvent beaucoup mieux et leur premier effort, les 5-6 premiers albums, en fait, sont de grandes oeuvres sonores. Led Zep naît et vieilli terriblement bien. Leur son ne prends pas une ride. Blues rock et ancêtre du heavy metal.
Rares sont des premiers albums aussi parfaits. La chanson d'ouverture étant elle-même une parfaite présentation du band de Newcastle. Pastiche postmoderne, crooner par moments, astral et ésotérique aussi, le groupe, et cet album sera inspirant pour des tonnes de gens. Bowie reprendra un morceau de cet album. Un autre morceau, inspiré de l'atterrissage sur la lune, inspirera le nom d'un groupe électro des années 90-2000. Sera toujours inclus dans les 100 meilleurs albums de tous les temps. Année tout simplement formidable que celle de 1972. Pour des tonnes de raisons.
Closing Time de Tom Waits (6 mars, 1973)
Depuis 3 ans, Tom performe au
Troubadour,. en Californie. Il y fait principalement des morceaux de Dylan, mais quand il ose des morceaux à lui, on reste impressionné. Quand il a son premier contrat de disque, il sera bien reçu, et considéré comme la version plus alcoolisée de Randy Newman au piano. Basé sur la nostalgie, le fatalisme et fraichement issu des premières parties de Frank Zappa qu'il vient de faire, on peut déjà sentir l'envie de folie et de non traditionnel dans ce qu'il présente dans des arrangements agréable et des paroles somme toutes, vulnérables, sardoniques et assez émotives. Une grande carrière se dessine. Ma soeur Janiper Juniper (JJ) nait dans 10 jours. Sera baptisée d'une
illusion auditive d'une chanson de Donovan de 1968 où il chante quelques passages en français.
Tubular Bells de Mike Oldfield (25 mai, 1973)
Mike n'avait que 19 ans quand il a composé et performé tout ça. Il s'agit d'un seul long morceau découpé en deux et où il jouera lui-même 90% des instruments. Mick Taylor et Kevin Ayers ont musiciens de l'album. Oldfield avait tout ça en lui depuis longtemps et heureux de l'avoir enfin enregistré et s'en être débarrassé, il hésitera toujours à le rejouer ailleurs, puisque, perfectionniste, rien ne sera jamais aussi parfait que ce qu'il pense avoir fait en studio. Son utilisation dans le film
The Exorcist, dès décembre suivant, lui fera une popularité qu'il ne retrouvera plus jamais. Mais qui lui sécurise un avenir sans risques dès ses 20 ans.
Harmonium de Harmonium (20 février 1974)
Le trio de Montréal-Nord nous présente un bijou acoustique très folk et douloureusement mélodique. Une perle qui devient aussitôt classique de la musique Québécoise. Chef d'oeuvre lyrique et de jeux de cordes, c'est un album que je chante sans accrocs pratiquement sur le même ton que Fiori. Au Cegep, on fera l'erreur de prendre la chanson éponyme, beaucoup trop longue, pour un exercice de vidéoclip dans un cours de cinéma, et vers la fin, on commence à manquer d'idées pour les images.
Un Musicien Parmi Tant D'Autres,
Pour Un Instant, la chanson titre, y a pas un seul mauvais morceau là-dessus. Et ça vient de chez nous !
Beau Dommage de Beau Dommage (octobre, 1974)
Michel, Pierre, Marie-Michelle, Réal, Robert nous chantent Montréal, les palmiers et les bananiers, et le 7760 St-Vallier Montréal. Ils nous chantent même un blues animal de l'Alaska. Ils nous chantent aussi le squelette du géant Beaupré. 8 des 11 morceaux offerts sont d'incontournables classiques, même un morceau est devenu, avec le temps un classique de Noël. Magique. Encore fièrement de chez nous ! Immortel.
Horses de Patti Smith (1975)
La jeune poète du New Jersey aime s'habiller comme Beaudelaire (comme sur la pochette) et ouvre son album avec un crescendo exceptionnel emprunté en partie à
Van Morrison. Morrissey et Johnny Marr de The Smiths, Siouxie Sioux, Micheal Stipe et Peter Buck de R.E.M. parlent de cet album comme d'une influence majeure dans leurs envie de devenir musiciens. Pratiquement la première femme auteure, la fabuleuse sorcière ensorcelle à merveille. Punk avant l'heure, au moins dans l'attitude, elle a l'intelligence et la sensibilité de l'artiste qui laissera sa peau sur scène ou en studio. Intense, senti et formidable.
