C'était la soirée de remise des Oscars dimanche dernier. La toute première séance virtuelle du genre. Je me suis mis beau pour l'occasion, j'ai enfilé un bas de pyjama, et un vieux t-shirt, noir. Personne n'allait me voir regarder la soirée. Et le noir amincit.
Pour en faire une soirée spéciale je ne comptais pas manger au resto Chez Stanley K.
La bouffe y est horrible. Et servie en si petites portions. La vie n'est pas cirrhoses. J'ai mangé mou.
Quand la catégorie du meilleur scénario, adapté d'une autre source, est arrivée, j'ai pensé à Stephen King. Je ne sais pas pourquoi. Les Oscars récompensent en général la qualité. Enfin, c'est plus politique que ça, la soirée, cousue lourdement de fil noir l'a aussi prouvée. Mais pour une raison plus obscure encore et surréaliste, c'est la tête de Stephen King qui m'a collé au cerveau quand la catégorie qui a honoré Emerald Fennell, Christopher Hampton et Florian Zeller est arrivée. Et j'ai ensuite réalisé que j'avais vu pas moins de 20 adaptations de ses livres.
20!
Vous remarquerez que j'ai vu pas mal de ses films dans les années 80. J'avais alors entre 8 et 18 ans. Et ses livres étaient les premiers que je me tapais en anglais. Je ne considèrerai aucunement toutes les reprises qui sont toujours un outrage et que je n'ai vu pour cette raison. Les suites, en général, sont pires. (À moins d'avoir été pensées d'emblée ainsi). Je n'ai jamais tenté non plus.
Les adaptations de ses livres n'ont pas toujours été heureuses. J'aurais pu faire un plate top 9 qui serait le réel pouls de ce que j'ai davantage aimé. Mais j'ai poussé pour vous parler de l'entièreté afin de vous donner une idée de ce, à quoi vous devez vous attendre si vous vous compromettez pour visionner un de ces films.
Car pour plus de la moitié de ces films, ce serait une certaine forme de pêché que de les consommer.
Tanné de voir ses livres être adapté par d'autres, Stephen choisi de tourner lui-même l'histoire d'un comète frappant la terre, animant soudainement un paquet de choses inanimées, notamment, des camions et des pompes à essence qui aspergent les insolents autour. Seul effort du genre de M.King, qui a avoué être sous l'effet de la cocaïne du début à la fin et ne pas savoir du tout ce qu'il faisait. Mauvais sans bon sens. Potentiel culte.
AC/DC à l'oreille pendant le film était un choix judicieux. Peut-être le seul. Adapté de sa nouvelle "
Trucks"
Un scientifique teste sur un handicapé mental la super intelligence humaine qui, bien entendu, vire mal, il devient agressif et voudra de plus en plus devenir une machine plus qu'un homme. Si mauvais que King a fait retirer son nom du titre, qui devait être Stephen King's Lawmower Man. Le film diffère d'ailleurs beaucoup de sa nouvelle Cybergods. Il a aussi fait retire son nom du film tellement il n'aimait pas. Il y a peu à aimer, c'est vrai.
Le livre est très bon. Ce qui mettait la barre haute pour le film. Un cimetière pour animaux, sur un terrain qui comprendrait des âmes Micmacs a des effets étranges sur les gens. La réalisation molle et sans réflexion de Mary Lambert ne semble jamais se questionner sur les motivations de certains personnages et ça tue la crédibilité et l'intérêt du film. Qui est un très bon livre, je le répète. Moins horrifiant que "gouhlishien". L'idée lui est surement venue en circulant sur la route, croisant des cadavres d'animaux crapauds sur l'accotement.
L'action se déroule dans les années 80, où un jeune étudiant, obsédé par l'Holocauste, découvre un ancien Nazi, vivant maintenant sous une fausse identité et lui tire les vers du nez sur les histoires du passé. Un exercice sur la cruauté pas complètement réussi signé Bryan Singer. Le mal existe chez les deux personnages et il y avait vraiment quelque chose d'intelligent à faire ici, mais on a un peu raté en marchant presque tout le film à côté d'un si grand sujet. On aurait voulu plonger dans le mal davantage et le regarder de face. Mais on le traite un peu de biais.
Le chien de la famille d'un garagiste se fait mordre le nez pas une chauve souris qui a la rage et ça le rend tout simplement assassin. C'est con parce que le film en soi n'est pas si mal, mais au final, on se demande pas mal à quoi ça a vraiment servi ce visionnement. Un film de monstres, ça fait pas tout le temps peur. Très 80's.
Avec la version télé il était arrivé la même chose. La portion adulte de ce gang de "perdants" affrontant leurs peurs sous la forme d'un clown assassin, était beaucoup moins bonne que la première partie, comprenant les mêmes personnages, enfants.
À la télé on y trouvait Harry Anderson (associé à la comédie) Annette O'Toole, John Ritter, Tim Curry et Seth Green, ce dernier, chez les enfants. Dans la portion adulte du film, Jessica Chastain, James MacAvoy, Bill Skarsgard et Owen Teague, ce denier, parmi les enfants. Dans le livre aussi, la seconde partie frappait moins fort.
J'avais 15 ans. Oui, j'étais amoureux de Maria Conchita Alonso qui avait alors 29 ans. Dystopie? Oui! Il y avait beaucoup à aimer de cette idée de télé-réalité avant l'heure, avec Richard Dawson, l'animateur télé. Terrible acteur. Mais justement, y a eu beaucoup plus de terrible que de séduisant dans cette adaptation. Arnold est toujours "cringe". Il y a peut-être
Mick Fleetwood de la formation Fleetwood Mac et les cuisses de Maria qui charment. Mais ça reste maigre. Et jamais épeurant. Voilà peut-être pourquoi King avait écrit ce livre sous le pseudonyme de Richard Bachman, 5 ans avant. Il n'y croyait pas tant. Ce n'était pas son ton habituel.
Arnie a une Plymouth Fury1958...zzzz... et celle-ci a une personnalité. Jalouse, possessive et un cerveau bien à elle. Un brin misogyne dans la métaphore, culte dans l'exécution, maintes fois imité. Encore récemment, dans
Stranger Things. La jalousie, c'est pas beau. Vroum, vroum. Pwet.
Frank Darabont a obtenu ses lettres de noblesse avec l'oeuvre de King en tournant trois adaptations. Celle-là raconte le village de Bridgetown, au Maine, frappé par une tempête forçant ses habitants à se terrer dans des commerces abandonnés. Jusque là, c'est potable, mais en naissent aussi des monstres du brouillard, et là, ça devient gnagna... Bien que la cinématographie soit passablement bonne. Y a pas mal rien d'autre d'intéressant.
J'avais 10 ans. Stephen en avait 34. Il signait son tout premier scénario. 5 vignettes navigant entre horreur, absurde, macabre et grotesque. King rend hommage aux équivalents qu'étaient les films des années 50 Tales From the Crypt, The Vault of Horror, The Haunt of Fear. Amusant plus qu'horrifiant. On sent qu'il y a de l'amour dans ce qu'il a écrit et y en a autant dans ce que George A.Romero tourne. Léger. Je devais avoir 12-13 ans quand je l'ai vu parce que c'était à la télé, sous l'infect titre Histoires à Mourir Debout.
Je ne suis jamais fan des suites. Jamais. À moins qu'on les ai d'emblée planifiées ainsi. Mais encore. Les trois (nouveau) premiers Star Wars étaient une horreur en trilogie puisque le premier n'était que familialement rassembleur, le second semblait vouloir passer du temps, puisqu'on avait promis une pre-quel en trilogie pour en arriver à un très fort troisième. Un seul film, épique, aurait été possible. The Shining n'avait pas besoin de suite. Dany Torrance n'est plus un enfant, il dans les 40 ans, et reste hanté par les démons du passé. Bouh! tire le pis de cette vache à lait. Mais j'aime beaucoup Ewan McGregor. Henry Thomas y fait aussi une présence remarquable. Mais bon...C'était pas nécessaire.
Un autre effort Frank Darabont, les 9 suivants je les ai pas pire aimés. Enfin, les deux prochains s'enduraient, les 7 autres, oui, j'ai aimé pour vrai. Dans le couloir de la mort, un geolier, pendant la Grande Dépression, est témoin d'effets surnaturels de la part d'un condamné à mort. Cinématographie impressionnante de David Tattersall, habile utilisation du son. Fameux casting.
Tourné en Nouvelle-Écosse, rien dans ce film ne ressemble tant à l'univers de Stephen King. Il est raconté tout en retours en arrière et favorise même quelques scènes de palais de justice. La trame narrative raconte la relation difficile entre une mère, accusée du meurtre de la femme âgée dont elle devait prendre soin. C'est la finesse de l'adaptation de Tony Gilroy, mais surtout les performances de Jennifer Jason Leigh, Christopher Plummer et Kathy Bates qui sont aussi éblouissantes dans ce que Taylor Harkford a tourné. La cinématographie de Gabriel Beristain n'est pas non plus à négliger dans cette Nouvelle-Écosse déguisée en Maine.
Celui-là, je l'ai acheté. Pour DePalma, Sissy Spacek et le côté culte qui parfume ce film. Celui-ci fera presque 34 fois le millions d'investissement. C'est aussi le tout premier Stephen King adapté en film. Piper Laurie l'a tournée, convaincue que c'était une comédie tellement elle trouvait le jeu comique et grossier. Elle en parlera toute sa vie comme d'une comédie. Elle sera nommée aux Oscars pour sa performance (Sissy aussi). Nancy Allen ne réalisera qu'à la première toute la méchanceté de son personnage. Ce bal des finissant(e)s sera le cauchemar de toutes les princesses d'Amérique et d'ailleurs. Mais fera aussi rêver de télékinésie.
