Son père est très actif dans le cinéma des années 60. Philippe a entre 12 et 22 dans les années 60. Il se fait engager à 16 ans comme apprenti sur les plateaux. Il sera stagiaire pour Claude Berri, lui-même jeune réalisateur de 32 ans. Récupérant la pellicule non utilisée pour Le Vieil Homme et L'Enfant, il réussit à tourner son propre film à lui, le court-métrage Les Enfants Désaccordés, en 1966. Son père Maurice y tient le rôle, justement, du père.
Avec Bernadette Lafond, Jackie Raynal, Pierre Clementi, Daniel Pommereuille, André Weinfeld, Jean-Pierre Kalfon, il rejoint le groupe Zanzibar, axé sur le cinéma d'avant-garde expérimental fondé et financé par la mécène Sylvina Boissonas. Ils sont tous un peu dandys et très engagés socialement. Il tournera maintenant des longs métrages sans relâche dans les années 60. Marie Pour Mémoire, en 1967, Le Révélateur, La Concentration, Actua #1, Anémone dans la seule année (tumultueuse) 1968. Nous sommes en France, ça brasse dans les rues. Il tourne Le Lit de la Vierge en 1969, puis La Cicatrice Intérieure, deux ans plus tard. C'est là qu'il fait la rencontre de la chanteuse d'origine allemande Nico. Celle-ci, fraichement sortie de son aventure avec Warhol, Reed et le Velvet Underground, travaille sur la trame sonore. Les deux seront un couple amoureux et partenaires de travail les 9 années suivantes.
Son style n'a rien de populaire. Des plans très souvent fixes. Des dialogues réduits au strict minimum. De l'onirisme. Du non linéaire. Inspiré de l'adolescence tourmentée de Truffaut, (il a sensiblement la même), il n'hésites pas à planter ses histoires tirées de ses propres expériences de jeunesse perturbée. Dans plusieurs de ses films, les personnages ont son âge. Il tourne Les Hautes Solitudes, en 1973, Un Ange Passe en 1975, Le Berceau de Cristal, en 1976, Le Bleu des Origines, en 1979. Sa séparation avec Nico est douloureuse et il s'en inspire pour tourner L'Enfant Secret, qui lui vaut ses premières reconnaissances critiques puisqu'il remporte le prix Jean-Vigo pour cet effort. En effet, dans ses films précédents, il est plus abstrait et stylisé, alors qu'avec celui-ci, il est plus autobiographique. On dirait de nos jours qu'il fera souvent du cinéma-selfie
Lors de Liberté, La Nuit, il plante son histoire dans la Guerre d'Algérie. Le film est lancé en 1983. Elle a Passé Tant d'Heures Sous Les Sunlights expose les limites de l'autofiction alors qu'il ne semble se censurer sur rien, mais l'intérêt reste moyen. Il tourne un documentaire appelé Les Ministères de l'Art, dans lequel il s'entretient avec Jacques Doillon, Chantal Akerman, André Téchiné. Benoit Jacquot, Léos Carrax, Juliet Berto et Werner Schroeter, tous des cinéastes qui me plaisent, avant de faire affaire avec des scénaristes pour la première fois, sur les trois films suivants: Les Baisers de Secours, J'entends Plus La Guitare (sur le deuil et la mort précoce de Nico) et La Naissance de L'Amour, un film reconnu comme l'un de ses plus beaux.
Empruntant beaucoup à la Nouvelle-Vague, (papa joue pour Rivette, Truffaut, Costa-Gavras, Lelouch, Chabrol et Sautet) il se dit inspiré de Jean Eustache et surtout Jean-Luc Godard dont il se dit perpétuel élève. Mais contrairement à Godard, plus porte-voix social, Garrel est davantage intime et personnel. La critique sera très favorable à Garrel très souvent. mais le public presque complètement absent de ses diffusions en salle. On ne fait pas d'argent avec les films de Garrel.
En 1996, il offre Le Coeur Fantôme. Trois ans après, Le Vent de La Nuit, avec Catherine Deneuve et Xavier Beauvois (qui co-scénarise) devient son plus grand succès avec près de 100 000 ventes en salle. Il fait une co-production néerlandaise pour Sauvage Innocence. N'ayant rien vu de Garrel, mais ayant souvent entendu son nom trainer ici et là, je viens de me réserver son film de 2005, Les Amants Réguliers, à la Vievliothèque et Un Été Brûlant, son film de 2011. Entretemps, il a tourné La Jalousie dans un beau noir et blanc.
Phillipe Garrel ouvre la quinzaine des réalisateurs, en 2015, avec L'Ombre des Femmes. Il était aussi de Cannes, en 2008 pour y présenter La Frontière de l'Aube.
En 2017, c'est entre autre avec le mythique Jean-Claude Carrière qu'il s'associe pour offrir L'Amant d'un Jour, mettant en vedette, sa fille, Esther.
Son dernier film a été Le Sel des Larmes, est offert pré-pandémie en 2020, un autre film co-scénarisé avec Carrière.
Son frère Thierry est producteur de films. Garrel enseigne aussi au Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique et partage la vie de la réalisatrice Caroline Deruas avec laquelle ils ont une fille, Lena.
Phillipe célèbre aujourd'hui ses 74 ans. L'âge qu'aura ma mère, fin août.
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