Je l'ai largement consommé, le fais encore, l'ai étudié, en fût diplôme, y ai travaillé, en fût primé au FFM, et m'en suis retiré. Mais le cinéma ne s'est jamais retiré de moi.
Je vous parles d'un film que j'ai souvent dans ma collection, un film que j'ai aimé pour sa réalisation, son décors, ses thèmes, son histoire, ses interprètes, son montage, son audace, souvent tout ça, bref, je vous parles d'un film dont j'ai aimé pas mal tous les choix.Cette fois, un film de cet endroit, où très aujourd'hui, on s'en va.
THE DESCENDANTS d'Alexander Payne.
Le film a une fin heureuse. Ce qui, techniquement, le place dans la catégorie des comédies. L'action se déroule là où nous sommes, plus tard aujourd'hui (demain ?) dans le paradis d'Hawaï. Mettant en vedette Georges Clooney, dont je respectes beaucoup les choix, qui suggèrent presque toujours de passer un bon moment. Mais le film est beaucoup plus que simplement plaisant. Clooney y trouve un rôle assez profond de la plume d'Alexander Payne, qui a aussi écrit les excellents et très humains Nebraska, About Schmidt et Sideways. J'ai aussi Sideways parmi mes films. Failli vous parler de celui-là. Payne est très habile pour traiter d'humanité, voilà pourquoi je l'aime tant.
Hawaï est la co-vedette de ce film. Le décor est exceptionnel. Nous l'avons visité en 2007. Oahu Island. On la refait 10 jours à partir d'aujourd'hui. Puis 8 autres sur l'Ile de Kaui, là où ce film se déroule. Je connais le décor. Je connais aussi et comprends le sentiment d'appartenance des gens de la place pour ce paradis terrestre. Leur envie de protéger l'environnement est 200% compréhensible. Le respect des traditions est aussi importante chez les habitants. Ça parle à l'autochtone en moi. Beaucoup de l'intrigue tourne autour de Matt King, courtier immobilier joué par Clooney, descendant des premières familles caucasiennes propriétaires de terrain, qui doit décider si il vendra une partie des terrains pour favoriser le développement touristique tout en ayant à composer avec une crise personnelle. Le film ouvre sur la femme de King, enthousiasmée de faire du ski nautique pour la dernière fois de son vivant. Ce que personne ne sait encore. À Waikiki Beach, là où nous allons précisément, aujourd'hui (ou demain ?). Matt est le porte parole des détenteurs de parts familiales sur les terrains et le principal actionnaire. Sa femme est victime d'un accident en ski nautique qui la plongera dans le coma. Matt sort sa plus vieille du pensionnat et apprend à être monoparental avec leur deux adolescentes. Les instructions de son testament disent qu'en cas de support de vie artificielle, il faudra débrancher. C'est lourd à prendre comme décision. Dans la foulée d'une famille qui rêve des millions qu'ils feraient en vendant les terrains.C'est plus grand que nature. Ce, avec quoi doit composer Matt. Émotivement et financièrement. Sa vie se complique davantage quand il apprend d'une source étonnante que sa femme le trompait. Ses ados ne veulent pas qu'il vende les terres, mais le cousin, joué par un parfait Beau Bridges, ne veut rien entendre d'hésitations sur le sujet. Celui-la, et plusieurs autres, veulent devenir millionnaires. L'histoire est inspirée de livre de Kaui Hart Hemmings, fille d'un fameux surfer d'Hawaï dont on retrouverait beaucoup d'elle dans les deux ados et dans la trame racontée. Payne reste subtil sur les intentions de Matt et rien n'est jamais plus payant que des personnages qui pensent à l'écran. On est forcé de les suivre car on ne sait pas ce qu'il réfléchit. On est mentalement kidnappé en ce personnage. Investi.Matt perd des liens sentimentaux triplement de manière inattendue. Il perd sa conjointe. Qui elle, l'avait largué. Matt ne sait plus si il veut vendre.
Payne joue toujours de finesse dans les traits d'esprits et les intentions de ses personnages. Laura Dern dans Citizen Ruth face à son bébé à naître ou pas. Son père Bruce, dans Nebraska. Jack Nicholson dans About Schmidt. Paul Giammato qui déchante dans Sideways. Des personnages enrobés de complexité entouré de fameux seconds rôles. Ici, Robert Forster, incarnant le père de la défunte, qu'on sent n'avoir jamais accepté Matt et qui lui reproche d'avoir été si mauvais mari qu'elle était dans ce bateau fatalement au lieu d'être avec lui. Puis, il y a celui avec lequel elle avait une affaire. Et sa femme à lui, cocufiée aussi.L'intelligence avec laquelle Payne dirige Clooney, et l'intelligence avec laquelle Clooney joue, nous aide à comprendre tout ce qu'il comprend au bon moment. Et on arrive aux mêmes conclusions assez facilement.
Alexander Payne est un de ses réalisateurs qui m'épate de films en films.
Parce que subtil, humain et habile.
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