Never Mind The Bollocks Here's the Sex Pistols de The Sex Pistols (28 octobre, 1977)
Le punk naît pour vrai avec ces jeunes indisciplinés qui scandent, avec flair, qu'ils n'auront aucun futur. Ce sera le seul album du band monté par Malcolm McLaren. Mais ce sera un album mythique, l'ultime album punk que moins de 10 ans plus tard, j'écouterai comme on relis la bible, tous les jours de mes 14 ans. Guitare lourdes, propos outranciers, irrévérence, l'adolescence et un peu de son essence inélégante.
Pink Flag de Wire (décembre, 1977)
Mieux structuré, band tout à fait inscrit dans la durée, 18 albums entre 1976 et 2020, mais tout aussi brutalement punk, au moins les trois premiers albums, ce disque sera si intéressant et influent, que Henry Rollins, Minor Threat, R.E.M , Firehose reprendront des morceaux de cet album. Elastica paiera même en cours un plagiat d'un morceau de ce disque. La "connection" étant trop évidente...Graham Coxon, de Blur dira qu'il a été largement influencé par de disque pour son 8ème album solo, A+E. C'est aussi un de mes albums préférés toutes époques et style confondus. Ma liste de lecture du band comprend 6 des 10 morceaux de cet album.
The Clash de The Clash (8 avril, 1979)
Étrangement, chez nous, on aura leur second album avant le premier. Mais ce premier est sensationnel. On a pas encore de batteur officiel, du moins pas assez pour qu'on l'honore d'une présence sur la pochette, mais Topper Headon est bien là, sur 5 morceaux, et on se présente comme un trio, Joe Strummer et Mick Jones aux voix et guitares et Paul Simonon à la base.
Janie Jones,
White Riot &
London's Burning seront parmi les premiers morceaux à obtenir des diffusions radios populaires en cette ère encore pas mal disco/soul/rock. The Clash passe du reggae à la simple pop et trempe allègrement dans le punk rock.
Unknown Pleasure de Joy Division (15 juin, 1979)
Manifeste opaque de Ian Curtis, croisement entre le Jim Morisson de Strange Days, l'expressionisme allemand et la culture punk, on les qualifie d'enfants tordus de Gary Glitter et des Velvet Underground. Can et Neu! sont des bands qui se font entendre en Europe et le son de Joy Division, qui tire son nom de groupe de la culture nazie( Can & Neu! sont 2 bands allemands) n'est pas étranger au pays qui a accueilli les jeunes Beatles avant qu'ils ne soient Beatles. Trame sonore sombre d'un homme qui sera pendu d'ici quelques mois. Mais maudits bon beats quand même.
Duran Duran de Duran Duran (1981)
Les gars comprennent vite le pouvoir de l'image. Ça les rendra riche. Quand je les découvre, je veux avoir leurs 20 ans. Ils seront un de mes premiers bands préférés. Rhodes est le peintre qui installe le décor. Roger, le marteau qui pioche juste. Andy, le rocker, égaré. Simon, le poète narquois. John, le charme fin. Ensemble, ils produisent des sons qui me plaisent énormément inspirés de leurs idoles qui sont aussi les miennes, Gang of Four, David Bowie, Roxy Music, Lou Reed. Le premier album est probablement le seul où on compose pour vrai, à 5. La suite ne sera que vascillante quand au partage des tâches et des envies. Je pourrais écrire très longtemps sur ce band. Je m'arrête ici. Pas eux.
Kill'em All de Metallica (25 juillet, 1983)
Pas mon style de musique du tout. Mais un style qui fera malheur partout dans le monde. Lourd, agressif, quand même mélodique par moments, très axés sur la guitare et la batterie pesante. Ces maitres du trash metal voulait appeler leur album Metal Up You Ass montrant une main munie d'une arme blanche menaçant le premier cul à s'assoir sur un bol, duquel était issu la main. On a demandé de changer le titre jugé trop offensant. On a alors choisi Tuons-les tous avec un marteau ensanglanté comme pochette, Hilarant. Le groupe et son son deviendront leaders du genre et archi riches.
