Christine Chubbuck

Née à Hudson, en Ohio, en 1944, Christine est allée dans une école de filles en banlieue de Cleveland où, avec quelques copines continuellement rejetées de l'intérêt des garçons, elle a fondé pour s'amuser le club des "Dateless Wonder Girls" dans son école. Une prophétie qui virera au drame avec le temps. 

Elle sera diplômée universitaire en programmation télé en 1965. 

À 21 ans, elle travaille pour la station de télévision locale de Cleveland WVIZ et participe à un camp d'été de formation radio/télévision, à New York. La même année, elle sera assistante à la programmation de 2 shows télé de Pittsburgh pendant 3 mois. À 24 ans, elle quitte la profession pour travailler comme programmeuse informatique dans le milieu hospitalier. Elle revient en télé, travaillant pour une firme de télévision de Sarasota, en Floride. Elle est engagée par la station ABC afin de travailler à Tampa Bay et St-Petersburgh, en Floride. Vivant désormais avec sa famille, elle redécore sa chambre comme si elle était toujours une adolescente.

Parenthèse ici. Ma conjointe est allée, à l'école secondaire (âge de 12 à 17 ans) dans une école strictement de jeunes filles. Un crime social selon moi. Du moins, une erreur. Ces années sont des années formidablement formatrices dans les relations garçons/filles dont les interactions, comportements et dynamique se reproduiront dans leurs vies de Femmes et hommes adultes. À cet âge nous n'avons pas un entier contrôle sur la décision de fréquenter ce type d'école unisexe. Il ne faut donc pas condamner les garçons et les filles qui les ont fréquentées. Toutefois, il ne fait se surprendre non plus qu'ils ont tous, à de degrés divers, accumulé 5 ans de retard sur les relations hommes/femmes futures. Je serais curieux de lire des statistiques sur le % de gars et de filles qui se sont séparés douloureusement, adultes, et qui avaient passé 5 ans, adolescents, à rêver du prince ou de la fille idéale. Pas anormal que la déception soit au rendez-vous si on a pas vécu 5 ans d'interactions entre les 2 sexes. Après tout, dans la vie de tous les jours, partout en Amérique, nous sommes appelés tous les jours que la terre nous offre, à interagir avec les 2 sexes.

Et même plus...

Christine, en redécorant sa chambre comme si elle était encore adolescente, semblait vouloir rester dans cette adolescence qu'elle jugeait peut-être ratée en raison de l'absence de dynamique avec des garçons de son âge, à un âge critique. Ou peut-être simplement la recommencer autrement. Ou encore, sa maturité émotive s'y était peut-être arrêtée. 

Ses propres parents divorçant, elle habite avec ses frères et sa mère, qu'elle considère ses meilleurs amis. 

Elle est engagée afin d'animer un show télé honorant la communauté locale de Sarasota, en Floride. 

Elle continue de garder des liens avec le milieu hospitalier où elle amuse les enfants malades de spectacles de marionnettes.

Elle est régulièrement dépressive. Et parle de suicide. En 1970, elle a tenté de se suicider par overdose, en s'injectant un surplus de drogue. Elle fait régulière référence à ce moment pendant 4 ans. Elle voit un psychiatre sur le sujet pendant plusieurs semaines en 1974. La source majeure de ses dépressions naissait du total manque d'intérêt amoureux de hommes à son égard. Elle se plaignait à ses proches que son 30ème anniversaire approchait et qu'elle n'avait encore jamais couché avec une homme, ni même embrassé tendrement l'un d'eux. Le frère de Christine dira qu'elle ne cessait de se déprécier publiquement. Parfois dans le simple but qu'on la contredise et qu'on lui fasse des compliments en retour. 

Secrètement amoureuse de son collègue George Peter Ryan, elle lui fait un beau gâteau de fête, le jour de son anniversaire. Toutefois elle réalise qu'il est déjà en relation avec une collègue dont Christine est très proche. Elle n'a rien vu venir de tout ça. Quand cette collègue est envoyée à Baltimore pour y travailler, Christine se sent affectivement plus isolée que jamais. Même quand on la complimente, elle est brusque et rejette les fleurs qu'on lui fait. Elle devient agressive et constamment sur la défensive. Elle doit se faire enlever un ovaire en 1973, ce qui la déprime davantage. On lui dit que si elle n'a pas d'enfants, dans deux ou trois ans, elle ne pourra jamais en avoir.

Elle organise un party où tout le monde la découvre autrement. Amusante, heureuse, plaisante, tout ce qu'il y a de plus agréable, avec des collègues de travail et des ami(e)s. Tout le monde s'entend pour dire qu'ils découvrent un autre côté d'elle. 

Avec le recul, on comprend que c'était son party d'adieu.

Le matin du 15 juillet 1974, elle surprend ses collègues de la station télé de Sarasota en leur disant qu'elle doit lire les nouvelles, en direct à la télévision. Quelque chose qu'elle n'a jamais fait auparavant. Elle lit effectivement 3 nouvelles locales. Quand elle annonce un reportage, un problème technique survient pour présenter le document visuel pré-enregistré. L'annonce des problèmes techniques est donc prête à être affichée suivant un fondu au noir.

Christine prend alors la parole: "Suivant la pratique habituelle de la station WXLT de vous présenter en direct les plus immédiates nouvelles sanglantes locales, TV 40 vous présente ce que nous croyons être une première: en couleurs primeur et exclusivité, une tentative de suicide". Sur ces mots, elle sort un revolver, disponible partout aux États-Unis, et se tire une balle dans la temps, derrière l'oreille.

Rapide fondu au noir. Problèmes techniques, suivi d'un film. 

14 heures plus tard, elle est déclarée morte. À 29 ans. Vierge.

Le brillant scénariste Paddy Chayefsky demande, en 1973, à un travailleur de la télé, si il est plausible qu'une personnalité annonce son suicide en direct à la télévision. En 1974, il a sa réponse. En 1976, son Oscar du meilleur scénario pour le toujours pertinent film Network de Sidney Lumet.  

Le 24 août prochain, Christine aurait peut-être eu 79 ans. 

En 2016, un film d'Antonio Campos mettant en vedette la toujours excellente Rebecca Hall était lancé.