Samedi soir.
La belle-mère était chez nous toute la semaine pour nous aider à faire des boîtes, en prévision du déménagement du 23 juin prochain.
Avec mes journées de 10 à 12 heures de job et l'amoureuse qui avait des journées du même genre, notre semaine a été lourde en charge mentale. J'ai encore travaillé vendredi matin. Ce qu'on est pas supposé faire après 51 heures en 4 jours...
La généreuse belle-maman nous as concocté quelques plats en plus de nous aider à faire des boîtes.
Quand elle a quitté, samedi, en fin de journée, on a comme eu l'impression que la poussière retombait pour la première fois depuis longtemps.
La belle-mère, voyant notre très visible fatigue, nous avait dit avant de partir: "reposez-vous maintenant!", c'était presqu'un ordre.
C'est ce que nous avons fait.
Les filles sont descendus au sous-sol et on repris leur écoute de la série Game Of Thrones, elles voulaient terminer la saison II. Monkee et moi, on a tout vu. On ne se sent pas en totale liberté de parler de la série devant elles. Mon fils "supervise" leur attention à la série. Et ajuste là où les filles ne comprennent pas les lourds accents.
Moi je ne réécoute pas. Sans mon fils, qui me poussait à écouter, j'aurais abandonné assez vite. Donc quand ils se mettent face à la série, je m'applique ailleurs.
Samedi soir, j'ai écouté sur mon ordinateur Performance. Un film de 1970 de Donnald Cammell et Nicolas Roeg. Le film qui a fait des ennemis de Mick Jagger et Keith Richards. Cammell, élevé par un père biographe de Aleister Crowley, donc presque dans l'esprit libertaire d'une commune hippie. Lors du tournage, il a encouragé les comédiens à réellement faire usage de drogues et à coucher les uns avec les autres pour bien s'imprégner d'une certaine vérité à l'image. Mick a donc couché avec Anita Pallenberg, ancienne amoureuse de Cammell et amoureuse alors de Keith Richards. Qui n'a pas aimé savoir son frère coucher avec sa blonde. Anita avait une large influence sur ce qui était tourné, et sur comment tout ça serait tourné. Cammell en était à son premier film. Roeg était un experimenté caméraman./directeur photo. Voilà pourquoi son nom a aussi été rajouté comme réalisateur. Les images et choix de plan sont sa couleur.
Le film, tourné en 1968, n'a été que diffusé en 1970, car Warner Brothers, qui voulait en faire un Hard Day's Night, avec la plus grande star du moment, Mick Jagger, était horrifiée du résultat final. Un film de débauche hippie. Les réalisateurs ont placé un court plan de Jagger dans la première heure, en train de peindre un mur, car après une heure de film, Jagger n'y est tout simplement pas présent. Et ça avait fait capoter les producteurs. Lors du visionnement de presse, la femme d'un des producteurs avait vomi en voyant le film. James Fox, acteur principal du film, a aussi été traumatisé, car après le tournage, il a abandonné le cinéma et a plongé dans la religion.
Donc, samedi soir, j'ai écouté le film en me gardant un tiroir ouvert sur le tournage et ce qui se passait autour du film. Cammell, un homme dépressif, s'est tiré une balle dans la tête en 1996. Roeg, en parlant du film, s'est rappelé le tournage d'un film qui vous faisait sentir extraordinairement seul.
Seul, j'écoutais sur mon ordi et lisait tout ça sur mon téléphone en même temps.
Comme ma mère, je ne suis jamais malheureux seul. Je ne suis jamais complètement seul de toute manière. Dans ma tête, mes yeux, je suis avec Mick Jagger, Réjean Ducharme, David Lynch, Bowie, les frères Coen, Wes Anderson, les personnages des livres que je lis, vous qui me lisez en silence, je ne suis jamais vraiment seul. Je cultive une saine solitude.
J'avais invité les trois autres à aller prendre une crème glacée chez Pineault au coin de la rue. La meilleure au monde. Mon fils était en indigestion, il a passé son tour. Les filles...étaient des filles...sortir du divan, de leur écoute de Game Of Thrones, manger du calorifique... Elles ne voulaient pas.
J'y ai donc été seul. Orange-citron-framboises, moyenne, trempée dans le chocolat. Dé-li-cieux!
Les filles, étant des filles, après avoir refusé de venir avec moi, m'ont reproché d'y être allé...
Consultant la cyberpresse, la nouvelle du soir était cet homme de 47 ans de Québec qui en avait agressé un autre dans le stationnement de la Grande Mosquée et qui avait aussi agressé verbalement de commentaires haineux des musulmans sur place.
47 ans, c'est mon âge. Québec, c'est petit. Peut-être que je le connaissais. J'ai fouillé partout dans les jours qui ont suivis, pas trouvé son identité.
Mais je n'ai jamais douté de sa solitude mentale.
Ça c'était de la solitude malsaine.
J'ai troqué mes samedis soirs alcoolisés par des samedis soirs à la crème glacée.
Je dois m'habituer à jardiner tout seul.
On déménage le 23.
Ça, ça m'abat un peu.
Seul.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire