Les deux sont dans l'arène politique et font une tournée à Rimouski, comté où loge le député Harold Lebel. Nous sommes en automne 2017. Catherine n'habite pas Rimouski. Elle doit se loger quelque part, les courtisaneries partisanes sont partout en province, ça fait parti de la joute de devoir se déplacer et de découcher à l'occasion. Lebel, un homme considéré gentil par plusieurs, peu importe les critères qu'on a trouvé le penser, invite Catherine et une autre femme à passer la nuit là où il habite. Catherine n'a pas de réelles raisons de s'inquiéter de quoi que ce soit, une autre femme y sera aussi. Elles seront deux, il sera seul. Il y a des chambres pour tout le monde. Elle ne devrait pas avoir de raisons de craindre d'autres types de courtisaneries.
C'est probablement là qu'elle aurait aimé retourner dans le temps et refuser cette invitation en disant j'irai à l'hôtel, et refilerai la facture au parti. Mais elle n'a que 25 ans. Elle est verte dans le milieu politique. Le parti, si il sait qu'elle avait la chance de dormir sans frais et ne l'a pas fait, lui en voudra-t-on d'avoir choisi de faire payer le parti ? Catherine est éveillée sur sa carrière naissante et ne voudrait pas être celle qui abuserait de la caisse d'un parti presque mourant, le PQ.Mais qu'est-ce qu'elle connait encore de l'abus, à son âge ?
Catherine prendra une douche chez Harold Lebel. Pour des raisons extraordinairement inexplicables, un homme de 54 ans prendra ceci comme un signe d'engagement intime à son égard de la part d'une charmante jeune fille de 25 ans. Une permission d'atouchements, peu importe le consentement.Pendant que l'autre femme dort déjà dans une pièce ailleurs, Harold prend la liberté d'embrasser Catherine qui ne répond pas à son baiser. Elle le repousse aussi quand il essaie de défaire sa brassière. Elle va se coucher, ébranlée, mais Harold se glissera à ses côtés, guidé par un instinct sexuel archi mal calculé, maintenant criminel puisqu'il la touche partout où ses mains en ont envie et que Catherine est tétanisée de frayeur. Il fait peut-être 4 fois son poids.
Changée à jamais le lendemain, elle n'a pas envie d'en parler tout de suite. Elle est brulée de l'intérieur. Elle doit vite se regénérer. Elle s'est souvent positionnée à la défense des victimes, mais elle-même, être une victime ? Ça n'a jamais été dans les plans. Et elle travaille avec Harold chaque jour qui suivra ainsi qu'avec cette femme qui ne sait rien sur rien. Catherine craint l'impact sur sa carrière. Elle sait que les plus cons la blâmeront elle. Et des cons, il y en a des milliers et des milliers. Elle les rencontre tous les jours. Maintenant elle en côtoie un en tournée. Qui en a abusé. Elle quittera le parti en 2019, officiellement pour des raisons d'idéologies politiques.
Si elle dénonce, elle sait que, personnage public, elle devra se réincarner autrement face à tout le monde. Qu'elle sera aussi perçue complètement différemment. Que les gens questionneront sa décision d'y coucher, de prendre une douche, pire, lui reprocheront la fraicheur de ses 25 ans. Sa candeur.Sa confiance en l'Homme avec un grand H.
Mais à 54 ans, est-ce que les gens condamneront la peau de sanglier en rut ou penseront "N'est-ce pas normal de de désirer ce qui excite, plus jeune ?" Humain ?
C'est aucunement humain quand c'est non consenti et que ça devient agression.Il est normal de trouver des gens qui adorent faire des calins, mais anormal de les voir imposer leurs calins partout sur tout le monde si ils ne demandent pas le consentement d'autrui. Ça se comprend même chez les enfants.
Ce qui s'explique moins facilement aux enfants est cette culpabilité fameusement sévère contre les jolies filles d'être tout simplement charmante, comme un homme peut choisir de l'être, sans craindre les mêmes choses.
Autour d'un même feu, c'est possible de simplement profiter du regard et de la chaleur ? Pourquoi pour une Femme, faut-il toujours craindre d'être poussée dans le feu contre son gré ?Qu'est-ce qui, à 54 ans, te fais choisir de répondre à ton désir peu importe ? Y a -t-il blackout ?
Sinon comment pensez, ne serais-ce qu'une seconde, s'en sortir ? En se forçant sur une autre.
La rationalité cède le pas à la passion du désir, en cicatrisant des tonnes de vies féminines.Catherine a pris trois grosses années à garder ses plaies cachées. C'est au plus fort du mouvement #MeToo, zeppelin de cicatrices, et alors que son ancien collègue André Boisclair, devenu déviant sexuel à temps plein, a vu l'identité de sa victime pleinement protégée aux médias, qu'elle a trouvé la force de dénoncer pour vrai. Sous les mêmes conditions.
Mais Catherine est une Femme. On a (re) violé. Le secret cette fois. Et elle a choisi de s'identifier puisque ça allait se répandre n'importe comment. On lui a promis un documentaire qui a été diffusé mardi soir, que je n'ai pas vu mais que je compte bien regarder.Boisclair avait une victime mâle. Catherine n'est coupable que d'avoir été Femme.
Jeanne d'Arc était une Femme.
On connait sa relation avec le feu.
Harold Lebel est condamné à 8 mois de prison. Fera 8 semaines.
Parce que le Québec e$t $i petit '$tie.
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