We is.
"Vous vous réveillez 83 fois par heure en raison de votre apnée du sommeil, Mr. Jones. Il faudra pensez porter un masque nasal, Mr. Jones"Je n'ai pas répondu, je ne veux tout simplement pas.
"Ou il faudra se remettre en forme Mr Jones. Je n'ai pas beaucoup de patients avec des noms que j'aime prononcer comme ça, Mr. Jones. Désolée si j'insiste pour le répéter, j'aime ça."
C'était la docteure Manilowski, une brillante juive qui prend soin de moi comme je n'ai jamais pensé que quiconque, outre ma propre mère (mais encore) ne l'aurait un jour fait. C'est ma médecin de famille. Un concept auquel je ne croyais plus. Elle se soucie pour vrai. Faut que je me pince pour y croire. Ce sont eux qui m'appellent pour une prise de sang, pour un électrocardiogramme, pour niveler mes doses de pilules contrôlant le cholestérol ou régulant la haute pression. Elle m'a fait me piquer par moi-même le bout du doigt pendant plus d'un mois et noter les résultats afin de voir le pré-diabète qui me guette. Après avoir voulu me trouver un médecin de famille pendant 20-25 ans, il a fallu que je sois mieux investi dans la mort pour que finalement, on me prenne quelque part. Un(e) psychologue jasant avec quelqu'un qui n'a aucun problème doit trouver cela inutile. Il doit en être de même pour les médecins. T'es en santé ? À quoi bon perdre son temps à me consulter? Mais là je suis attaqué de partout. J'ai coupé le sel et le sucre. Je mange mieux. Suis davantage mangeur de légumes et de "vert". Je ne bois presque que de l'eau.Je ne veux pas de son masque. Je bouge tant la nuit, je me l'arracherai toutes les nuits, sans le vouloir. Les deux fois que j'ai passé des nuits avec ce morceau de plastique au visage, j'ai peut-être dormi deux ou trois heures, les deux fois. Je passais mon temps à replacer la chose qui me sortait de la face. Parce que je bougeais trop, justement. Et je me sens techniquement mort quand la belle se retourne vers moi et que je suis plastifié de la face. How fucking romantic is that ? Suis-je si mort, déjà ? Mon nez n'a pas été solutionné encore. Oui, je fais des allergies, à l'herbe et aux arbres, donc à tout l'été, en quelque sorte. Raison de plus de ne pas aimer la saison. Mais pourquoi j'éternue autant 12 mois par année ? Le résultat de 83 fois par heure, faut que je le prennes au sérieux alors que je replace le masque presqu'autant de fois dans la nuit ? Et si c'était des végétations douteuses dans mon nez, perpétuellement bouché ? Je suis en permanence porteur de baume à lèvres. Toujours la même constance dans mes poches, mes clés, mes airpods, deux bâtonnets de baume à lèvres. Il doit y avoir un problème mon nez ! On est arrivé à une entente. Je passerais une radio de mon nez, je perdrais du poids, avant toute décision pour le masque. Mais une fois le rendez-vous envoyé aux hôpitaux, ça peut prendre un an avant qu'on me trouve une place, avant pandémie, alors pendant...Et ben non.
Trois mois après ma dernière prise de sang pour ma Miss Malinowski, on m'appelait pour me dire: dès bientôt: 1h du matin ou 3h45 AM ? La surprise qu'on tienne à ma santé, encore, qui me transperçait les sens. Comme je me lève à 5h AM, j'ai choisi 1h du matin pour pouvoir ensuite dormir encore un peu, au retour. La radio, elle-même, c'est tout juste 5 minutes.
J'étais arrivé à 0h51. Dans le but de me préparer mentalement à l'univers de David Bowie, dont j'irai voir un hommage à la Place des Arts, demain, je lis un livre de la collection 33 1/3 sur l'album Diamond Dogs. Son album de 1974. Je n'ai même pas eu le temps de lire plus d'un paragraphe qu'on me passait tout de suite et ça prenait vraiment 5 minutes. Peut-être moins, même.
Mon rendez-vous était à 1h00, l'hôpital à 12 minutes de chez moi, à 1h11 je me recouchais à la maison. J'avais un peu oublié à quel point il m'était agréable de marcher la nuit dans le désert des rues. Le fantôme errant en moi est bien vivant. Ce qui reste encore un pied du coté des morts. Bien entendu je ne paie pas le stationnement de l'hôpital, un crime toléré par nos/vos sociétés. Donc je me stationne autour et marche par la suite. Je suis définitivement un être de la nuit. Le printemps qui s'invitait en plus, c'était une marche extrêmement agréable à l'aller et encore plus, au retour. Écoutant We Are The Dead de Bowie, puisque je lisais là-dessus justement.
C'est vrai que cette phrase reflète beaucoup de choses encore de nos jours. Avant la nuit, le parti conservateur d'Eric Duhaime, un être largement immature, irresponsable et incohérent, avait récolté un gros 10% des résultats de vote dans le comté de Marie-Victorin. 10% c'est énorme pour des gens qui ne font tout simplement pas de sens. Des gens, morts dans leurs idées. They are the dead. Cette phrase, nous sommes les morts, s'applique aussi à moi, sur lequel on est si attentionné, c'est aussi parce qu'une partie de ma santé me lâche. Je meurs un peu plus vite que je le devrais. D'où viens tu Jones, dans la nuit ? de l'hôpital. De la prévention de la mort ou de sa précipitation. Je suis le mort aussi.Mais mes habitudes ont beaucoup changé. Je mange nettement mieux, cours, rame, j'ai perdu du poids, gagné du muscle, je me sens franchement bien. Et on me dit que mes résultats de pré-diabète et mon électrocardiogramme ne sont pas bons, mais excellents. Je suis sur la bonne piste de la résurrection.Parce qu'en partie, mort, depuis quelques années. Du moins, physiquement. Fallait un coup de barre. Capitaine Malinowski tient le cap.
Malinowski. J'aimerai beaucoup répéter ce nom, moi aussi.
Mali-now-ski.
Mary Malinowski.
You are saving me.
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