Il existe une mince ligne entre le film au parfum d'érotisme et le film trempant bêtement dedans, simplement pour exciter. Oui, l'excitation est toujours recherchée au cinéma. L'excitation sexuelle, pas toujours nécessaire.
Certains des films qui suivront ont une trame narrative qui utilise l'érotisme à des fins scénaristiques. D'autres auront le sexe ou le désir comme thème central. Ils sont tous grand
pubis public.
J'ai volontairement omis beaucoup de films d'Europe où le rapport à la nudité est assez différent du nôtre.
Histoire d'O, 1975
Dominique Aury avait fait scandale (sous le pseudonyme de Pauline Réage) en 1954 avec son roman sur la fantaisie d'être "dressée" sexuellement par les hommes. Une jeune femme (très jolie Corinne Cléry) est guidée par son amant dans un château où elle devient esclave sexuelle de son plein gré. Il s'agit d'un des quelques film de cette liste que l'on pourrait complètement classer dans une catégorie pornographique.
Fellini's Casanova, 1976
Librement inspiré des mémoires de Casanova, Federico ne se reconnaissait pas dans les écrits de l'aventurier, grand séducteur, espion et écrivain. Il a dépeint le personnage de manière négative comme un être puéril et égoïste. On y traite du désir, de la conquête amoureuse et de l'angoisse de l'homme face au sexe féminin. Avec un Donald Sutherland de 40 ans.
Caligula, 1979
Bon, en voilà un autre que l'on pourrait ranger dans la catégorie porno. Mais à l'origine, les comédiens ne savaient pas vraiment que le montage final serait si érotisé. Une version de 100 minutes, expurgée de scènes explicites existe, mais le producteur a inséré au montage finale des scènes gores, orgiaques et tout simplement pornographique dans la version de 144 minutes. L'empereur romain méritait mieux. Avec Malcolm McDowelle dans le rôle titre, Helen Mirren et Peter O'Toole, entre autre.
The Blue Lagoon, 1980
Richard et Emmeline sont deux enfants ayant survécu au naufrage d'une bâteau et qui sont maintenant seuls sur une île tropicale du Sud du pacifique. Sans les restrictions ni les codes de la société, ils apprennent ensemble à vivre avec leurs changements physiques, leurs élans émotifs, et on les découvre dans la puberté. Le film fait scandale quand on apprend que Brooke Shield n'avait que 14 ans et joue poitrine nue une bonne partie du film, ses cheveux couvrant ses seins. Des doubles auraient été utilisés pour plusieurs de ses scènes. Film d'éveil sexuel adolescent.
American Gigolo, 1980
Le film qui établissait Richard Gere comme un acteur principal pour la première fois raconte l'histoire d'un gigolo narcissique, matérialiste et superficiel prenant son pied avec des femmes plus âgées afin de les satisfaire sexuellement contre rémunération. Sa vie change au contact de la femme d'un sénateur.
Body Double, 1984
Brian DePalma est incontestablement le roi des thrillers érotiques. Hommage volontaire au
Rear Window d'Alfred Hitchcock (faisant aussi de gros clins d'oeil à
Vertigo et
Dial M Fior Murder), le film raconte Un claustrophobe découvre une voisine dansant devant sa fenêtre à la même heure tous les soirs. Il en deviendra obsédé. On baigne dans le soft porn, plusieurs actrices du monde du porno y faisant de courtes apparitions.
9 1/2 Weeks, 1986
Inspiré des mémoires de l'auteura austro-Étatsunien Ingeborg Day, le film avait fait patate au box office des États-Unis parce que jugé trop explicite. Son budget de 17 millions n'en avait ramené que 6.7. Mais partout ailleurs dans le monde, ce seront 100 millions que le film générera. Il est complété en 1984 mais lancé sur le marché que deux ans plus tard. Un employé de galerie d'art (Mickey Rourke) vit une relation intense avec une courtière de Wall Street plus conservatrice. Joe Cocker nous propose
une musique de strip-tease pour la fin des temps.
Dangerous Liaisons, 1988
Basé sur l'épistolaire roman de Pierre Chordelos de Laclos, Christopher Hampton* scénarise brillamment la manipulation amoureuse entre la malicieuse Marquise de Merteuil (fameuse Glenn Close) et le Vicomte de Valmont (exceptionnel John Malkovich) qui veut se venger sur son ex-amant en conduisant la séduction de sa nouvelle fiancée et l'abandon brutal de celle-ci (Jeune Michelle Pfeiffer). Mais ça ne se passe pas comme prévu. Fameux film mettant aussi en vedette une jeune Uma Thurman. Sensuel et chic.
