12 Choses À Retenir de l'Autobio de Grace Jones

D'abord c'est très bon. Elle écrit très bien, ou plutôt à été guidée d'une main talentueuse par le journaliste musical Paul Morley. C'est très bien écrit en français, alors ça doit être encore meilleur dans sa langue originale, en anglais.

Les 76 premières pages sont la Jamaïque telle que comprise par une jeune fille de sa naissance à la pré-adolescence. La Jamaïque toute en lumière et en ombres. Elle devait se libérer de ses chaînes spirituelles. Elle y revient quelques chapitres plus loin et, pour y avoir moi-même été deux fois, on s'y sent. C'est merveilleux quand il fait froid chez nous de se sentir soudainement en Jamaïque. On entend presque le vent dans les feuillages et le bruit des grillons, la nuit.

Grace s'accorde beaucoup trop de crédit. Elle croit qu'elle a eu beaucoup plus d'influence qu'elle en a vraiment eu. Mais il faut lui donner qu'un terme qui la décrit bien serait "fonceuse".  Elle a foncé partout. Et souvent, à l'aveugle. Ça a créé de fascinants accidents et d'extraordinaires anecdotes. Mais comme tout fonceur aussi, elle a commis des impulsions ratées. Elle a foncé dans le disco et disgresse sur la musique ne sachant pas trop vraiment de quoi elle parle. Elle a aussi refusé le rôle finalement offert à Darryl Hannah dans Blade Runner*, un rôle qui collait absolument à son tempérament. Elle se reprendra en jouant pratiquement ce même rôle dans A View To a Kill.

Bien entendu, comme toute autobio, il ne faut pas croire à tout. Encore moins de quelqu'un issu des empires du faux.

 La chanteuse, mannequin actrice personnalité est une panthère. Et sa vie a été une jungle. Fureter dans cette brousse a été agréable exploration safari.

Le livre est aussi très drôle.

Voici 12 choses à retenir de son autobio "I'll Never Write my Memoirs".

Idéalement utiliser le plus souvent les produits locaux.
"Les Jamaicains ne devraient jamais consommer de cocaïne. Ils devraient rester avec la marijuana. Certaines choses poussent là où elles poussent pour nous révéler des choses."

Toujours lire les petits caractères (spécialement quand on en a un gros).
"J'ai été la première dans la famille à boire du poison. Ça ressemblait à de la liqueur mais c'était finalement du kérosène."

Lutter contre des chiens enragés forge le caractère. 
"...J'en ai rencontré tout un tas jusqu'à aujourd'hui. Tout est lié. Depuis les chiens enragés sur le chemin de l'école jusqu'aux chiens enragés du show-business."

Soyez votre plus grand fan.
"Il m'a quitté me disant que je m'aimais trop. Tu peux aimer trop un copain ou une copine, mais trop t'aimer toi-même n'est jamais un problème."

Dose ta première cuite,
"J'ai commencé avec le Southern Confort. Le drink était joli et ça goûtait sucré. Je n'ai rien senti comme feeling. Jusqu'à ce que je me lève..."

Votre premier baiser est un souvenir à chérir.
"On s'est presqu'escaladé dans la bouche l'un de l'autre. De toute évidence j'ai toujours été attiré par les mauvais garçons."

Ton premier job nécessite le bon soulier.
"Dans mon poste d'assistant au bureau, j'ai insisté pour travailler en patins à roues alignés. Ils ont accepté tant que je faisais mon travail. J'ai adoré patiné dans les bureaux. J'aimais la vitesse, mais pas les escaliers."

Ne pas avoir peur d'aimer.
"Je suis tombé folle amoureuse de lui. Bien entendu, j'allais comprendre trop tard qu'il était gay**."

Ayez une politique de portes ouvertes
"J'ai formé une sorte de pacte avec les bums locaux. Je couchais avec eux brutalement. Je les invitais à mon appartement pour prendre un bain, les nourrissais, buvait avec eux, leur donnait du linge, c'était très "église" de ma part."

Soyez confortables dans votre peau.
"J'ai vécu nudiste pendant un mois à Philadelphie. En 1967, 1968 ou 1969. Peu importe c'était quand, c'était un mois d'été parfait pour s'asseoir nue un peu partout." 

Connaissez votre force mentale et ses contraires.
"Quand je suis branché sur quelque chose, je peux être effrayante et télépathique. Savoir que quelque chose se prépare, savoir quand ne pas embarquez dans l'ascenseur."

Ayez un bon coiffeur.
"Me rasez le crâne complètement m'a mené à mon premier orgasme. Je n'avais jamais eu de sexe comme ça auparavant. C'était d'un sexe d'une autre ère, d'une autre dimension, d'un autre système solaire. Ça a commencé dans les bouches et ça a finit hors des corps."

Soyez toujours en retard si vous voulez attirer l'attention.
"Au moment même où Arnold Schwarzennegger et Maria Shriver allait prononcer leurs voeux de mariage, à genoux l'un face à l'autre, je suis apparue au bras d'Andy Warhol qui prenait des photos. Ils n'ont rien dit mais leurs regards me disaient qu'ils n'étaient pas impressionnés du tout de notre timing".

Bouleversée, bouleversante.

Ne s'appelle pas Jones pour rien.

* CORRECTION: Il s'agissait plutôt du rôle de la femme-serpent tenu au final par Joana Cassidy. Rôle qui aurait sûrement aussi pu beaucoup changer sa carrière.  **Ça lui est arrivé à de maintes reprises.