A.F. travaille comme journaliste à RDI. Il était correspondant dans une ville dont il avait horreur: Québec. Originaire de France, il souhaitait l'Amérique et on l'avait posté dans un village de fonctionnaire qui avait une légère teinte raciste. Il le sentait quand on découvrait son accent.
Il avait demandé à ses employeurs un poste aux États-Unis et ceux-ci le lui ont promis. Apr;es tout il avait déjà fait la Colombie-Britannique et même le désert, pourquoi le punir avec Québec est son pénible maire?
Ce serait correspondant politique aux États-Unis, en janvier 2013. Tout juste à temps pour juger des 100 premiers jours du président (ou du nouveau président). A.F. était excité et déjà il conjuguait avec une session universitaire en soirée afin de se doter d'un cours automnal en politique internationale. (pas qu'il n'en eût besoin).
Il avait préféré cette option à celle de faire encore trois autres mois dans le 418. On lui gardait, en théorie sa place pour janvier 2013 avec une période d'insatallation en Floride pendant toute la période des fêtes. Une période qu'il passerait encore seul. À 44 ans, ça commençait à lui peser mais en même temps, journaliste à l'étranger, il se présentait comme un bien piètre homme de famille aux yeux des dames. Avec ce passage en classe universitaire, il pourrait peut-être se dénicher une amourette.
Ni beau, ni laid, il ne faisait pas ses 44 ans. Mais depuis quelques temps, 6, 7 mois, il se regardait dans le miroir et ne se reconnaissait plus. Morphologiquement, il se trouvait les yeux fatigués. Pas qu'il était gros mais il ne se sentait plus aussi à l'aise qu'avant en bedaine. Même seul dans son appartement devant son miroir. Il se gênait tout seul. Il sentait que si vers 27 ans, il était peut-être à 100% du plus beau qu'il ne le serait jamais plus. Il était aujourd'hui, à 44 ans, peut-être à 74/72%.
Certainement pas plus. Les filles ne le regardaient pas tant que ça et ce, même si son visage passait quelques fois à la télévision.
Ouais, il s'évaluait à 72%.
Elle toutefois, celle qui était dans son cours, toute seule, et qui lui souriait tant était très certainement une 100%. Elle avait 26 ans. Ils s'étaient parlé avant le premier cours. Elle l'avait reconnu. Ça l'avait déçu il croyait que c'était parce qu'elle le jugeait intéressant qu'elle l'avait approché. Intéressant autrement. Intéressant amoureusement. Elle n'avait pas d'amoureux. Une si belle fille, sans amoureux. Ça avait intrigué A.F. mais il ne lui avait pas demandé pourquoi. Elle s'appelait Frédérique Archambault, elle avait donc les initiales inverses: F.A. Ça les avaient amusés. Étaient-ils donc chimiquement compatibles? Elle trouvait que l'accent "français de France" de A.F. était très séduisant. C'est certain que A.F. aurait voulu en savoir plus sur elle.
Mais ce premier jour scolaire avait été marqué par des esclandres orchestrées par des étudiants qui voulaient empêcher la tenue des cours.
La crise étudiante et toute sa vaisselle. Ce cours avait fait parti des pots cassés. Ils étaient entrés masqués, avaient crié des slogans, avair fait sortir tous le monde. A.F. et F.A. aussi. On s'était échangé des invectives entre étudiants et A.F avait perdu F.A. de vue dans la cohue de l'évacuation et dans le bruit.
Au cours suivant, elle n'y était déjà plus. Elle avait abandonné avait confirmé le professeur. Ça aussi ça l'avait déçu. Peut-être que de toute façon les 72% n'ont pas le droit de frayer avec du 100%. Foutaises! Peut-être qu'elle même se juge 81-82%. Les filles sont sévères avec elles-mêmes. Les belles encore plus. Peut-être qu'elle le voyait lui comme un 93%.
Beauty is in the eye of the beholder.
F.A. était très belle.
Il ne la reverrait plus.Il y aurait toujours les États-Unis en Janvier.
Une autre promesse mais qui n'avait rien du mirage celle-là.