dimanche 6 mars 2022

Cinema Paradiso***************The Big Short d'Adam McKay

Chaque mois, dans ses 10 premiers jours, tout comme je le fais généralement pour la littérature, dans ses 10 derniers, et tout comme je le fais pour la musique, vers le milieu, je vous parles de l'une de mes trois immenses passions: Le cinéma. 

Je l'ai largement consommé, le fait toujours, l'ai étudié, en fût gradué, y ai travaillé, en fût récompensé, en suis sorti, mais le cinéma n'est jamais sorti de moi. 


Je vous parle d'un film de ma vidéothèque qui m'a charmé par ses interprètes, ses thèmes, son audace, son histoire, sa cinématographie, son ton, son voyage proposé, souvent, tout ça, en même temps. Bref, je vous parles d'un film dont j'ai aimé pas mal tous les choix. 

Celui dont je vous parles ce mois-ci, inspiré par la série The Dropout sur Hulu/Disney, et suite à l'écoute du ballado d'ABC, du même nom. Un film dont les gestes ne feront que se répéter si personne n'y jettes un oeil plus sérieux encore. Un film de fiers crosseurs. De fêlures humaines. 


THE BIG SHORT
d'ADAM  MCKAY

 Ceci n'est pas le film des crosses financières de vos parents comme l'était Wall Street. Ce n'est pas non plus un film plus récent sur le même type de crosseurs, The Wolf of Wall Street. C'est toutefois le cousin des années 2010 et il a fait des enfants, tout en promettant d'en faire d'autres.

Leurs univers de jongleurs d'argent est définitivement liés. Mais la vie des personnages, une histoire vraie qui a précipité la crise financière de 2008, est très différente de celles de Gordon Gekko ou Jordan Berfort. C'est tout juste le vin rouge à boire afin d'avoir le buzz d'ivresse de fin de soirée. Ce buzz, est issu de l'odorat. Le personnage le plus près du film de Scorsese de 2013 (seulement 2 ans avant) est le personnage de Ryan Gosling, à la très mauvaise coupe de cheveux. Ce qui le rend détestable avant même qu'il ne renifle une seule fois. Et il renifle beaucoup. Car il sent l'argent, 


L'argent senti, par ses bougres happés par l'appât du gain, sera teinté de mauvais karma. Le film d'Andy McKay est tiré du livre de Micheal Lewis du même nom, racontant comment des gestionnaires de fonds ont fait des fortunes en voyant le marché de l'immobilier s'effondrer, impactant forcément les prêts hypothécaires des particuliers. La terminologie financières et parfois sèche et alambiquée, et, pour avoir lu le livre moi-même, je ne voyais pas comment on pouvait en faire un film intéressant. Ma conjointe travaille pour la banque la plus riche au pays. Ça a aidé à comprendre. Mais ce qui aide encore plus est le traitement choisi par McKay et son co-scénariste, Charles Randolph. En effet pour expliquer certains concepts financiers, ils ont inséré une série de vignettes, très imagées, narrées par des caméos de personnalités célèbres nous expliquant en leurs mots, ce que veut dire ceci ou cela. 

L'économiste Richard Thaler, le cuisinier (suicidé depuis) Anthony Bourdain, l'actrice Margot Robbie (qui, non innocemment, jouait un important rôle dans The Wolf of Wall Street de Scorsese) et la chanteuse Selena Gomez nous expliquent tour à tour le moins facile à comprendre. Assez facilement. Et ça rend le potentiellement lourd (les nuances de la finance) amusant. 


McKay est issu du monde de l'humour, et ça se sent. C'est vrai qu'il reste baveux qu'Hollywood nous raconte les magouilles de quelques Joe Schmoe, se bizounant un plan afin de rendre les riches, plus riches encore, et les wanna-be comme Mark Baum, tout simplement riche. Et croches. Hollywood a aussi été construit sur ce type de manipulations tordues, et continue de le faire. Malgré le tragique de ce qui est exposé dans ce film, on s'y amuse beaucoup. Un titre parallèle ou un sous-titre, aurait pu être American Horror Story


Mais de quelle horreur parles-t-on ? l'avarice. Micheal Burry, joué par l'excellent Christian Bale, est un physicien génie, expert de l'analyse financière. Après avoir trouvé des chiffres terrifiants parmi les hypothèques, concocte une idée radicale, c'est à dire miser sur le marché immobilier que les banques ont jugés incontestables. Pour ce faire, on doit convaincre les banques de créer un nouvel outil financier, une sorte de bond d'assurance. Si Burry anticipe bien la chute du marché immobilier, il fait de l'argent facile , mais tant que le marché est stable. c'est plutôt lui qui paient,. Et les clients du fonds qu'il gère. 


Mark Baum (joué par un surprenant Steve Carrell, sa femme par une toujours délicieuse Marisa Tomei) n'a pas envie de croire qu'il n'y a pas moyen de profiter de la stupidité des autres.  Le gars craque et mord à l'hameçon. Parce que "fuck le système!". Brad Pitt, dans un rôle petit qui se trouve à être aussi géant, incarne l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours. Il était du milieu, il l'a quitté, dégoûté des pratiques et de ces gens qu'on continuera à suivre dans leur déchéance morale. 


Croyez-moi, la merde fonce dans le ventilateur. Le momentum du narratif, les dialogue obscènes, les opportunités qui hurlent "attention, danger!", tout est assez charmant dans un film d'horreur sans gore et sans monstres.

Du moins, au sens propre. Mais ici, tout est sale. Et on se régale.    

La ligne la plus importante restant "Quand avons nous oublié que frauder, tricher, on ne peut jamais s'en sortir?"

N'est-ce pas, Elizabeth Holmes? 

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