She's So Unusual de Cindy Lauper (14 octobre, 1983)
Je suis en 5ème année. J'ai 11-12 ans. Je suis amoureux de la fille aux cheveux rouges. Resterai toujours amoureux de filles aux cheveux audacieusement colorés. Colorerai les miens aussi dans le futur, de manière osée. Cindy voulait avoir du fun. Cet album est tout simplement le fun. Elle y parle même de
masturbation très ouvertement, ce qui a échappé à tous les comités de censure. (Les allusions de Duran Duran, dans
The Reflex, la même année, feront de même). Meilleur album de la jeune femme de Brooklyn. Pop et bubble gum fun.
Elle reprend
Prince, un autre axé largement sur le sexe. Elle est effectivement très inhabituelle. Ce qui la rend si belle.
The Smiths de The Smiths (1984)
Je me revois, dans les meilleurs moments de mon adolescence, sur le patio arrière chez mes parents, avec l'appareil radio-cassette branché sur 2 rallonges afin que la machine se rende à moi dehors, en arrière de la maison, je lis et je bois en écoutant cette cassette que j'ai volé sans savoir c'était quoi, à Place Fleur de Lys, où je ne vais jamais. Je découvre un band formidable qui sera un de mes préférés toute leur durée. D'un admirable acoustique, avec une base assez intéressante, et un chanteur tragiquement immature, mais qui a aussi une voix fataliste assez impressionnante et des textes, qui resteront toujours adolescents.
This Charming Man est encore de nos jours un morceau dont les premiers accords me font monter le son et démarre merveilleusement tous mes étés.
Bourrés de farandoles autour des fontaines.
Dry de PJ Harvey (1992)
Oui, je suis aussi amoureux de Polly Jean. Soeur de Mick. Frère que j'aime bien aussi, au piano de Nick Cave ou en hommage à Gainsbourg, Son premier album est brut, rock et agressif, enregistré en mono. Elle fait cet album en pensant qu'elle n'en fera jamais d'autres. Elle donne donc tout et ça se sent. C'est pas féminin comme le serait Edie Brickel, Taylor Swift ou Sam Brown. Mais c'est pas masculin non plus. C'est intense. C'est proche de My Bloody Valentine, un band que j'adore tout simplement. Bill Wyman des Stones dira que c'est une plongée dans le côté sombre de l'âme féminine. Je suis en amour.
Garbage de Garbage (1995)
Love again. Je suis d'abord en amour avec Shirley dès que je la découvre choriste avec Goodbye Mr McKenzie. Leader vocale de Garbage, le projet du producteur de Nirvana, Butch Vig, le premier effort sera leur meilleur avec facilement 8 morceaux sur 12 qui m'entrent dans la peau. Parce que c'est ce que fait leur rock, il entre dans la peau, et croque quelques morceaux. Elle est définitivement dans la foulée du queen of angst rock. Le premier album séduit de partout. Superbement produit, et avec des couches de guitares, bases et batteries électroniques, encore aujourd'hui, les morceaux d'il y a 27 ans passent encore bien la rampe.
Is This It? de The Strokes (2001)
Croisement entre The Doors, The Velvet Underground, Bob Marley et Jane's Addiction, quand Albert Hammond Jr, étudiant en film de New York, joint à la seconde guitare Julien Casblancas, Nick Valensi, Nikolai Fraiture et Fabrizio Moretti, il devient l'ingrédient qui en fera une délicieuse salade sonore axée sur la guitare protéinée. Aussi mélodique qu'électrique, Le jeu de guitare est impressionnant et la livraison lyrique de Casablancas est intense. Toujours pertinent de nos jours comme son.
Funeral d'Arcade Fire (2004)
Ce band, moitié Texas/moitié Montréal, avec racines haïtiennes, offre un petit moment de magie qui fera le tour du monde, séduira une de leurs idoles, David Bowie, qui est aussi la mienne, depuis toujours, et qui les mènera, 3 albums plus loin, aux plus grands honneurs, aux Grammy Awards. Puissant, plein d'espoir, en occasionnels magiques crescendos, euphorique, original, ce band surprendra toujours.
J'écoute d'ailleurs les deux premiers morceaux de leur effort de 2022,
We, en boucle, depuis la sortie d'il y a quelques semaines.
22 des 25 artistes nommés ci-haut ont des listes de lecture, concoctées par moi, à même mon téléphone. Seuls les Sex Pistols (pour des raisons évidentes, 1 seul album), Metallica et Mike Oldfield n'ont pas honoré ma bibliothèque musicale.