Je suis un amoureux du #10.
On a toujours cru que c'était en raison de Guy Lafleur et ça m'a toujours insulté.
Parce que j'étais Nordiques de Québec et non Canadiens de Montréal jusqu'aux années 2000.
Aussi parce que quand j'ai connu Lafleur, c'était en 1981, et il se faisait clouer au banc parce qu'il était MAUVAIS. Il ne jouait que dans une seule direction (l'offensive), peu physique dans une ligue qui l'était de plus en plus et passait son temps à snapper du même angle. Il ne m'impressionnait pas du tout et tout le monde passait son temps à en parler comme d'un demi-Dieu.
Et je l'ai dit: Il jouait pour l'ennemi. Quand il a joint les Nordiques, j'ai vomi.
Non le 10 je l'aime depuis toujours en raison d'autres joueurs. Craig Ramsay des Sabres de Buffalo qui avait marqué 2 buts contre Vancouver dans un des premiers matchs que j'avais écouté en cachette dans le sous-sol tard dans la nuit, alors que le match commençait à 22h00 à CBC et que Gary Bromley avait cédé deux fois dans son gilet jaune devant Ramsay. Mais aussi en raison de Dale Hawerchuck que j'admirais beaucoup. Et Ron Françis aussi.
Mais ça a toujours été en raison des différences entre les formes des chiffres. Le 1 bien droit et longiligne et le le 0 bien rond et ovale. Je trouve ça esthétiquement beau. Différent. Original dans un dos d'athlète.
Et depuis, mon fils m'a fait le cadeau de naître le 10 me le gravant dans le coeur pour toujours.
Différent.
Original.
Esthétique.
Dans le Coeur.
Je pourrais dire tout ça de David Bowie aussi que j'admire beaucoup depuis toujours.
Son 10ème album se concoctait à l'automne il y aura 40 ans cette année. Cet album, Station to Station, allait marquer un tournant important dans la carrière du caméléon androgyne.
Mesdames,
Messieurs,
et autres:
Plongée en apnée dans les eaux créatives d'un rachitique cocaïnomane de 28 ans à Los Angeles en 1975.
Bowie allait avec cet album produire le parfait trait-d'union entre Ziggy Stardust- le plastic soul de Philadelphie et les expériences ambiantes qui allaient suivre. L'album allait aussi cimenter le band composé de George Murray à la base, Dennis Davis à la batterie et Carlos Alomar à la guitare rythmique.
Les antécédents sonores de cet album de 6 chansons se trouvent dans la chanson titre de son album de 1973, ainsi que dans la chanson Time du même album. Les thèmes survolent ceux de morceaux d'Hunky Dory et de The Man Who Sold the World. On y trouve aussi des éléments de funk et de disco propre à l'époque et des teintes allemandes de Can, Neu! et Kraftwerk, groupe qui allaient largement influencer les itinéraires musicaux et physiques du mince duc blanc.
Le mince duc blanc était un nouveau personnage que se créait Bowie, une sorte d'aristocrate aryen blanc, à la fois mégalomane, immoral, zombie, sans émotions et Nietzschéen. La glace déguisée en feu.
L'album devait s'appeler The Return of the Thin White Duke et reste d'ailleurs la première ligne du disque. Première ligne qui naîtrait dans nos oreilles après 3:17 de musique introductive jouissive mélangeant bruits de train, krautrock, électronica, feedback et riffs de rock. Largement versé dans la drogue (It's not the side effects of the cocaïne, I'm thinking that it must be love) et dans l'occultisme, Jimmy Page de Led Zeppelin, aussi versé dans la sorcellerie au même moment, s'amuse à le terroriser. Page s'est convaincu qu'il est un Dieu sur terre et que Bowie est une sorcière.
Ce dernier est pris de crise de panique tout à fait cocaïnée, qui lui font croire qu'on lui vole son sperme dans son sommeil, que des cadavres tombent du toit en passant devant ses fenêtres et que les Rolling Stones lui envoient des messages dans leurs chansons. Le délire est total. Bowie prétend aujourd'hui avoir "oublié" l'enregistrement de cet album. Moi je crois surtout qu'il a choisi de ne plus s'en souvenir.
Le funk, le soul, le R & B semblaient derrière lui. Voilà pourquoi il a offert Golden Years à Elvis Presley, qui, outré par la simple personnalité de cet androgyne, l'a promptement refusée. D'autant plus que la chanson parle de gloire "passée" et que le King ne se voit pas "passé" du tout. Bowie parlait surtout, à mots couverts, des belles années d'antan avec sa femme Angie dont il s'éloigne.
Bowie est si aux prises avec des crises de panique qu'il se tourne secrètement, et intérieurement vers Dieu. Il se christianise en secret. Il le place en mots dans sa chanson Word on a Wing qui clôture la Face A du disque mythique. Cette chanson est un appel à l'aide dans les jours les plus sombres de l'âme de David R. Jones, né à Brixton.
Alors en tournage avec Nicolas Roeg dans la peau de Thomas Jerome Newton, L'homme qui venait d'ailleurs, Bowie s'inspire à la fois d'une scène où il est placé devant de multiples télévisions et un rêve de son ami Iggy Pop, qui avait rêvé que sa copine se faisait avaler par la télé. La chanson qui en sera tirée fait d'ailleurs la part belle à la voix de Pop qui allait le suivre par la suite à Berlin. La chanson est considérée comme le plus bel hommage aux Yardbirds dans une version oblique.
Stay est écrite dans la frénésie cocaïnée et Carlos Alomar et Earl Slick se répondent mutuellement quand il ne se chevauchent pas au niveau sonore avec leurs accords dont on trouve la genèse dans un autre morceau antérieur de Bowie.
La pièce qui clôt cet effort sonore est à mon avis l'une des plus belles performances vocales de Bowie. Après une rencontre avec Nina Simone, il tire de son catalogue sa propre version d'une chanson composée par Ned Washinton et Dimitri Tiomkin en 1957. Un morceau que je trouve toujours magique et qui me tire toujours un frisson, 40 ans après son enregistrement.
David Bowie quittera pour Berlin avant que la folie ne le gagne complètement, avec son buddy Iggy Pop et Brian Eno et Murray/Davis/Alomar et le retour de Tony Visconti.
Pour y créer une trilogie mythique.
La suite est une autre histoire.
David Bowie a eu 68 ans hier.
L'âge qu'aurait eu mon père cette année.
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