Dans le temps des fêtes, je me suis abstenu de vous entretenir trop en détail des multiples morts de personnalités pour trois raisons:
1) J'étais loin des ordis, dans l'hiver du 418 avec peu d'accès au blogue.
2) Les morts de gens célèbres se multipliaient (et se multiplieront) à un rythme fou et je n'ai pas envie que mon blogue soit un salon mortuaire.
3) Il faut bien vivre aussi. Il me semble que je vous parle plus souvent de la mort.
Corno, George Micheal, Carrie Fisher, sa mère le lendemain, le frère de Corno la semaine dernière...
Tiens?... 4 de ces 5 morts ont quelque chose d'intéressant.
Debbie Reynolds, dès ses 19 ans, était une superstar. America's Sweetheart qu'on l'appelait, après Singin' in the Rain. Debbie est devenue maman de son mariage avec le chanteur Eddie Fisher. Sa fille Carrie est née 4 ans après que sa mère eût frappé fort sur les écrans du monde entier. Debbie a eu le temps d'être maman une seconde fois quand le petit frère de Carrie est né peu de temps après. Mais déjà. Eddie Fisher avait fui dans les bras d'Élizabeth Taylor. La relation entre Debbie et Carrie n'a jamais été facile. Mais elle était redoutablement touchante. Deux gros ego. Deux têtes fortes. Voilà pourquoi le rôle de le princesse Leia irait si bien à Carrie des années plus tard. Carrie Fisher en Leia (et mes soeurs) sont d'importantes influences sur mon intérêt vis-à-vis les femmes de caractère.
Mais je m'égare.
Aussi tendu qu'ait pu être la relation entre Debbie et sa fille, au moment de mourir, Carrie habitait une maison contiguë à celle de sa mère. Elles ne devaient pas s'haïr tant que ça. De plus, en revisitant la vie de Carrie, je serais touché par une mère extrêmement fière de sa fille. Tout aussi heureuse que l'on passe de la fille de Debbie Reynolds à la mère de princesse Leia en parlant d'eux.
Deux choses me fascinent sur leurs morts. La première est cette drôle de sensation puisque quelques jours avant la mort de Carrie, j'avais emprunté à la Vievliothèque le film Shampoo. Le tout premier dans lequel apparaît la jeune Carrie, dans un rôle mineur et comique.
Quand Cohen est mort, je lisais son premier roman depuis une semaine. Est-ce à penser qu'Harvey Keytel ou Ridley Scott devraient craindre pour leurs vies puisque je viens de voir The Duelllists?
Plus sérieusement, Debbie Reynolds a suivi sa fille dans la mort dès le lendemain. Morte très vraisemblablement de chagrin. D'un coeur brisé. Une réalité que j'ignorais, mais qui est bien réelle. Une rupture violente, le décès d'un proche, tout cela génère du stress et une décharge soudaine d'hormones, comme l'adrénaline, utilisée par exemple lors d'un arrêt cardiaque. fait en sorte que le myocarde prend alors la forme d'une amphore et le coeur est incapable de se contracter correctement,
Les dommages sont souvent irréversibles, et si le patient est traité à temps, il s'en remettra. Mais si il est très âgé, ou si son coeur est fragile, cela peut lui être fatal.
Debbie avait 84 ans. Et sa fille est morte du coeur. une condition probablement sienne aussi.
Une étude britannique de 2011 a montré que les chances de mourir de chagrin sont plus grandes dans les 30 jours suivant la mort d'un être fortement aimé. Une autre étude (de Harvard, celle-là) a montré que ça monte jusqu'à 41% de chances de mourir dans l'année qui suit quand vous êtes une femme qui perdez votre amour.
Joanne Corneau, dite Corno était malade depuis longtemps. On s'attendait donc à ce qu'elle quitte notre planète des suites de sa maladie. Mais Guy, son frère, était aussi atteint d'une maladie auto-immune, qu'il avait tenu beaucoup plus secrète. On s'y attendait moins.
Il l'a rejointe deux semaines plus tard dans la mort, à 65 ans.
Je n'ai pu m'empêcher de penser au chagrin, là aussi.
Guy Corneau en eu du chagrin. C'est même ce qui l'a mis au monde publiquement. Quand, en 1989, le psychanalyste a lancé le livre Père Manquant, Fils Manqué, un essai sur le mal-être masculin et le sien en particulier. L'écho a été monumental. Le livre a été traduit dans plusieurs langues et a fait voyager son nom et ses propos à travers le monde.
Le livre avait alors un peu ouvert le droit aux hommes de se livrer à l'introspection, ce qui avait toujours été assez peu pensé ou socialement accepté auparavant.
Autant chez Reynolds que chez Corneau, je suis convaincu que le profond chagrin a joué un grand rôle dans leur départ vers un autre monde.
Puis, finalement, il y a cette femme de mon entourage. Une femme qui a 10/12 ans de plus que moi. Elle a la "chance" d'avoir encore sa mère dans sa vie. Une femme dans les 90 ans passés. Mais j'ai compris que cette chance n'en était plus une. Que sa mère, mourante, ne l'était plus assez. Qu'elle s'en occupait toute seule. Que sa mère était même redevenue une enfant difficile et intenable. Que l'oxygène de sa vie, (la femme que je connais) était presque complètement aspiré par sa mère.
Qu'elle ne faisait plus qu'attendre la mort de sa mère. Avec résilience. Et tellement de courage.
On se trompe souvent sur le courage. Je le fais en ce moment même. le vrai courage est celui qui exige une certaine bravoure, que l'on se rappelle toujours, mais il y a aussi celui qui nous place en mode survie. Le courage qu'on ne choisit pas. Quand mon père est décédé, on m'a, à tort, prêté du courage. Non, c'était de la survie.
Cette femme, depuis facilement le début de l'automne, peut-être avant, est en mode survie.
Et dans ses yeux il y a la couleur du chagrin.
Même si on a commencé 2017 en excess de stress, ce n'est rien à côté de ce qu'elle vit en ce moment.
Je lui souhaite de revivre. Très bientôt.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire