C'est avec la duplicité de tous les morceaux du damier qu'il a bâti son sous-estimé film The Shining. sur 5 ans. Avec sa méticulosité malade habituelle, aussi.
La précision avec laquelle, il a joué avec les nombres (12, 21, 24, 42, 11)qui reviennent continuellement dans le film n'est pas innocente. Les 4 premiers sont des inversions des même chiffres. Comme si on avait placé un miroir face à chacun d'eux. Le miroir, déformant au possible, est d'ailleurs partout DANS ce film. Le dernier, un doublon, deux lignes intègres, et une référence à une célèbre fusée.,. j'y reviendrai.
Pour celui qui a lu le livre duquel le film est inspiré, on peut facilement voir que Kubrick a pris un soin précis de changer à peu près tout dans l'oeuvre originale de Stephen King.
L'hôtel au Colorado dans le livre est en Oregon à l'image.
Dans le livre le jeune Danny a sa crise dehors devant l'hôtel, dans le film, il est dans l'hôtel.
La haie est dans la cour avant dans le livre, dans la cour arrière dans le film.
Jack travaille sa nouvelle dans le sous-sol dans le livre, il le fait au grenier dans le film et ne va surtout pas au sous-sol.
Dans le livre, Danny voit "redrum" avant d'entrer dans l'Overlook Hotel. Dans le film il est dans cet hôtel depuis un certain temps, et voit ce mot, dans cet hôtel.
L'inscription "redrum" apparaît une autre fois dans la salle de bain chez King, hors de la salle de bain chez Kubrick.
La poursuite finale se déroule dans l'hôtel dans le livre, dehors dans la neige, dans le film.
Wendy, blonde et allumée, est sévèrement battue dans le livre, brune et plus passive dans le film, elle s'en tire avec une bonne frayeur sans être touchée.
Le livre s'ouvre sur l'entretien de Jack avec celui qui lui offre le contrat à l'Overlook. Le film commence sur la route, avec Jack et sa famille.
Dans le film le docteur est une femme qui voit Danny à l'hôtel, dans le livre, un homme qui reçoit Danny dans son bureau.
Finalement, la Volkswagen, (voiture allemande comme la femme de Kubrick) rouge dans le livre, est jaune dans le film.
Jaune, rouge, dans un film si noir...clin d'oeil à l'Allemagne?
D'ailleurs, tard dans le film, on y voit un accident où un camion a littéralement écrasé et déformé une Volkswagen rouge...
C'était de l'humour Kubrick qui disait à Stephen: Voilà ce que j'ai fait de ton livre.
Et le cinéma, c'est MON véhicule.
Stanley Kubrick, Stephen King.
S.K. S.K.
Miroirs partout, je vous dis.
Mais Stanley, amateur d'échec je vous disais, a créé un jeu d'échec en trois D avec son film. Il y a plusieurs couches de lectures de cette oeuvre, le mauvais traitement des indiens en Amérique, entre autre. L'une de ses compréhension est une sérieuse, mais subtile confession de Kubrick sur son implication dans la fabrication des images de l'homme sur la lune.
Kubrick a placé un labyrinthe qui n'existe pas dans le livre de King. Pour nous faire travailler la tête justement comme on le ferait dans un tortueux labyrinthe.
Presque chaque fois que Kubrick dévie de la nouvelle de King, il plonge justement dans ce qu'il a probablement vécu dans son implication possible sur le trucage des images de 1969. Comment c'était de faire un deal avec le gouvernement des États-Unis (Ullman dans le film). Qu'est-ce que c'était de confesser à quelqu'un (Dick Hallorann dans le film) ce dans quoi vous êtes impliqué et de potentiellement en souffrir les conséquences en raison de votre manque d'intégrité. Ce que c'était de mentir à sa propre femme, ce que c'était quand votre femme découvrait le pot-aux-roses,
On peut douter de toute ces idées un brin propagande délirante, mais arrive la 58ème minute et le jeune Danny avec son gilet...d'Appolo 11. Les cannes de Tang dans la remise à une époque où Tang faisant sa publicité avec des reconstitutions de l'homme sur la lune. "Wendy don't you know I have obligations to my employers..." est une ligne qui aurait probablement été dite par Stan, à sa femme Christiane. "Do you have any idea what a contract is? Do you know what an agreement is?" aussi.
Kubrick avait prétendu à l'époque qu'il avait changé la chambre 217 (dans le livre) pour la chambre 237 (dans le film) à la demande de l'hôtel car ceux-ci craignaient que les clients seraient effrayés de la louer par la suite. Faux. Il n'y a jamais eu de chambre # 217 à cet hôtel, Et 237, c'était aussi ce qu'on disait de la distance entre la terre et la lune (237 000 miles) à cette époque. (de plus, par référence à ce que je disais plus haut: 2+3+7= 12 ).
Dans la scène, Danny marche jusqu'à la fameuse chambre, dont la porte est ouverte et qui a une clé dans la serrure. On y voit les mots "ROOM No: 237". Avec les lettres en majuscules, on peut faire deux mots: room ou...moon.
Tout ce qui se déroule dans cette chambre n'est pas vrai. On doit mentir sur ce qui se passe là-dedans. Personne ne doit vraiment savoir ce qui s'y passe.
La moon room.
Kubrick faisait semblant d'adapter la nouvelle de Stephen King.
Il en savait un peu sur "faire semblant"
À l'hôtel L'Overlook.
Overlooking:"regarder, sans complètement voir"
Même outre-tombe Kubrick reste fascinant.
Eyes Wide Shut est plus personnel encore dans ses secrets.
Mais ce sera pour une autre fois.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire