dimanche 21 juin 2020

Le Massacre de Tulsa

On ne compte plus les cicatrices des États-Unis.

Guerre de Sécession, Grande Dépression, Pearl Harbor, Vietnam, 9/11, et ainsi de suite.

Sa relation avec ses citoyens à la peau noire aussi. Je vous en ai parlé un peu quelques fois depuis une semaine. C'est un train de pensée qui ne quitte plus mes rails. J'ai un immense respect pour les citoyens à la peau noire qui sont non seulement responsable de la musique que j'écoute et aime (que NOUS écoutons et aimons) de nos jours, mais aussi parce que leur rapport à la résilience se compare assez peu avec celui des blancs d'Amérique du Nord.

L'histoire est presque toujours écrite par les "vainqueurs".

1921.

Après la Première Guerre Mondiale, une deuxième vague de Ku-Klux-Klan avait émergée. Plus étendue encore que la première, principalement concentrée dans le Sud des États-Unis, pendant la Guerre de Sécession. Cette fois on a même des bureaux publics au New Jersey, en Indiana et à Oklahoma. Des lois de types Jim Crow séparant les noirs des blancs commençaient à naître un peu partout dans le pays.
Petite parenthèse Québécoise, quand François Legault dit qu'il ne veut pas rendre coupable les Québécois de racisme systémique, il sépare lui aussi un Québécois d'un autre.
Il était fréquent, pour des citoyens blancs, de foncer dans un quartier principalement peuplé de gens à la peau noire, et sur la simple rumeur d'une agression, choisir de se faire justice soi-même et de tuer les noirs à l'aveugle. À Chicago, St-Louis, Washington D.C., trois incidents du genre, un groupe de blancs se faisant justice en allant tuer des gens à la peau noire survenaient et non seulement personne n'était tenu responsable mais les drames étaient très peu couverts.

Ce qui allait se dérouler dans le quartier de Greenwood, à Tulsa, en 1921, allait être dans cette foulée. Mais en beaucoup plus grave. Et gardé sous silence, à peu près partout. Dans la série Watchmen sur HBO, on a magnifiquement recrée le drame en reconstruisant le quartier de Greenwood et ensuite le détruire, reproduisant le mieux possible, l'horreur du 31 mai et du premier juin 1921.
On ne sait trop ce qui s'est passé entre un cireur de soulier noir de 19 ans, et une préposée aux ascenseurs blanche de 17 ans. Mais dans le journal du lendemain, on titrera que ce cireur agresse la blanche. Un journal titre aussi qu'on devrait pendre un noir en soirée. To lynch a negro tonight est le titre exact, ce qui n'était pas prévu. C'est est une forte et irresponsable suggestion d'appel à la justice personnelle.

À la cour municipale, où le cireur est mis en accusation, ce seront des milliers de blancs, pompés, qui se pointeront pour faire un mauvais parti au cireur noir. Mais celui-ci est protégé par une centaine de militaires noirs. Les esprits s'échauffent, des coups de feu sont tirés, 10 blancs seront tués, 2 noirs, peut-être plus. À partir de ce moment, on ne s'intéresse plus au cireur et à la fille de l'ascenseur. On veut simplement tuer tous les noirs.

Greenwood est le quartier de la réussite pour la population à la peau noire. On appelle le lieu le "Wall Street" des noirs. On choisit alors d'y entrer en masse, armés et on tire partout. On brûle les commerces, les maisons, on fait exploser, on détruit tout sur son passage. Mais les gens de Greenwood sont des gens de réussite. Et ils réussissent à se défendre pendant la nuit. Ce qui enrage davantage les groupes de blancs qui se sont pas les lumières les plus lumineuses de la guirlande Étatsunienne. Ils seront alors entre 2000 et 5000 blancs à attaquer le quartier aveuglément et à tout anéantir. Ils le font même par avion, y laissant tomber des bombes! On fait aussi participer les enfants blancs!

Ce ne sera que vers midi, le lendemain, que la Garde Nationale assure la paix.

Ils seront plus de 10 000 familles noires à devenir sans abris du jour au lendemain. En valeur d'aujourd'hui ce sont 32,25 millions de dommages matériel qui seront faits. Il n'y aura jamais compensation. On estime à autour de 300 le nombre de morts de citoyens à la peau noire.

Le drame est largement ignoré par tous les fils de presse. On en parle nulle part. Ce n'était que "l'ordre des choses". Presque tous les noirs quittent le quartier. Ceux qui restent ne parleront jamais de cette invasion discriminatoire et gratuite et les livres d'histoire ne font jamais référence à ce grave drame.

Ce n'est que cette année, 2020, année où notre attention est souvent ailleurs, qu'on recommence à mettre en lumière cette part d'ombre Étatsunienne.

Pays qui n'a pas beaucoup changé depuis.

Avec un maître raciste au pouvoir niant même le racisme au sein de son pays malade.




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