The Umberable Lightness of Being, 1988
En 1968, le cinquième roman de Milan Kundera, parle de la vie des artistes et des intellectuels dans le contexte du printemps de Prague, puis de l'invasion de la Tchécolsovaquie par l'URSS. Parmi eux, Tomas, qui oscille entre le libertin et l'amoureux passionné alors que Tereza brigue l'amour et Sabina davantage la légèreté.
Henry & June, 1990
Inspiré de la vie luxuriante de l'auteur Henry Miller et de sa femme June, et de leur relation avec Anaïs Nin ainsi que leur vie bohémienne, tout juste avant la publication du roman de Miller,
Tropique du Cancer. Très érotique. Avec Fred Ward, Maria de Medeiros et Uma Thurman.
Bitter Moon, 1992
Inspiré du roman de Pascal Bruckner, Roman Polanski, toujours intéressé par les rapports de force entre individus, nous raconte l'histoire d'Oscar (Peter Coyote) et de Mimi (Emmanuelle Seigner), racontée aussi par Oscar à un jeune couple sur le point de se marier, Nigel & Fiona (Hugh Grant & Kristin Scott-Thomas) à bord d'une croisière. C'est une histoire de couple intense qui aborde les thèmes de sadomasochisme, de bondage et de voyeurisme. Désir sexuel aventureux mis face au désir sexuel plus traditionnel.
L'Amant, 1992
En 1984, Marguerite Duras raconte ses 15 ans et demi, en Indochine, ses relations difficiles avec sa mère et surtout, sa relation avec un homme de 17 ans son aîné. Tony Leung est découverte en "amant", Jane March en "jeune ingénue". Histoire de Pygmalion.
The Piano, 1993
Une femme écossaise muette (Holly Hunter) et sa fille (très jeune Anna Paquin) sont vendues à un travailleur en Nouvelle-Zélande. La muette s'exprime avec sa musique qu'elle joue sur un piano livré là où ils sont. Elle vivra une passion torride avec un ami de la famille ayant adopté beaucoup des us et coutume des Maoris (Harvey Keitel). L'intensité des flots du désir et l'abandon pour la personne qui nous attire. Visuellement et auditivement savoureux.
Sliver, 1993
Joe Esztheras est un auteur Honro-Étatsunien. L'érotisme est au coeur de son oeuvre. Il reviendra plus loin. Il signe ici l'histoire de Carly, une jeune femme assoiffée de sexe(Sharon Stone), de Zeke (William Baldwin), un jeune voisin à la belle gueule, un romancier d'un building voisin (Tom Berenger), et leur triangle amoureux ainsi que les morts qui surgissent autour. À l'ère de #Metoo, ce type de film passerait plutôt mal de nos jours.
Color of Light, 1994
Un psychologue tombe en congé de maladie après qu'une patiente se soit suicidée sous ses yeux. Il en perd la capacité de percevoir la couleur rouge. Dans un groupe de thérapie, il fait la rencontre de Rose, avec laquelle il a une relation torride. Il découvrira que celle avec laquelle il a une relation a aussi eu des relations avec tous les autres patients de la thérapie. Et bien d'autres choses encore...Avec Bruce Willis et Jane March.
Showgirls, 1995
Retour de Joe Esztheras, sous la lourde main de Paul Verhoeven. Incursion, plutôt vulgaire, dans le monde des filles de spectacle. Premier film à être distribué massivement à un large public malgré plusieurs scènes très sexuelles et même des passages homosexuels féminins.
Kama Sutra, 1996
Mira Nair scénarise, produit et tourne l'histoire les aphorismes du désir selon la tradition indienne. Exultation et libération spirituelle. Tout ça du point de vue d'une Femme, ce qui n'est pas à négliger.
Crash, 1996
Des gens légèrement tordus, développe un fétiche pour des relations sexuelles dans les carcasses décharnées de voitures accidentés ou encore entre partenaires avec prothèses. Tiré de l'imaginaire débridé de J.G.Ballard, le livre était en meilleures suggestions que ce que nous montre David Cronenberg. Pour fétichiste et amour pucké.
Boogie Nights, 1997
L'histoire (fictive) de Dirk Diggler, acteur porno au membre surdimensionné, qui connaîtra quelques heures de gloire dans les années 70-80, avant de plonger dans la déchéance totale. Aussi drôle que pathétique. Et, puisque plongé dans l'univers du porno, érotiquement tourné.
