Chaque mois, dans ses 10 derniers jours, tout comme je le fais pour le cinéma (des 10 premiers) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu) je vous parle de l'une des mes trois immense passions: La Littérature.
Lire c'est choisir de s'ouvrir sur le monde. C'est apprendre de l'univers d'un autre. C'est plonger dans l'inconnu. C'est partir, voyager, explorer, découvrir. Lire, c'est beaucoup mon métier.
C'est aussi choisir de respirer sur un autre rythme.
Et respirer, c'est vivre.
LES CONQUÉRANTS D'ANDRÉ MALRAUX
L'intensité a été grande dans la famille Malraux. Le grand-père se suicide en 1909, le père, en 1930. André, aventurier, aviateur, vendeur de faux-tableau, colonel des Maquis et de l'armée régulière, historien de l'art, romancier, orateur, ministre, sera lui aussi, forcément, intense.
Antifasciste et anti colonialiste, c'est d'abord dans La Nouvelle Revue Française qu'il publie, en feuilleton, son roman Les Conquérants. Le livre raconte, du point d'un narrateur occidental, intéressé par les nouvelles lui venant de Canton et de Hong Kong. Des manifestations y ont contre la présence européenne en Chine. Il y rencontre un des organisateurs des agitations, un allemand, un allemand, qui lui, en retour, le met en contact avec Garine, un ami responsable de la propagande révolutionnaire à Canton.
Si on découvre Garine en fin de première partie, on le suit en deuxième. Dans les émeutes menées contre les anglais. Garine fait découvrir au narrateur une série de têtes brûlées qui eux, ont davantage une haine des bourgeois. Le croisement des résistances devient explosif. On est prêt à tout pour se dire libre. Même si le jeu reste dangereux.
Ce roman est une fameuse introduction à qui était André Malraux, l'homme. Publié en 1928, il est inévitable de ne pas faire de liens avec les résistances sociétaires de nos jours. Celles des personnages sont moins risibles, mais y trempe quand même. Mais le sentiment d'abandon total, même d'une certaine morale, est la même. La cause profonde pour laquelle on manifeste reste vague. Malraux traduit ses propres aventures dans une rencontre entre l'histoire et la civilisation. C'est une oeuvre d'un certain modernisme pour l'époque. Presque un film muet d'Eisenstein. Une prose de télégraphe. Précise.
Ce sont de multiples affronts qui animent les manifestants, dont le communisme et la colonialisme. Des luttes nettement plus légitimes que des dictatures imaginaires ou des irritants gouvernementaux temporaires.
Canton vibre à un rythme trépidant, hanté par la violence comme une voiture de course fonçant avec assurance contre un mur.
Plusieurs, beaucoup trop, sont à bord de cette voiture en ce moment même.
Ce qui sera conquis d'ici peu, c'est la pandémie. La bêtise s'éteindra toute seule par elle-même.
Malraux était auteur-acteur de sa propre tragédie. Un mime universel. Le Chaplin du livre français. C'était une main d'homme tendue vers l'éternel et qui ne peur que saisir une autre main d'homme, obligé de cette merveilleuse intelligence qui était sienne. Un non-suicidable.
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