mardi 18 juin 2013

Femmes de Demain

La radio dans la voiture avait joué une chanson de 1997. C'était mauvais en 1997, ce l'est toujours.
Étrangement, elle joue souvent à la radio car mes enfants me l'ont confirmé.
La radio commerciale s'applique de plus en plus à être mauvaise.
Cette connerie de répétition de trois mots s'était logée dans ma tête et je me devais de me la sortir du crâne avant de devenir fou.

C'était un samedi matin où il ne devait faire que 4 degrés celsius après des semaines de canicule. Punkee allait jouer au soccer à 9h00 du matin avec son équipe. Pendant que les petites se réchauffaient je regardais ce troupeau d'enfants de 10 ans et je m'amusais de les voir s'entendre si bien alors que nous grelottions dans nos chaises, certains en sacrant contre l'heure matinale d'un match où on faisait de la buée en parlant, moi en sacrant contre ce beat dans ma tête. J'ai enfilé mon arme anti-marde et j'ai placé mon ipod dans mes oreilles. Good Morning Heartache me semblait de circonstances.
Billie est toujours de circonstances pour laisser retomber la poussière, (ce matin-là, la bruine).

Mais comme je fais bien souvent, j'ai cliqué sur ma liste de lecture qui comprenait aussi du Madeleine Peyroux et comme un réflexe, je faisais lecture aléatoire. Ma liste de lecture allait m'offrir pendant toute la première demie exclusivement du Madeleine Peyroux. Ce qui ne fût pas désagréable du tout mais étonnant puisque sur 66 morceaux, seulement 24 sont de Peyroux sur cette liste de lecture.

Elles étaient splendides les petites filles au soccer. Vraiment. J'avais déjà vécu le même genre de match mais au masculin avec mon fils par le passé. Il a préféré le hockey, même l'été, et a cessé de jouer quand le niveau de compétition devenait trop gigon. Toutefois, pendant 4 ans, avant même de jouer dans un club de soccer, sa petite soeur ne tenait pas en place et jouait avec moi sur les lignes de côté pendant les matchs du grand frère. Elle se pratiquait donc sans le savoir. Quand elle a commencé à jouer, elle avait 4 ans d'avance sur les autres et est aujourd'hui une véritable bombe sur le terrain. Mais la compétition n'est tellement pas la même qu'avec les garçons, ça en est tordant. Des coups de pieds aussi violents et intenses qu'une mêche de cheveux ramenée derrière l'oreille.

Quand l'une d'elles tombe, tout le monde arrête par bienveillance, ça va? t'es tu correcte? Les deux clubs ne jouent plus. Quand une autre botte de toute ses forces dans le ventre d'une adversaire, cette dernière fait un visage d'outrage à la bienséance. Quelques buts se marquent quand une joueuse, par politesse, laisse passer l'adversaire avec le ballon puisqu'elle va beaucoup plus vite qu'elle-même ne se le serait jamais imaginé. parfois la gardienne elle-même qui semble comprendre que sa tâche est de ramasser le ballon au fond du filet. Surtout un samedi matin glacial et pluvieux où les méninges sont encore engluées dans le sommeil. Quelque fois tout le monde arrête, pensant le ballon hors ligne et l'une d'elles fini par le prendre avec ses mains donnant du même coup un coup franc à l'autre équipe.

Elles sont franchement belles à danser plus qu'à courir et avoir toujours de splendides attitudes peu importe les 3-0 pour l'autre équipe. Une équipe de gars serait déjà en dépression après deux buts et en crise interne. Profitez de cette belle humeur collective, belles petites donzelles, avant que les hommes ne viennent vous polluer la vie. Ça viendra bien assez vite.

En fait, c'est déjà commencé. Sur les lignes de côté, il y a ce père arabe qui n'a aucun concept de la bulle et qui se place debout devant tout le monde sans se soucier si il cache qui que ce soit. L'instructeure est une mère bénévole et le voilà lui qui hurle des conseils par dessus ceux de l'instructeure pendant le match. Rendant les petites forcément confuses. Son fils, le frère d'une joueuse, se joint à quelques autres garçons, des grands de 14-15 ans, à la mi-temps et libère un trop-plein de testostérone pour botter des ballons dans les buts de toute leur force en envahissant leur terrain à elles, le match en pause momentané. On perd beaucoup de temps à les déloger des lieux quand l'action reprend pour la dernière demie-heure.

 Un autre, 16 ans, assurément, la dernière fois, avait tout simplement marché en plein milieu de leur terrain ne se souciant de personne, en plein milieu de leur match, en retard pour un match de son équipe sur un terrain plus loin.

Déjà les gars essaient de pisser dans une rivière qui n'est pas la leur.

Elles ont platement perdu 5-0 et ça n'a jamais paru dans leur attitude d'après-match.
Déjà plus matures que les boys.
Que cette joie de vivre perdure dans vos vies de grandes filles.

Elles étaient radieuses à la simple idée d'être toutes ensemble un samedi matin frette: juives, italiennes, latinos, franco, anglo, portugaises, haitiennes et arabe(lle)s. Je les trouvais franchement merveilleuses et saines. Loin de tellement tout les soucis qui les attendront dans leurs vies d'adultes futures. À moins...


                                                              ...à moins que leur vie d'adulte soit tout simplement tout aussi lumineuse un jour, malgré les matins pluvieux à 4 degrés, la bouche qui fait de la buée.

Et malgré les hommes.

Le match s'est terminé et la première chanson de Billie Holiday m'est arrivée dans les oreilles.
Good Morning Heartache.

Ironique d'écouter la voix d'une femme qui n'aura été que souffrance face à des petites filles qui n'étaient que bonheur.

Je suis content d'être témoin de leur joyeuse équipée.

You're the one who knew me when...

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