American Beauty, 1999
Un couple de banlieue sombre dans l'ennui que la banlieue lui inflige. Lester, un directeur de publicité quitte son emploi pour devenir vendeur de burger. Sa femme, superficielle et agente immobilière, le trompe avec un autre agent immobilier. Le couple implose. Lester est fortement attiré par une amie de sa fille. Lolita des banlieues. Premier contact avec le fameux scénariste Alan Ball qui nous donnera par la suite
Six Feet Under,
True Blood, et tout récemment,
Here & Now.
Eyes Wide Shut, 1999
Film dont
je vous ai jasé en
long et en large.
Baise-Moi, 2000
Dernier film ici, que l'on pourrait tout simplement classer pornographique. Adaptation du roman exorciste de Virginie Despentes, Deux femmes, Manu & Nadine, la première, assassine, la seconde tout aussi assassine et violée, s'unissent pour prendre leur pied partout et assassiner comme bon leur semble.
Thelma & Louise, beaucoup plus gore. Les scènes de sexe étant non simulées.
Quills, 2000
Impossible d'adapter le Marquis de Sade sans parler de désir sexuel. On réimagine la dernière année de vie du Marquis, avec Geoffrey Rush, Joaquin Phoenix, Micheal Caine et Kate Winslet.
La Pianiste, 2001
Adaptation du roman éponyme d'Elfriede Jelinek par Micheal Handke racontant l'histoire d'une professeures de piano, coupable de mépris et de cruauté envers ses élèves puisqu'elle en serait elle-même friande. Fréquentation secrète de sex-shops ou de peep shows, voyeurisme et mutilations au menu. Sexualité masochiste tordue.
Brokeback Mountain, 2005
Rare étaient alors les films homosexuels mâles explicites et grands publics. La passion naissante entre deux cow-boys dans les montagnes a ému la planète entière. Et agressé les plus conservateurs.
Shortbus, 2006
Le film, qui s'est longtemps appelé
The Sex Film Project, s'inspire des
Lusty Loft Parties et des
Cinesalon, tous deux organisés par Stephen Kent Luck, qui incarne Creamy dans ce film. Toutes les scènes de sexe (sauf une) sont aussi non simulées. Une femme tente de régler son incapacité à atteindre l'orgasme.
Lust, Caution, 2007
En 1942, un groupe de contre révolutionnaires, dont Mak Tai Tai (Tang Wei), veut renverser les Japonais qui occupent la Chine. Mak Tai Tai deviendra la maîtresse d'un des chefs de l'envahisseur, dans une relation torride et intense, ou la passion et la fureur se côtoient et où "coucher avec l'ennemi" prend un sens brutal. Excellent film d'Ang Lee.
Nymphomaniac, 2013
Film en deux parties, Lars Von Trier a tourné une co-production du Danemark, de la Belgique, de la France et de l'Allemagne mettant en vedette Charlotte Gainsbourg, Stellan Skarsgard, Stacy Martin, Shia Leboeuf, Christian Slater, Jamie Bell, Uma Thurman, Willem Dafoe et Connie Nielsen. Une nymphomaniaque, auto diagnostiquée confesse sa vie à un homme qui la retrouve battue dans une rue.
La Vie d'Adèle, 2013
Deux jeunes femmes vivent un coup de foudre. La première, jeune fille assez traditionnelle qui ne se savait pas capable d'être attirée par les femmes, la seconde, aux cheveux bleus couleur chaude, plus éclatée et fonceuse, la fait verser dans une relation intensément passionnée. Beau film adapté du roman graphique de Julie Maroh,
Le Bleu est une Couleur Chaude.
50 Shades of Grey, 2015
(série de) Film(s) adapté(s) des romans d' E.L.James. Une jeune femme accepte de se soumettre aux caprices sexuelles d'un homme riche et beau aux fantaisies de dominations. Étrange succès à l'époque des souhaits égalitaires entre sexes.
Oh! il y en d'autres,
Lolita pour n'en nommer
qu'un, mais on en a tellement parlé, vous n'avez plus besoin d'y être dirigé. (
50 Shades of Grey aussi, Jones, pas besoin de me le rappeler).
Mais bon, cette chronique s'éternise comme une mauvaise baise...
Érotiquement vôtre.
*Tiré aussi de sa propre adaptation théâtrale