Le 5 septembre 1921, Fatty, l'acteur le mieux payé d'Hollywood depuis un an et définitivement l'un des plus aimé, prends une pause de ses nombreux tournages qui le rendent célèbre et se loue deux chambres avec deux amis au St. Françis Hotel. Arbuckle est obèse et il souffre de brûlures aux deux fesses. À Hollywood, on fait souvent affaire avec la même "dame" qui fournit de jeunes actrices qui se cachent sous un drap dans un cocktail qui prétend offrir drinks et poulet et lorsqu'on soulève le drap, il s'agit de la jeune fille, flambant nue, une fenouil dans le bouche, sur 4 pattes, toute en offrande. C'est ce qu'on avait offert au gens du studio de Paramount, dont leur vedette Fatty, à Boston, qui venait faire la promotion d'un film tourné avec une personnalité encore peu connue du nom de Buster Keaton.
C'est probablement avec une soirée de détente du genre en tête que Fatty et ses deux amis ont loué les 2 chambres et invité des demoiselles recrutées par la même "dame", mais à Hollywood. Parmi elles, Bambina Maude Delmont et son amie, Virginia Rappe. Cette dernière est une aspirante actrice de 30 ans, 4 ans de moins que Fatty, et on la trouvera dans sa chambre, mal, souffrant de ce qui ressemble à une intoxication. On lui donne de la morphine pour la calmer. Elle ne sera pas hospitalisée avant le 7 septembre, deux jours plus tard.
À l'hôpital Delmont dit au médecin que son amie a été violée par Arbuckle. Mais les médecins ne trouvent aucun signe de la sorte sur Rappe. Elle développe une péritonite, causée par la rupture intérieure de sa vessie. Un homme de plus de 300 livres pourrait effectivement causer une telle rupture en se couchant sur elle. Rappe en meurt.
William Randolph Hearst possède pratiquement tous les journaux d'Amérique du Nord et est extraordinairement riche. Peu importe l'histoire, tant que les gens achètent ses journaux, on écrira, quitte à inventer. Il s'intéresse à tout ce qui le rend plus riche encore. Avec ce scandale, qui alimentera, il invente du même coup le journalisme jaune. C'est ce mégalo-mythomane que raconte, sans le nommer, Orson Welles, dans son chef d'oeuvre Citizen Kane. Ainsi, quand l'agent de Rappe, en conférence de presse, accuse Arbuckle d'avoir tué sa cliente, il détaille qu'Arbuckle lui avait passé de la glace sur le ventre afin de lui calmer les douleurs. Mais rendu aux journaux, ce morceau de glace à évolué en bouteille de Coca-Cola. Qu'on justifierait comme compromis pour l'exciter, pensé par Arbuckle sans la blesser, puisqu'il serait trop gros pour se coucher sur elle. Lors du premier procès, Hearst fait documenter "les faits" mais en invente tout autant. Ses journaux vendent plus que lorsque que le Lusitania a coulé. Arbuckle est présenté d'un côté comme un dépravé sexuel, à l'image d'Hollywood où on exposes les histoires d'orgies commandées, De son côté à lui, des amis, comme Buster Keaton, le défendent et disent qu'il ne ferait pas de mal à une mouche, un des hommes les plus gêné autour des femmes, et chaste parce que conscient que son physique ne l'aide que sur pellicule. Même Charlie Chaplin, d'Angleterre, qui a travaillé avec lui, en 1914, avec les Keystone Cops, le défend. Arbuckle est trouvé non coupable mais sans unanimité 10-2.Un deuxième procès a donc lieu avec un différent jury. En effet, des médecins confirment que les empreintes de Rappe sont trouvées sur le cadre de la porte de la chambre comme si elle avait tenté de se sauver. Mais d'autres confirment aussi que Rappe souffrait beaucoup et se trainait de douleur, pouvant même ses empreintes un peu partout.
Dans le second procès, on trouve un agent de sécurité venant témoigner que Fatty lui ai demandé, par le passé, la clé du vestiaire de Rappe "afin de lui jouer un tour", ce que l'agent avait refusé de faire. Mais en contre examination, on prouve que cet agent est un criminel en permis de séjour hors de la prison, a qui on a promis de plus longs séjours en liberté si il témoigne ainsi. On détaille cette fois les habitudes alcooliques et la vie de débauche de Virginia Rappe. On est si certain de gagner encore une fois qu'on ne fait pas témoigner pour autant Fatty Arbuckle. Mais le résultat est le même. Non coupable, mais à 10-2 seulement.Troisième et dernier procès. Le mal est fait. Nous sommes maintenant en mars 1922. Les films de Fatty sont bannis partout. Depuis 7 mois, les journaux de Hearst vendent des millions de fois grâce à leurs histoires de meurtres, de sexe, d'orgies et de perversions sexuelles. Delmont a confirmé qu'Hollywood était un milieu sale et condamnable. Elle fait même des tournées (payantes) dans le pays où elle raconte ce qu'elle sait sur les dessous d'Hollywood. Mais justement, ça joue contre sa cause. Et en faveur d'un troisième acquittement pour Fatty, cette fois, unanime. Rappe est prouvé malade, avant de voir Arbuckle, ce soir-là, et Delmont, prouvé comme une femme voulant faire de l'argent avec des histoires salées. Le juge s'excusera même à Arbuckle pour le mal irréparable causé à sa réputation. Il sera quand même trouvé coupable d'avoir consommé et favoriser l'accès à l'alcool, qui était alors, interdit, aux États-Unis.
Arbuckle est condamné dans l'opinion public. Il est l'Hollywood, sale. On en veut plus. Même dans le milieu. Il doit changer de nom et passera derrière la caméra afin de survivre, comme réalisateur sous le pseudonyme de William Goodrich.
Le Code Hays, dont les travaux commencent il y a 100 ans cette année, nait de cette affaire jaunie.
Mais avec les histoires de Guy Cloutier, Gilbert Rozon, Bill Cosby, Harvey Weinstein, on voit bien que la débauche inspirée par le pouvoir, dans le milieu plutôt libéral du milieu des arts, n'ont rien de neuf.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire