vendredi 13 janvier 2017

Ivanka & Les Autres

Dans une semaine le président désigné des États-Unis deviendra officiellement le nouveau président des États-Unis.

En 2009, Ivanka Trump lançait un livre appelé tout simplement The Trump Card. Ce livre en dit long sur l'éthique familiale.

En ouverture, Ivanka nous lance tout de suite : "Oui, j'ai eu la grande chance d'être née dans une famille riche et privilégiée, avec un nom de famille que je devais honorer. Oui, j'ai eu toute les opportunités, tous les avantages, et oui j'ai choisi de bâtir ma carrière sur les fondations de mon père et de mon grand-père, mais j'insiste, mes frères et moi n'avons pas atteint nos positions en raison de notre famille."

(...)

Et ceci n'est pas une pipe.

Une phrase, usant d'une logique de bottine comme celle d'Ivanka sur sa famille, pousserait le lecteur sensé à fermer tout de suite le livre et à passer à autre chose. Cette fille nous prend pour des abrutis. Mais pour comprend la carte Trump, il faut continuer. Le livre est destiné aux femmes avec son écriture rose et son commentaire d'Anna Wintour en jaquette. Mais à plusieurs moments, on croit entendre papa parler. Quand vient le moment de parler d'agressions sexuelles, elle prend le parti des celles qui devraient être en mesure de supporter bien des choses. Elle cite même Roger Ailes, Président déchu de Fox, dans le déshonneur absolu, pour avoir agressé de multiples femmes à de multiples reprises. En 2009, ceci n'était pas encore complètement public, mais ça indique qu'un personnage comme Ailes, l'aveuglait déjà. "Gosh I sound like my father, don't I?" dit-elle à un certain moment. "Well, that's what you get from this daddy's girl" admet-elle par la suite.

Ivanka a été primordiale dans la victoire de son père. Chaque fois qu'un voteur pour Donald a hésité, face à la fragile ligne de déséquilibre mental sur laquelle Donald a marché depuis deux ans, il pouvait regarder sur la gauche, apercevoir cette plante de jardin belle jeune fille blonde, capable de vivre avec les grossièretés de son père, sans complètement les endosser non plus. L'identification du voteur, si il ne se faisait pas complètement avec l'absurde Donald, pouvait se lier à la "digne" Ivanka.
Mais le vernis craque.

Ivanka présente dans son livre tous ses avantages comme des handicaps. Elle nage dans un pudding de phrases voulant diminuer les avantages qu'elle a eu dans la vie. "Nous sommes tous des coureurs d'une même distance, et parfois, partir avant les autres n'est qu'une illusion..." Dès la page 9, elle en a marre de prétendre ainsi être l'égal des lecteurs et lance soudainement : "Est-ce que j'ai été privilégiée en me lançant en affaires? absolument. maintenant revenez-en. Et continuez à lire".

Depuis 2009, Ivanka a beaucoup changé. Elle a marié Jared Kushner et est mère de trois enfants. Vivant un style de vie qui serait un heureux mariage entre Gwyneth Paltrow (pour sa vie de blogueuse) et la directrice des opérations de Facebook Sheryl Sandberg, Ivanka n'a rien de la jeune fille normale. On raconte que la moitié des gens qui détestent Donald, l'adorent elle, parce qu'elle n'est pas lui!.

Ivanka, tout comme son père, est très soucieuse de faire du profit personnel. Bien qu'elle ait récemment séparé ses propres comptes de réseaux sociaux personnels de ceux de ses franchises Ivanka Trump Lifestyle, elle eu le temps de promouvoir un bracelet porté lors d'une rencontre avec un dignitaire japonais, puis un autre avec un dignitaire d'Argentine une semaine après l'élection de novembre, utilisant la vitrine pour s'enrichir, ou si vous préférez, afin de nous montrer par A+B ce qu'était la corruption. En revanche si elle tweet sur la manière de faire le pain aux bananes ou encore publie une photo de ses enfants, les gens ronronneront et oublieront que le chat mange le pain en cachette.

Lorsqu'elle parle de son éducation, elle discute du fait qu'elle a dû être forcé de prendre l'avion en classe régulière et fréquenter seulement une prep school. Pour se mêler aux gens ordinaires. Elle parle aussi de sa souffrance à ne pas pouvoir vendre, avec ses frères, de la limonade comme Lucy dans Charlie Brown, enfant, à la Trump Tower. Elle a dû le faire, avec ses frères dans son quartier. Mais les gens étaient si riches dans son quartier que littéralement personne ne passait à pied devant leur kiosque. Il a fallu demander aux chauffeurs, aux gardes du corps, aux femmes de ménages et aux employés de maison de sortir leur petit change. Pour avoir la vie d'une enfant normale...

Dans une ligne qui souligne le flair d'un autre, Ivanka raconte que son ami Andrew Cuomo lui a dit que les courriels sont un terreau fertile pour les poursuites et seront l'endroit pour le faire contre à peu près tout le monde d'ici peu.

Bien qu'elle essaie à la fois d'être comme tout le monde, et de se distancer de ce qu'est son père, le livre nous rappelle, qu'au contraire, une femme élevée dans la ouate ne supportera pas la paille et que sans son père et son grand-père, elle ne mangerait pas avec la même cuillère.

The Trump Card nous rappelle que ces gens ne sont pas nous.

Surtout pas les gens oubliés dont Donald Trump prétend défendre les intérêts.

Ces gens nous prennent pour des abrutis.

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