Dans le temps des fêtes, bien confinés en famille, on avait le cerveau mou et la langue à terre. On a pas cherché longtemps sur Netflix et la série Dash & Lily nous est tombée sous les yeux. Elle s'annonçait temps des fêtes.
On l'a écoutée à trois. La belle, la jeune belle, et moi. Ça se consommait vite. Courts épisodes et seulement 8. L'intrigue était toutefois assez peu plausible. Même si la prémisse était délicieuse (tomber en amour par les mots et non juste par les yeux) et les acteurs charmants. Beaucoup de choses étaient difficiles à avaler. NON vous ne pouvez JAMAIS couper dans une file à New York, sans que la ville vous mange tout rond. 3 ou 4 fois il a fallu suspendre nos incroyances à ce niveau. NON! un personnage qui parle de la scène à un spectateur au fond de la salle ne verra JAMAIS les 345 personnes entre les deux simplement écouter les répliques et se tourner la tête à chaque interlocutions, en silence.
Mais voilà, malgré le manque de plausibilité et l'idée que New York soit si petit qu'on tombe sur l'autre presque partout, ça m'a plu. J'ai trouvé quelque chose à quoi m'accrocher. Y avait racine d'intérêt. L'oeuvre de Salinger était accessoire à la rencontre des deux personnages. Dash c'est pour Dashiell comme dans Dashiell Hammett. New York est toujours sexy pour mes yeux. Les petits coins de NY entre autre et la pizzeria/club video me plaisait comme racoin.
Les foules, la vie d'avant, dans nos confinements de Noël, nous crevait les yeux. Malgré les nombreuses fautes de crédibilité de la série, les gens en ont fait un succès.
Tout de suite après, on écoutait le tournoi de Coupe du Monde de hockey Junior et l'absence de la bruyante foule (ça se passait au Canada) restait troublante. Et a peut-être, en partie, contribué à faire perdre le Canada en finale.
Une chose m'a aussi frappé. De tous les parents, amis qui nous manquaient, assez peu d'entre eux étaient réellement fréquentés sur les réseaux prétendus sociaux. Donc, de nous diriger si longtemps vers le y-a-pas-si-longtemps-terrible écran de nos téléphones ou du portable ou du Ipad, ne nous rapprochait absolument pas de nos amis davantage.
La nuit du 31 décembre au premier, on les a en revanche presque tous croisés sur nos téléphones nous donnant l'impression d'être tous ensemble. Seuls. Ensemble.
La perte des interactions sociales de la (presque) dernière année explique en partie la croissance grandissante et l'explosion de théories conspiratoires. QAnon n'aurait jamais mûri sans l'internet. Un président a beaucoup trop existé sur le net. Il était presque tout faux. Beaucoup de recherches confirment, depuis toujours, que si vous discutez exclusivement avec des gens qui ne pensent que comme vous, ça vous éloigne de plus en plus de tout autre type de pensée. Qu'en fait, pensant vous regrouper, vous vous isolez.
Et l'isolation, c'est le puits des cultes, des sectes et du terrorisme.
Il est encore important de dire sur un ton moqueur que non, vous n'irez jamais voir un film de superhéros à votre collègue de travail qui lui vous dira qu'il n'irait pas voir un film français où on ne fait que parler à table. Mais que ça ne sera jamais grave pour ni l'un ni l'autre. Les humains sont construits, selon ce que ma race de martiens a étudié, pour grandir ensemble. Soustrayons trop longtemps ce besoin et certains ne trouvent même plus les repères pour simplement vivre normalement.
Je me suis surpris à refuser de faire quelques commissions parce que je n'avais pas anticipé de file là où j'allais. Aller acheter des ampoules a pu prendre deux semaines. Certains ne le feront pas du tout. J'ai entendu une femme dire qu'elle ne prenait plus sa douche parce qu'elle n'arrive pas à aller acheter un rideau de douche sans que ça prenne une heure et demie de file. Qu'elle ne veut plus faire. Deuil d'hygiène.
La décadence des corps est commencée avec toutes les chirurgies retardées.
Avec l'espoir des vaccins, et surtout l'histoire de la pandémie de 1918 qui avait été suivie des années 20, qu'on avait alors appelées Les Années Folles tellement elles étaient peuplées de plaisir, de fêtes, d'explorations de toutes sortes et de bonheur, il faut croire que l'absence d'interactions actuelle n'est qu'une pause avant les partys fous qui suivront.
Pour tous les bals avortés. On se fera un ostie de gros party. À la Gadbsy ou à la Sorentino.
Finissants par finissants.
Si nous étions un pays de gens seuls avant la pandémie, nous serons une grappe de gens tellement heureux d'être ensemble par la suite qu'on parlera peut-être des années de débuts de fabuleuses amitiés.
"I think this is the beginning of a beautiful friendship" disait Humphrey au Maroc.
Même si l'intrigue ne nous semble pas toujours plausible, que les choses nous semblent difficiles à avaler, faisons de tout ça un succès. Couper dans la file dans laquelle j'attendais ne me dérangera plus. Au moins, on aura une file choisie.
Présentement on ne fait que semer nos années folles.
Goofy: "C'est moi où il a encore le cerveau mou, Hunter Jones?"
Mickey: "Il essaie de rester positif avec ce 2020 qui traîne trop jusqu'en 2021."
Goofy: "2020, 2020, ce ne sont que des chiffres, on a 1977 d'épinglé dans le dos. et on est pas malheureux"
Mickey: "Justement, dans le dos.. Eux se plaignent de ce qu'ils ont trop dans la face".
Goofy: "Ils n'ont qu'à tourner le dos aux consignes!"
Mickey: "Il est justement là le problème, Goofy, c'est le coeur du problème"
Goofy: "C'est tellement plus simple d'être un personnage de BD, finalement"
Mickey: "Mes pulsions sexuelles ne sont pas d'accord"