2h12 AM, mercredi matin.
Le cauchemar appréhendé devient réel. Il est bien là. Le président Troll se penche sur son micro et fabrique de toute pièce son fait alternatif. Bien que l'issu du vote soit non solutionné, il déclare victoire et dénonce les efforts, connus depuis des mois et légaux, de compter la suite, soit les votes par correspondances. En Pennsylvanie, où Trump domine par 354 000 voix, on pourrait penser que c'est insurmontable, mais le vote par anticipation/correspondance Pennsylvanie se chiffre autour de 3 millions de votes. Trump, sans preuves aucunes, dénonce ce comptage légal comme étant une "fraude".
L'histoire du roi fou sera dans la narration de celle des États-Unis d'Amérique. La fin approche. Il la refuse. Il crie à la corruption. Comme si le loup se plaignait du bec du Coq. Dans la désillusion sénile, il nie la vérité. Avant même de perdre, il lançait que la seule raison pour laquelle il pourrait perdre était que si il y avait fraude, Plantant toujours, ce fait alternatif. Une tête équilibrée sait qu'il y aura un gagnant et un perdant. C'est tout. Mais les États-Unis ont maintes fois prouvé leur déséquilibre. Et si Biden gagne (au moment d'écrire ceci, il est bien parti mais il lui manque encore 23 grands électeurs), il faudra recoudre la grave fracture sociale qui sévit aux États-Unis. Il n'y aura pas eu de raz de marée. Les États-Unis seront plus que jamais les États-Divisés.
Je remarquais que j'avais écrit, sur un site lié à mon job de bureau, Je suis un Homme bien dans un monde mal. Aux États-Unis, ils sont des millions à non seulement pouvoir penser la même chose, mais aussi à côtoyer ce mal dans les rues. Dans les chaumières. Sans masques.
Trump promet les tribunaux. C'est une route improbable. Qui, en fait, ne sera jamais considéré comme pertinente. Aux États-Unis, les juges ont une couleur politique. Dénaturant à 100% leur métier. Et vous croyez que 6 juges républicains. à la Cour Suprême, voteront contre leur président? Les juges Démocrates ne sont que 3 au même poste.
Le président troll a aussi lancé cette idée si absurde que j'ai d'abord cru l'avoir rêvé. Il voulait, très sérieusement, arrêter le comptage des votes une fois les bureaux de votes fermés, là où il était en avance, et peut-être par là où était tout près de rattraper Biden...
L'ABC de la fraude.
Le souvent délicieux animateur télé Bill Maher a fait cette liste cette semaine:
Pour une bonne dictature:
-Placer son nom partout sur les immeubles (check!)
-Placer sa propre famille dans des poste importants qu'ils ne méritent pas (check!)
-Tenir des rallies épeurants devant des foules épeurantes (check!)
-Menacer de mettre en prison ses opposants (check!)
-Faire des démonstrations de force sans réelles raisons de le faire (check!)
-Suggérer d'être président à vie (check!)
-Y faire un important gain financier personnel (check!)
-Avoir de l'estime et du respect pour les autres dictateurs (check!)
-Mentir à outrance (supercheck!)
Je rajouterais personnellement; Nier la vérité, nier la défaite (check!)
La désorientation doit être totale chez les Étatsuniens. Alors qu'on annonçait une reprise du bon sens et un vrai politicien gagnant facilement, la lutte aura été très très serrée. Ils ont dû regarder les résultats du vote se déployer comme on déploierait l'image d'un monstre dans un miroir. Trop de ce pays n'est pas du tout comme il pensait l'être. Ou même espère être.
Osip Mandelstam, poète Russe. en 1933, décrit fameusement l'état mental que bien des Étatsuniens on dû resentir entre mardi soir et maintenant.
L'Épigramme de Staline
Nous vivons sans sentir le pays sous nos pieds. Nos discours sont inaudibles, sans portées. Nous sommes assez pour se joindre en cours de conversation. Les péquenauds du Kremlin sont notre préoccupation. Ce sont des vers visqueux, ses doigts gras. Ses mots solides qui ont du poids.
La brute avec cette chose presque vivante sur la tête aura été l'obsession commune et la grave réalité des 4 dernières années. Bien qu'il déchire son propre pays, il l'oblige à se parler.
Composé d'une équipe de loubards aux cous de poulet. Il jouit des honneurs que lui servent des moitiés d'hommes. Un siffle, l'autre miaule, un troisième pleurniche. Il plante son doigt et ça fait boom. Il forge ses décrets à coups de sabots. Parfois dans l'entre-jambe. Parfois dans le front. Parfois dans les sourcils. Parfois dans les yeux.
Le gouvernement comme un agresseur. Familier?
Les exécutions roulent sur sa langue comme les fruits sauvages. Il souhaite se faire embrasser comme le plus grand des amis, de retour chez lui.
Il est entendu que ce poème a probablement coûté la vie à son auteur. Arrêté en 1934, puis décédé dans un goulag 4 ans plus tard.
Ce poème, 87 ans plus tard, est toujours pertinent. L'impression de vivre dans un pays inconnu auprès de gens qu'on comprend encore moins.
Bien des Étatsuniens ont dû le resentir entre mardi et maintenant.
Et continuerons le faire. On les trouvait étranges et complexe les gens des États-Unis.
C'est pire.
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