samedi 11 juillet 2020

Osez Aider

Je ne suis pas fan de Safia Nolin.

Son talent artistique ne me séduit pas du tout. Mais quand on l'a attaquée sur sa tenue vestimentaire au gala des prix de la musique, tout le monde a dérapé. Le chic des galas est souvent beaucoup plus ridicule que le manque d'effort absolu pour tenter d'avoir l'air "unique". Elle l'était unique. Elle gagnait le prix de la révélation de l'année. Et sa tenue vestimentaire ne regardait personne sinon elle. Quand les gens, hommes comme femmes, cesseront-ils vraiment de parler du linge des autres? Bien entendu, ça a fini par déraper sur son corps. Ce qui ne regarde jamais personne non plus. C'est devenu méchant. Jusque là, je n'aimais pas l'artiste, mais j'appuyais tous ceux et celles qui disaient de fermer sa gueule à la galerie de journalistes et de commentateurs de partout qui trouvaient qu'elle manquait de classe ou de décorum. On joue pas au golf. On est pas au Palais de Buckingham. On fait de la musique!

Et décorum ça rime toujours avec rectum.

Puis, Safia a parlé. On lui avait reproché son "parlé" aussi. Son juvénile mais spontané "fuck, j'ai dit fuck" en direct à la télé, recevant son prix. Propos qui moi, et tant d'autres, avait fait rire. Safia s'est exprimé sur les (toujours gauches) médias sociaux et a crié aux critiques de sa tenue vestimentaire que c'était DE L'INTIMIDATION!. En grosses lettres, comme ça.

Bon...Non. Tu peux choisir de le recevoir comme ça, mais t'as pas fini, t'es une artiste, tu es perpétuellement nue face aux critiques. Tu proposes toujours des choses que personne n'exige de toi. C'est le propre de l'artiste. Chaque fois, les gens ont le droit de crier chouuuu!

L'intimidation c'est pas complètement ça. C'est pas tout le temps quand on se sent attaqué.
Même si George Bernard Shaw a déjà dit que patriotisme, opinion publique, devoir parental, discipline, religion, morale, ne sont que de jolis noms pour dire intimidation.
Ça démontrait un jugement douteux de Safia.

Jugement que j'ai requestionné cette semaine dans sa dénonciation de ce que MariePier Morin lui a fait comme agression en mai 2018. Comprenez moi bien, il faut dénoncer et il faut aussi beaucoup de courage pour le faire, rien à redire là-dessus. Mordre la cuisse de quelqu'un et lui suggérer, "chaudasse" ou très certainement intoxiquée, des jeux érotiques en roucoulant, ça peut être bouleversant. Je ne doute pas qu'elle ait été bouleversée et marquée, au sens propre comme au figuré, par Morin. Mais encore, la manière de révéler m'a agacé.
Par Instagram? Vraiment?

Je peux comprendre que, femme, lesbienne, en partie Arabe, elle n'eût pas senti qu'elle avait une seule chance avec la justice. Mais par Instagram, ça laissait beaucoup de gens dans la marge. Heureusement, ça s'est rendu à tous quand même.

Et une fille vivant en partie des mots, faire autant de coquilles...Je devine qu'elle a crié au "meurtre" et non "au neutre" quand Morin lui a mordu la cuisse, mais voyez, trop lui reprocher la chose serait encore de se plaindre de sa manière de s'exprimer, et nier aussi qu'écrire ce qu'elle a écrit a dû lui arracher le coeur. Ça prenait une certaine bravoure. Elle a certainement écrit très bouleversée, revivant tout ça.
Et je le répète, le message doit être clair: homme surtout, mais femme aussi, on abuse pas du corps des autres en aucun temps sans le consentement de l'autre. TOUT est dans le consentement. Safia n'en offrait pas à MariePier. 
Mais dans la manière Nolin, elle a mêlé plusieurs choses. Qui n'étaient pas seulement "MariePier m'a agressé et je ne vis pas bien avec ça", mais qui étaient aussi "voyez comme celle que vous trouvez sympathique est déplorable, elle est aussi capable de propos racistes".

Il y avait désordre dans ses idées. Mais ironiquement, on redresse aussi l'ordre dans les relations humaines en en jasant, de tout ça.
Je ne suis pas fâché de voir Morin et Adamus en payer le prix, car ce qu'ils ont fait est condamnable. Et c'est ce qui a été fait. Ça a été condamné. Il est nécessaire de justement faire de l'ordre dans nos comportements les uns envers les autres et de comprendre la notion du désir à deux, jamais seuls.

Mais bon, sa manière de cracher tout ça me l'a encore placée dans la zone du jugement douteux. Et une victime d'agression, on ne veut pas douter de son jugement.

Morin a perdu ses payants contrats de publicités. Sévère mais mérité.

Je vous ai parlé d'Adamus. C'est Bernard. Bernard Adamus. Dont j'ai tant aimé les 4 albums, surtout le premier qui nous faisait le découvrir. Adamus a eu des comportements répréhensibles sexuellement contre des femmes qui ne voulaient pas de lui comme ça, et il l'a reconnu. Il s'en est excusé et dit travailler sur la chose. Sa compagnie de disque, Dare to Care, l'a laissé tomber. Le patron de Dare To Care, qui a avoué avoir été au courant de trop de choses pour ne pas se reprocher lui-même de ne pas avoir réagi, a choisi de se retirer de son poste de patron, aussi. Se jugeant complice en quelque sorte, par son inaction.

Mais Dare to Care, c'est aussi l'étiquette qui avait les Soeurs Boulay sous leur aile. Celles-ci ont choisi d'aller faire valoir leur talent ailleurs. Plus tard, ce même jeudi, Coeur de Pirate, aussi sous la houlette de cette maison de disque, quittait la barque.
Yann Perreau a été largué par son étiquette suite à des accusations du même genre, étiquette qui est aussi l'étiquette de Safia Nolin.

David Desrosiers, bassiste de Simple Plan, a quitté le groupe, présenté ses excuses et dit travailler sur lui-même, hier. Suivant de claires accusations du même ordre.

Fanny Bloom, Émile Bilodeau, Kroy sont aussi des artistes sous l'étiquette Dare to Care. Personne n'exige que ces artistes quittent le navire également. Mais je trouve ironique que le nom de la compagnie de disque eût été Dare to Care.

Osez Aider.

C'est justement ce que demandent (gauchement peut-être) Safia Nolin et ses gens moins connus qui ont dénoncé récemment sur les réseaux sociaux des agressions contre leur personne.

Ils le demandent à nous, humains de la planète terre, soumis au désir de l'autre.

Aider à comprendre le désir à deux.
Parlons-en autant comme autant. Mais parlons-en du consentement.

Le désir se vit à deux.
Pas ressenti tout seul dans sa culotte.
Sans jugeotte.

Pour le vivre tout(e) seul(e). T'impliques juste le corps de ta personne.

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