Tous les mois, dans les 10 derniers jours, tout comme je le fais pour le cinéma (dans les 10 premiers) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu) je vous parle de l'une de mes trois grandes passions: la littérature.
Lire c'est s'immerger dans un nouveau monde, un pays, dans la tête de quelqu'un, c'est s'offrir le luxe d'explorer de nouvelles idées, de confronter les siennes, d'apprendre.
Lire c'est un peu beaucoup mon métier (de traducteur). Je ne réalises pas toujours à quel point je lis tout le temps. Ce n'est pas tout le temps travailler pour moi. C'est un prolongement de mes poumons.
Lire c'est apprendre à respirer différemment. Et respirer, c'est vivre.
LA VILLE ET LES CHIENS de MARIO VARGAS LLOSA
Le tout premier roman du Prix Nobel de littérature de 2010, La Ciudad y Los Perros, devait d'abord s'appeler La Demeure du Héros. Mais le jeune Mario, alors âgé de 22 ans, n'est pas satisfait. Il change pour Les Imsposteurs. L'auteur Péruvien se rend à Lima et en discute avec son ami critique littéraire José Miguel Oviedo qui est emballé par son roman. Llosa l'a écrit entre 1958 et 1961. Oviedo lui suggère La Ville & Les Nuages en faisant allusion au brouillard qui envahit souvent la côte où se situe le collège militaire dont il est question dans le livre.
Llosa a été étudiant au collège militaire Leoncio Prado à Lima en 1950 et en 1951, quand il avait 14 et 15 ans. Il s'en inspirera pour raconter l'histoire du poète, du jaguar, de l'esclave et de Teresa.
On y suit les aventures d'Alberto (le poète, inspiré de sa propre personne), Ricardo (le jaguar, inspiré du cadet Bolognesi), de l'esclave (inspiré du cadet Lynch), Porfirio Cava (dit le cerrano), Le boa (au gros membre sexuel), "le frisé", le brigadier Arrospide et le noir Vallade qui sont en dernière année de cours au collège Leoncido et qui sont pressés d'en finir.
On raconte le passage scolaire en multiples retours en arrière. Avec l'aide de plusieurs narrateurs. Le poète est l'un de ceux-là. Le boa en est un autre. le jaguar, même si son identité n'est révélée que tard dans le livre en est un autre.
On revient à la troisième année scolaire où les élèves de 4ème initie les personnages nommés plus haut. C'est là qu'ils sont à la fois /"baptiser" et traité comme des chiens. Le jaguar reste le seul qui ne soit pas "baptisé", c'est aussi le seul qui se battra avec un quatrième année et qui lui donnera une rossée. Quatre d'entre eux formeront ensuite un "cercle" d'amis (le jaguar, serrano Cava, le frisé et le boa) afin de toujours se défendre de la stupide mâlitude des plus vieux. Mais l'école punira davantage le cercle quand même. Le cercle vole et fait du trafic de produits interdits à l'école. Ils planifient aussi le vol d'un examen de chimie, filon narratif important du roman.
Le poète est sollicité par l'esclave pour écrire des mots d'amour (à la Cyrano) à Teresa, une jeune femme dont l'esclave est tombé amoureux. Mais le poète est celui qui tombera peu à peu amoureux d'elle.
Le vol tourne mal. Et aura des conséquences tragiques. Le jaguar tombe sous enquête. le poète et le jaguar en viendront aux coups. Celui qui enquête sur le jaguar, regrette son enquête et tombe en disgrâce auprès de ses supérieurs. Il sera muté.
Le collège terminé de nouvelles révélations seront faites. le poète tombe amoureux d'une nouvelle femme. C'est la jaguar qui épousera la belle Teresa, un personnage inspirée du premier amour de Mario Vargas Llosa, une jeune fille habitant tout près de chez lui, plus jeune.
La particularité du roman est d'intercaler l'histoire du jaguar sans jamais révéler qui il est avant la fin. La narration n'est pas linéaire, commençant avec le vol de examens de chimie. (Ça se vole bien des examens de chimie, plus jeune, dans mon propre passage à l'école secondaire, c'était bien un examen de chimie que j'avais payé 5$ qui avait été volé, et qui avait forcé une reprise d'examens quand on a tous eu trop fort comme résultats scolaires en 1987).
Bien que réaliste plus souvent qu'autrement, le roman est aussi plus près du costumbrismo. Llosa cache beaucoup de symbolisme et les monologues intérieurs sont aussi poétiques.
Pour le Pérou, l'auteur allait être au coeur, en 1962, d'un boom latino-américain, soulignant le modernisme du style.
Une polémique naîtra autour du Collège Militaire Leoncio Prado qui est largement critiquée dans le roman. Llosa reconstruit intelligemment un microcosme de la société péruvienne d'alors avec ses personnages d'origines diverses. La langue est parfois crue et un humour noir teinte le récit. On y parle de préjugés, racisme, tensions de toute sorte, régionalismes dans un contexte socio-économique précis.
Très bonne lecture d'été.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire