Des lois anti-métissages avaient toujours existé aux États-Unis depuis leur tout début. Quand il n'y avait que 7 États, vers 1865, avoir un enfant d'une esclave noire vous plongeait dans l'illégalité. Une femme ne pouvait pas se donner à un noir non plus. Ce dernier, si découvert. était aussitôt piégé (comme les noirs le sont encore) et condamné pour viol sans forme de procès.
Ironiquement c'était les Républicains de Lincoln qui marquaient le progrès et allaient rendre la chose légale dans 6 des 7 États. Avant que les Démocrates ne reprennent le pouvoir et réintègre l'illégalité de l'union entre un(e) blanc(he) et un(e) noir(e). Un souci était que l'enfant métissé d'une telle union allait entraîner une certaine confusion par la suite puisque les noirs n'avaient pas les mêmes droits que les blancs.
La loi stipulait alors qu'un seul noir dans sa descendance faisait de vous un noir.
En 1967, 16 États, tous du Sud des États-Unis, avaient toujours de telles lois allant de la simple interdiction de reconnaissance d'union à l'incarcération en prison pour de telles liaisons.
À l'âge de 18 ans, en 1957, Mildred Delores Jeter, une africaine-américaine, à moitié amérindienne (Cherokee), tombe enceinte de Richard Loving, son amoureux blanc de 23 ans, Richard Perry Loving. Les deux attendent juin 1958 pour se marier. Mais à Washington, puisque dans leur Virginie natale, ceci reste illégal depuis 1924.
À leur retour à Central Point, en Virginie, quelqu'un les as dénoncés anonymement. La police se rend chez eux le 11 juillet, dans la nuit, dans l'espoir de les attraper en plein acte sexuel, ce qui serait une preuve hors de tout doute qu'ils sont bien engagés. La police les trouvent toutefois endormis. Mildred, outrée leur pointe le certificat de mariage au mur afin de plaider sa cause. On leur dit que ce certificat n'a aucune valeur en Virginie et ne serait pas légal dans les règles du Commonwealth.
Ils sont tous les deux arrêtés pour s'être mariés hors de l'État, mais aussi sous des accusations de métissage, pêchés qui pourraient leur valoir tous les deux entre 1 et 5 ans de prison.
Le 6 janvier 1959, les Loving plaident coupable à l'accusation de cohabitation, en temps que mari et femme, contre la paix et la dignité du commonwealth. Ils écopent tous les deux d'un an de prison et peuvent suspendre leur sentence si ils quittent la Virginie et n'y retournent pas ensemble avant 25 ans. Le couple se déplacent donc dans le District du Columbia.
En 1964, frustrés de leur impossibilité de visiter famille et amis, Mildred écrit au procureur général des États-Unis, Robert Kennedy, afin que leur isolation cesse. RFK les réfère à des avocats de l'Union Américaine pour les Libertés Civiles. L'UALC les défend mais perd une première manche. Après un an de discussions légales sur la chose, un juge tranche que si Dieu a choisi que les gens jaunes, rouges, bruns, noirs et blancs soient sur des continents différents, il n'y a pas de raisons valables pour que le métissage soit acceptable.
Les Loving, toujours supportés par l'UALC, amènent leur cause à la cause suprême. Richard Loving n'a qu'une ligne pour se défendre: "J'aime ma femme et c'est injuste que je ne puisse vivre avec elle en Virginie". Sa simplicité touche les coeurs dans des États-Unis de plus en horrifiés par les images qui leur arrivent du Viet-Nam.
Les Loving s'appuient sur le 14ème amendement qui stipule que la liberté de choix de se marier ne soit pas restreinte par des discriminations raciales. Sous la constitution des États-Unis, la liberté d'épouser, ou de ne pas épouser, une personne d'une autre race réside dans l'individu et ne peut être réduite par l'État.
La cour suprême renverse la décision et accorde tous les droits nécessaires au couple Loving. Dignement, ils abrogent aussi la loi. Malgré une telle décision, des États continuent d'appliquer des lois anti métissage jusqu'en 2000. L'Alabama étant le tout dernier État à se raisonner sur la chose.
Richard et Mildred ont ensemble trois enfants. Une blanche, un métissé et un troisième plus négroïde. Comme pour bien montrer que les mélanges, c'est formidablement beau. Mildred se félicitera toute sa vie d'avoir hérité d'un nom aussi chaleureux et empreint d'amour. Fin juin 1975, Richard et Mildred sont frappés par un conducteur ivre. Richard y perd la vie. À 42 ans. Mildred y perd son oeil droit. Elle le rejoint dans la mort en 2008, décédée d'une pneumonie, à l'âge de 68 ans.
Leur histoire a été le sujet d'un téléfilm en 1996, d'un film 20 ans plus tard et d'un livre de Gilles Biassette en 2015.
Leur histoire est celle de l'amour remportant contre le discriminatoirement non raisonnable.
Le mariage interacial devient légal en Virginie aujourd'hui, il y a 50 ans aux États-Unis.
Il n'y a que 50 ans, aujourd'hui.
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