lundi 4 août 2025

Diamant Fou (Seconde partie)

 20 ans après que le chimiste Suisse Albert Hoffman avait créé la première version du LSD, cette drogue était toujours légale dans le monde.

 Et le site de l'Université de Cambridge, avec sa communauté intellectuelle, était idéale pour l'exploration et l'ouverture des sens. Dans les années 60, les adolescents Syd Barrett et David Gilmour lisent On the Road de Kerouac, écoute du BeBop et apprennent à jouer du R & B à Cambridge. Le LSD était pratiquement fait pour eux. Roger Waters ne fera qu'un seul trip avant de dire que ce n'est pas du tout pour lui. Syd ne le comprendra pas. David Gilmour trouvera aussi qu'il n'a pas autant de contrôle que la drogue ne lui permet d'avoir sur sa guitare dans son band Joker's Wild. Un band qui ne lui rapporte que de la création artistique car il doit aussi travailler comme livreur de vins, vendant des hot dogs, livrant des feuilles de métal et il fait même du mannequinat pour les photographes de magazines. Son ami Syd ne pouvait pas être plus différent.

Il dormait jusqu'à midi, vivait comme dans un rêve, tentant toujours de capturer ce son dans sa tête. Créant en tout temps, à partir de rien. Sa soeur dira de lui qu'il a pleuré les 18 premiers mois de sa vie, bébé, jusqu'à ce qu'on lui mette un crayon dans les mains et qu'il apprennent à dessiner. Jeune adulte, il étudie pour devenir peintre, à Cambridge. Jusqu'à l'université, Syd est Roger Keith Barrett. Il choisit de se donner un nom d'artiste pour paraitre plus beatnik. Roger Waters, Nick Mason et Rick Wright se rencontrent à Londres. Syd les découvrent, aussi étudiants en arts et avec eux, part un band qu'il veut nommer d'un croisement des musiciens Pink Anderson et Floyd Council, ses bluesman préférés. Waters est le trait d'union, sa famille était voisine à celle de Barrett, enfant.

Au lieu des solos à la Hendrix, on propose alors la distorsion, l'écho, le riff accrocheur, le jingly jangle strumming, la sitar. L'émerveillement sonore. Mais quand on a commercialisé en studio sa vision mentale, Syd s'est senti enfant leurré par un adulte. Un artiste réduit à une commodité. Il a continué de consommer sa drogue, mais cette fois afin de composer avec l'anxiété naissante. Il préférait essayer de saisir la muse mentale que de parader sur la BBC, refusant avec vigueur de faire du lip synch sur un de leur morceau, tourné pour la télé, forçant Roger Waters à le faire pour lui. Des mimes ! Des vendeurs de voitures ! 

Ce n'était pas l'art qu'il voulait cuisiner.

Syd courait après le son comme les rats couraient en direction de la flûte du joueur de pan, aux portes de l'aube. Syd était chasseur de son. Mais à chercher ce qu'il n'arrivait pas à reproduire, il s'est trouvé à devenir celui qui allait être incapable de reproduire, et surtout, celui qui allait disparaître là où trop de yeux voulaient se poser sur lui. Il devenait celui que les autres avaient de la difficulté à trouver. 

D'abord son coeur n'y était plus. Puis sa tête. 

Et finalement, Syd Barrett a choisi, ou pas, son flux mental a dérivé dans cette voie, de ne plus se présenter aux autres membres du band.

Band qu'il avait créé avec Roger Nick & Rick. Ensemble, Égaux. 

Mais avec Syd sur un nuage différent.

On inviterait alors leur ami commun, le guitariste de Joker's Wild, David Gilmour. Pour combler le poste devenant vacant. Et Roger prendrait le rôle de la voix du groupe. Roger avait la touche carriériste aiguisée, là où Syd avait l'errance rêveuse facile. Watters connait Syd depuis la petite école du primaire. Sa mère a enseigné à Syd. Et quand Syd a perdu son père, décédé quelques jours avant ses 16 ans, la famille Waters les as aidé moralement. Le lien entre les deux artistes est enraciné depuis longtemps. 

Syd compose inspiré de Tolkien, des frères Grimm et du Yi Jing. Désenchanté, sur scène, à Santa Monica, plus le spectacles avance, plus il désaccorde sa guitare. Ce qui finit par désenchanter tout le monde. Incluant Nick, Roger & Rick, sur scène. En entrevue, il est insaisissable. Comme en suspension mentale. Pour Matilda Mother, Syd "oublie" de chanter et Rick Wright doit chanter la part qui était la sienne au complet. 

La rumeur veut qu'il se soit placer des mandrax dans les cheveux et que la chaleur des lumières sur scène les eut fait fondre dans son cerveau, le faisant ressembler à une chandelle de cire fondant au micro. Mais Nick Mason conteste cette rumeur, disant que Syd n'aurait jamais gaspillé ses précieuses "mandies". Ce ne devait qu'être du maquillage de scène qui lui coulait du visage. Mais une certes dégénération toxique imposée par la consommation de drogues ? Assurément. 

Quand on fera la première partie de Jimi Hendrix en tournée, Syd cesse de se présenter et c'est David O'List, guitariste de The Nice, aussi de la même tournée, qui le remplacera à la guitare avec des rotations de chanteurs entre Roger et Rick. Des fois, il est bien là, mais incapable de jouer. Parce que là, mais aussi ailleurs.  

C'est là qu'on engage David Gilmour comme "second" guitariste, mais ça rest Gilmour fait toute la guitare, chante aussi, et Syd se promène sur scène, comme égaré. Ça finit par lasser tout le monde. 

Quand Roger et les autres doivent aller le chercher en voiture pour un spectacle, en janvier 1968, il demande "Devrais-t-on aller le chercher aussi ?". On répond collectivement "Pas besoin". 

On considère un temps faire comme les Beach Boys avec Brian Wilson et le garder créateur pour le groupe mais jamais en tournée. Ça se révèle inefficace. 

Syd n'est plus de Pink Floyd. 

David Gilmour devient guitariste de Pink à Noël 1967.   

Il y a près de 60 ans. 

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