dimanche 19 août 2018

Kofi Atta Annan (1938-2018)

Né dans le Kofandros, section du Kumasi de la Côte-de-L'Or, une colonie britannique devenue le Ghana, il a une soeur jumelle dont il partage le nom du milieu, Atta, signifiant "jumeau" en akan.

Des deux côtés de la famille, grand-pères et oncles sont des chefs de tribus. On baptise souvent, alors, les enfants du jour où ils sont nés. Kofi fait référence au vendredi en akan. On la surnomme toutefois Cannon, prononcé à l'anglaise, enfant et pré-ado. Il ne fréquentera que des écoles élites, puisque sa famille est reconnue ainsi. Il a 19 ans quand la colonie de Côte-de-l'Or sort du joug britannique, est reconnue indépendante, et devient officiellement le Ghana.

Il étudiera l'économie au Ghana et aux États-Unis. Il fera aussi des études approfondies en relations internationales, à Genève, en Suisse. Il obtiendra aussi un important diplôme en gestion. Il parlera couramment anglais, français, akan, en langues krou et autres langages africains.

Il travaillera sur les budgets de l'Organisation Mondiale de la Santé à l'ONU. Il a 25 ans. De 36 à 38 ans, il sera directeur du tourisme au Ghana. En 1980, chef du personnel du bureau du haut commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, à Genève, qu'il connaît bien. Trois ans plus tard, il devient directeur administratif de la gestion des services du secrétaire des Nations Unies, à New York. À partir de 1987, Annan sera assistant au secrétaire général pour trois différents départements, trois fois pendant  à peu près 3 ans, les ressources humaines et la coordination de la gestion de la sécurité de 1987 à 1990, l'organisation et la planification du contrôle des finances de 1990 à 1992, et les relations de paix de 1993 à 1996. C'est Boutros-Boutros Gahli qui en fera le chef des relations de paix.

Annan sera impliqué dans le conflits en Somalie et au Rwanda. Quand Boutros Gahli devient non rejoignable, Annan prend des initiatives dans le conflit bosniaque, ce qui le place rapidement dans les bonnes grâces des États-Unis. Le général Romeo Dallaire, en revanche, le trouvera en revanche beaucoup trop passif face à l'investissement des troupes des Nations Unies et sur les permissions qu'on pouvait lui accorder afin d'armer ses troupes, qu'on ne lui a jamais accordé à temps pour protéger les Tutsis du génocide rwandais. 800 000 morts plus tard, Annan a regretté son inaction.

Il sera secrétaire général des missions de paix de mars 1994 à octobre 1995. Puis représentant spécial du secrétaire général de l'ONU face à l'ancienne Yougoslavie avant de devenir assistant au secrétaire général de l'ONU.

En 1996, Boutros Boutros Gahli devait être réélu sans opposition pour un second mandat. Mais les États-Unis imposent leur veto et Kofi Annan devient le candidat qui le remplacer à partir de janvier 1997. Il sera le 7ème secrétaire général de l'ONU. Il sera réélu pour un second mandat en 2001. Année où il gagnera le Nobel de la Paix pour ses efforts à tenter d'organiser un monde plus pacifique et mieux équilibré. Ban Ki-Moon lui succédera comme secrétaire général de l'ONU en 2007.

Lors de son passage, il réforme largement les opérations bureaucratiques des Nations Unies, s'investit fortement dans la lutte contre le VIH, principalement en Afrique et sera à l'origine du pacte mondial, qui vise à inciter les entreprises du monde entier à adopter une attitude socialement responsable en s'engageant à intégrer et à promouvoir les principes relatifs aux droits de l'homme, aux normes internationales du travail, et à la lutte à la corruption.
Il sera aussi critiqué pour avoir refusé d'agrandir le conseil de sécurité et on fera appel à sa démission, après une enquête dans le programme pétrole contre nourriture, qui aura été promptement corruption irakienne sous le nez d'Annan.

Quittant l'ONU en 2007, il fonde le Kofi Annan Fondation travaillant dans le développement international. Il sera représentant spécial des Nations Unies à la Ligue Arabe en Syrie 5 ans plus tard, afin de tenter de régler le conflit faisant toujours rage. Il quitte ce poste relativement frustré.

Ce sera lui qu'on mandatera pour enquêter sur la situation de la crise des Rohingas qui ont tant terni l'aura de Aung San Suu Kyi.

Suite à une courte maladie, il perd la vie, hier, à 80 ans.

Depuis, les dirigeants mondiaux ont eu plusieurs bons mots pour lui.

Mais d'autres n'ont pas oublié son inertie, aussi.

C'est pas Justin qui verrait la forêt derrière l'arbre.


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