Chaque mois, vers la fin, je vous parle de littérature, comme je le fais pour le cinéma (dans les 10 premiers jours) et pour la musique (vers le milieu).
Lire, c'est un peu beaucoup mon métier (de traducteur), ce n'est jamais travailler pour moi, c'est comme marcher ou respirer. C'est explorer la vie d'un autre, la vision d'un autre, l'époque d'un autre. C'est accepter de laisser transformer.
Lire c'est vivre.
ANIMAL FARM de George Orwell
Entre novembre 1942 et février 1944, l'Angleterre d'Orwell est en alliance de guerre avec l'Union Soviétique de Staline. Les Anglais et l'intelligentsia anglaise avaient Staline en haute estime et ça horripilait George.
Orwell, un social-démocrate était très intelligent. Il avait flairé tout le mal qui émanait de Staline. Le livre qu'il avait écrit était une allégorie animale sur tout ce qui aurait mené à la Révolution Russe de 1917. Il était très hostile face aux directions moscovites Stalinistes. Une hostilité née de son expérience comme correspondant dans la guerre civile espagnole.
À ses yeux alertes, l'Union Soviétique était devenue une brutale dictature, construite sur le culte de la personnalité et renforcé par un régime de terreur. Il parlerait de son livre à ses amis comme d'une satire anti Staline. Il avouera que c'était la toute première fois qu'il tenterait de faire fusionner politique et art.
Le livre serait refusé plusieurs fois, même en Angleterre. Faire parler des animaux? drôle d'idée en temps de guerre. On mettra du temps à le publier. Ce ne sera fait qu'après la guerre, En 1946.
La Ferme des Animaux raconte l'histoire d'animaux de ferme, faisant référence aux humains comme étant les "ennemis". Ils apprennent ensemble une chanson révolutionnaire appelée Beasts of England.
Quand le vieux cochon décède, deux plus jeunes veulent prendre sa relève et préparer la rébellion contre la ferme de Mr Jones, rendus vulnérable dans une beuverie avec ses employés. La ferme sera rabaptisée La Ferme des Animaux.
Tout va bien au début jusqu'à ce que les "ennemis" reviennent afin de reprendre le contrôle de la ferme. Mais les animaux sont plus forts.
Napoleon et Snowball sont les deux cochons en chef. Le premier est à l'origine de réformes et derrière un projet de moulin. Il monte la ferme contre Snowball. La purge n'est pas loin.
Une contre attaque d'un voisin ennemi voit le moulin bien lui servir. Mais les animaux sont toujours plus forts. Bien que maintenant affaiblis. Napoleon magouille en sourdine afin de se procurer du whisky à lui et ses bénéouiouis. Il manipule la vérité à la Trump pour s'y faire.
Les animaux deviennent peu à peu des Hommes, portant du linge et marchant sur deux pattes. Le slogan "Tous les animaux sont égaux" devient "Tous les animaux sont égaux, mais certains le sont plus que d'autres".
Une alliance est formée avec les fermiers locaux et bien assez vite on ne distingue plus les animaux des Hommes.
Après avoir échappé aux purges communistes de la guerre civile espagnole, Orwell a compris qu'il était facile, avec une propagande totalitaire, de contrôler complètement l'opinion de société démocratiques pourtant peuplée de gens très éclairés.
L'idée du livre lui a aussi été inspirée d'une calèche, tirée par un cheval, dont le conducteur, un garçon de 10 ans, ne cessait de fouetter le cheval qui la tirait afin qu'il se dirige là où il le voulait. Orwell a alors pensé "Si seulement ce cheval connaissait l'étendue de sa force, il ne ferait qu'une bouchée de ce fouetteur".
George Orwell était un homme impressionnant. Très intelligent. Très en avance sur son époque.
Ce livre, découvert dans la vingtaine par moi, m'a toujours semblé un film d'animation phénoménal à faire. Toutefois, les techniques d'animation n'étaient pas aussi avancées que de nos jours.
Il serait temps de faire cet intelligent film.
C'est tellement le temps de le faire.
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