On est tous forcé au marathon.
Pas au sport, pas même au jogging, au marathon.
Dans la durée.
On court, on court, certains l'ont déjà fait. La plupart jamais. La plupart n'ont jamais couru, ni même fait de sports. Nous sommes présentement dans un monde inexploré que nous tentons de nous expliquer jour après jour. Tentant de le comprendre et de le redéfinir ensemble, mais très certainement pas tous dans le même bateau.
On en a eu la preuve encore la semaine dernière.
Notre Justin national a fêté Pâques en famille. On confirme que les "consignes de distanciation" ont bien été respectées. Il a traversé une région pour passer d'une résidence à une autre. Toutes des choses qu'on nous demande de ne pas faire. Ma famille s'en est scandalisée. Faut dire qu'on se torche avec des visages de Trudeau depuis les années 60 chez nous. J'avoue ne pas en avoir fait un aussi grand plat. Sophie Gégroire, son épouse, je vous avais averti dès le début, est assez cloche. Quand on envoie des images de nous sur le net, sans que ce ne soit sollicité, on est toujours coupable du "Regardez-nous". Dans ce cas-ci c'était Grégoire la responsable. Elle a écrit en dessous de la photo, "On est tous dans le même bateau".
Elle ne pouvait pas se tromper davantage. Le petit bonheur parfait d'une famille réunis dans un chalet à faire une course aux cocos de Pâques a été frotté aux visages de bien des gens forcés sur la rive. Irritation quand même. Alors que le gouvernement tente de nous dire qu'on doit tous faire les mêmes choses presque'en même temps, ce symbole, si important en politique, était effectivement une bourde.
Le roi de France, en 1831, avait publiquement refusé d'être mis à l'abri en plein déluge. Les gens avaient alors vivement scandé "Vive le roi!". Justin lui-même, lors de célébrations couvrant l'anniversaire de la Première Guerre Mondiale, avait aussi laissé tomber le parapluie disant que ce n'était que de la pluie, alors que sur ces pauvres âmes avaient plu de bombes. Ces exemples montraient, symboliquement, que le message est le même. Face aux intempéries de la vie, on doit rester ensemble et être solidaires. Cette photo de Pâques était un manque de jugement.
Tout comme Andrew Sheer qui a pris l'avion avec sa femme et ses 5 enfants. 9 dans un petit avion de 9. Peu importe l'explication qu'il peut en donner. Ce manque de jugement est plus grave encore.
Legault a toussé dans sa main plusieurs fois dans la semaine. Dude! t'est en direct à la télé! Je comprend qu'il doit être fatigué, mais il a manqué de hauteur à maintes reprises. Il a évoqué l'idée que les employés en restauration, les employés du tourisme, des enseignants, temporairement sans emplois, soient recrutés pour s'improviser préposés/aides aux bénéficiaires. C'est insulter pas mal toutes les professions impliquées. Préposés aux bénéficiaires n'est pas un métier que n'importe qui est formé pour faire. C'est même plus qu'une profession, c'est une vocation. Un tempérament. Un ton. Ce n'est encore pas le même bateau.
Et finalement la réaction impulsive (merci Twitter, encore) de la présidente de le Fédération des Médecins Spécialistes du Québec, Diane Francoeur, était une épine dans l'oeil et un bourdon dans l'oreille. Quand Legault a plaidé que les médecins spécialistes se "rabaissent" à devenir des infirmières, c'est vraiment comme ça, "rabaissés", que le message a été encaissé par elle. Elle a dit avec ironie quelque chose comme "Alors M.Aruda, on se voit demain au CHSLD?". Elle l'a vite retiré quand
certains de ses propres membres l'ont foudroyés du verbe sur le net, mais le mal était fait.
On ne veut pas tous être dans le même bateau.
On ne l'est pas non plus.
On navigue les mêmes eaux.
Forcés de le faire.
On la négocie tous différemment.
Faudra que quelqu'un, un jour, ne se laisse plus berner par l'opération charme de l'ancien ministre Barrette dont la réforme, quand il était ministre de la santé, réforme qui a fait de grandes choses, mais qui a aussi supprimé deux paliers de pouvoirs décisionnels aux travailleurs de la santé, soit éventuellement pointée du doigt pour cet ancien bateau de vitesse devenu paquebot.
Les eaux sont troubles.
Chaos dans le rétroviseur.
Faut lire Boisvert pour comprendre que par en dedans, c'est temps de guerre.
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