J'avais adoré le livre, pré-ado, lu en anglais. J'avais aussi aimé (un peu) l'adaptation télé au début des années 90. La version ciné, signée Andy Muschietti, sensation d'Argentine, est beaucoup plus sombre que tout ce qu'on pouvait lire ou voir en télé. C'est plus de 700 millions de fois qu'on fera des recettes sur ce film. C'est pas rien. Et c'est entre autre parce que c'est très bien. Terrifiante adaptation des frayeurs et traumatismes de jeunesse, l'ensemble du casting sera tout simplement parfait. La cinématographie de Chung-hoon Chung et la musique de Benjamin Wallfisch, doublée de la performance des acteurs, Bill Skarsgard, horrifiant et cauchemardesque, mais aussi les enfants, auquels on croit complètement. Bravo. Adaptation fort réussie.
Un enseignant découvre, suite à un coma de 5 ans, qu'au simple contact physique de quelqu'un, il est maintenant en mesure de lire une partie de sa vie et de découvrir bien des choses. Ce qui plait à la police qui le harcèle afin qu'il les aide à solutionner des crimes. Mais ce don soudait contient aussi une zone neutre qui permettrait d'altérer le futur...Christopher Walken, à qui je pardonne tout, et David Cronenberg, que j'aime aussi beaucoup sont de grosses raisons qui font que j'ai vraiment aimé ce film, vu, ado. Je viens de me le reréservé à la Vievliothèque. Question de le revoir d'un oeil plus mature.
Une superfan d'un romancier a la plus stupéfiante des surprises quand celui-ci est victime d'un important accident de voiture qui le garde paralysé dans son lit à elle. Pas question qu'il en sorte à moins qu'il n'écrive ce qu'elle a envie de lire. Et elle prendra les moyens pour qu'il y reste. Kathy Bates y est si formidable qu'elle a gagné un Oscar pour sa performance dans ce film. Elle avait d'ailleurs ému encore, recevant son prix, e
n parlant en langage des signes. J'avais aussi lu ce livre en anglais, ado.
Complètement ailleurs dans l'univers de King, alors qu'on baigne dans la nostalgie, le regret, le passé. Un homme d'âge mur revisite son enfance et les amis avec lesquels ils avaient découvert un cadavre près du chemin de fer. Adapté par Bruce A.Evans et Raynold Gideo pour Rob Reiner de la nouvelle The Body, qui n'était vieille que de 4 ans, le film est nettement plus touchant que quoi que ce soit d'autres. J'avais l'âge de ces personnages. Un casting encore assez parfait. Dont Kiefer Sutherland et John Cusack, dont on oublie les présences avec le temps mais qui font de ce film un maudit bon produit final. C'est aussi Reiner qui réalisera Misery. La dernière ligne du film m'a fait verser une larme. King qui fait verser une larme, un exploit.
La plupart des Femmes que je connais ont effectivement verser une larme sur ce film. C'est la première adaptation de Frank Darabont d'un livre de King. C'est une merveille. Narrative, cinématographique, d'interprétation. Morgan Freeman et Tim Robbins y trouvent des rôles d'immortels. L'affiche reste l'une des plus belles aussi. Adapté de la nouvelle de 1982, Rita Hayworth & Shawshank Redemption, Darabont avait acheté les droits de King, 5 ans plus tard. L'histoire d'un homme emprisonné pour le meurtre de sa femme et de son amant, se liant d'amitié avec un contrebandier d'alcool, touchera bien des gens. Mais étrangement quand il est lancé, il fait patate. 16 millions seulement alors qu'il en avait coûté 25. L'absence de femmes et le titre un peu lourd, doublé de l'intérêt démesuré pour Pulp Fiction et Forrest Gump, au même moment, plombe les recettes de cet excellent film. Toutefois, lorsque 7 fois nommé aux Oscars, il générera soudainement plus de 58 millions. Le film sera aussi enregistré dans la librairie patrimoniale de l'Histoire des États-Unis.
Bien que King sera outré de l'adaptation de Stanley Kubrick, il s'agit d'un film grandiose. J'avais lu le livre avant de voir le film, à 16 ans, seul, au chalet familiale, en un seul soir, dans la nuit, avec le vent qui soufflait fort dehors. Une expérience extraordinaire. Puis, quand j'ai vu ce que Kubrick en a fait, c'était mieux encore. Tout ce que Stanley K touchait devenait de l'or (à mes yeux, en tout cas). Un homme aux prises avec ses démons d'alcoolique, emménage dans un hôtel fermé pour la saison. Mais le fils de Jack & Wendy se découvre des dons psychiques troublants. La détériorations mentale du père, un écrivain, victime de la page blanche, aura des effets dévastateurs sur tout le monde. L'Overlook est hanté. Extraordinaire film qui n'a pas pris une ride. Ce film aussi est enregistré dans la librairie du Congrès des États-Unis.
Rien à voir aves la soirée Oscars, cette année cousue de fil noir, tout à voir avec l'univers du mythique auteur du Maine.
Et un peu du 7ème art.